En Ukraine, des soldats s'inquiètent de la tournure des événements et pointent un problème en particulier: "Les choses vont mal"
L’inquiétude grandit en Ukraine alors que les Russes semblent reprendre l’avantage.
- Publié le 15-01-2024 à 17h42
Cela va bientôt faire deux ans que l’Ukraine résiste. Deux ans que les hommes de Zelensky tentent coûte que coûte d’empêcher les Russes de pénétrer davantage sur leurs terres. Avec plus ou moins de succès. Mais ces derniers mois, la situation semble se dégrader pour les Ukrainiens. Après l’échec de leur contre-offensive, ces derniers éprouvent de plus en plus de difficultés à repousser les nombreuses attaques ennemies. Le manque de munitions et le déclin du soutien occidental penchent clairement dans la balance. Mais un autre aspect semble particulièrement poser problème à l’Ukraine : le nombre de combattants. Les lourdes pertes sur le front affaiblissent les rangs et le pays a beaucoup de mal à trouver des remplaçants.
”Nous devons améliorer le processus de recrutement dans l’armée, mieux communiquer avec la population pour accentuer la motivation”, confie Kyrylo Boudanov, chef du service de renseignement militaire ukrainien, au journal Le Monde. “Nous connaissons malheureusement des problèmes dans ce domaine, il faut l’assumer, on le voit aux polémiques actuelles sur la prochaine loi de mobilisation. La guerre a commencé il y a dix ans (dans le Donbass, ndlr), l’invasion à grande échelle depuis 2022, la fatigue se manifeste tant au niveau individuel que dans la société. Je ne critique pas, le phénomène se comprend.”
Le problème des "ivrognes"
Sur le terrain, le constat est tout aussi inquiétant. Interrogé par le New York Times, un soldat rapporte qu’au manque de recrues s’ajoute l’incompétence des nouveaux arrivés, souvent plus âgés et mal formés. Pour illustrer son propos, l’Ukrainien – qui a tenu à témoigner sous le couvert de l’anonymat – montre une vidéo à nos collègues américains. Sur l’écran, apparaît une séance d’entraînement “compliquée”. Une nouvelle recrue, visiblement sous l’emprise de l’alcool, tient difficilement debout. Ses instructeurs aident comme ils peuvent l’homme d’une cinquantaine d’années pour qu’il reste sur ses jambes et s’entraînent à tirer. “Trois recrues sur dix ne sont pas meilleures que des ivrognes qui se sont endormis et qui se sont réveillés en uniforme”, raconte le soldat qui dévoile les images au New York Times.
L'homme n'est pas le seul à tirer la sonnette. “Les choses vont mal”, avoue un autre membre des forces armées ukrainiennes. Au point d’imaginer perdre la guerre ? “Nous pouvons arrêter les Russes provisoirement, mais qui sait”, conclut-il. “Demain ou après-demain, nous ne pourrons peut-être plus le faire. C’est vraiment un gros problème pour nous.”