Frederik Van Lierde participe à son 10e Ironman de Hawaï : "Je veux revivre cette extase"
Frederik Van Lierde fête sa 10e participation à Hawaï, qu’il a remporté en 2013.
- Publié le 12-10-2017 à 10h17
- Mis à jour le 12-10-2017 à 11h22
Frederik Van Lierde fête sa 10e participation à Hawaï, qu’il a remporté en 2013.
2008-2017 : Frederik Van Lierde fête donc, cette année, sa dixième participation à l’ Ironman d’Hawaï.
Le champion du monde 2013 est arrivé à Kona, samedi dernier, en provenance de Scottsdale, dans la banlieue de Phoenix, où il a peaufiné les derniers détails de sa préparation comme le pro qu’il est. "J’ai quitté la Belgique le 26 septembre ! Il y a cinq ans déjà que je passe par l’Arizona où les conditions climatiques sont sensiblement les mêmes qu’à Hawaï. J’y digère les neuf heures de décalage horaire et je m’y adapte à la chaleur. Je peux m’y entraîner dans le calme, sans stress, parce que, dès que vous débarquez à Kona, c’est l’effervescence. Je sais que d’autres, comme Frodeno et Kienle, arrivent avant moi et roulent ou courent déjà sur le parcours, mais je préfère ne pas être soumis trop tôt aux sollicitations. La semaine précédant l’événement, j’ai quelques obligations en tant qu’ancien vainqueur avec la presse et les sponsors, notamment. Mais je ne tiens pas à y perdre ma concentration."
On appelle ça l’expérience et Frederik n’en manque pas. À 38 ans, le Flandrien est déjà passé par toutes les émotions sur l’ Ironman d’Hawaï, une épreuve qu’il a mis cinq ans à apprivoiser. "J’ai commencé par un abandon en 2008, puis j’ai terminé 34e et 14e avant d’être encore contraint de m’arrêter en 2011. Ensuite, j’ai connu deux superbes éditions, avec une troisième place en 2012 et, bien sûr, ma victoire en 2013. Vous ne pouvez imaginer ce que j’ai ressenti, cette année-là, en franchissant la ligne d’arrivée ! C’était comme une libération. J’ai atteint mon objectif suprême au terme d’une journée où tout s’était bien passé. Car vous avez beau être aussi bien préparé que vous voulez, une victoire, voire un podium, à Hawaï, dépend de nombreux facteurs. La météo, bien entendu, avec la chaleur. Et le vent, absolument déterminant pour la tactique. Et puis, il faut être concentré pendant huit heures, ne pas commettre d’erreur. Mais c’est pour revivre un moment comme celui de 2013 que je continue ! Je veux à nouveau ressentir cette extase, même si elle est déjà en moi pour toujours."
Marié à Sofie et père de deux enfants, Aaron (13 ans) et Simon (10 ans), Sportif d’Élite à la Défense, Fred a pourtant pris, tout récemment, une grande décision concernant sa carrière sportive. "Effectivement ! J’ai décidé que 2020 serait ma dernière saison. J’aurai, alors, 41 ans… Je me suis donc laissé encore quatre chances de gagner Hawaï. Ensuite, je me vois bien devenir entraîneur ou coach. Je dispose d’un diplôme en éducation physique qui pourrait me servir. Et puis, je peux aussi continuer ma carrière militaire, même si je ne suis que caporal. Avec tous mes résultats, si j’avais été américain, je serais général."
Sur l’armée belge, Frederik plaisante, bien entendu, mais il n’est finalement peut-être pas très loin de la vérité dans notre pays où son sport est bien trop peu reconnu à sa juste valeur quand on voit les efforts exigés…
Plus de 200 jours par an à l’étranger
Le Flandrien profite des vacances scolaires pour emmener sa femme et ses enfants.
Que ce soit en France, à Font Romeu, ou en Espagne, Frederik Van Lierde passe entre 200 et 220 jours par an à l’étranger pour s’entraîner. Sans compter les compétitions comme l’Afrique du Sud et, bien entendu, Hawaï pour lesquelles il quitte Menin plusieurs jours, voire plusieurs semaines, à l’avance.
Marié et père de famille, Fred est souvent absent de la maison… Pas trop dur ? "Non, parce que ma petite famille passe la moitié de ce temps, en stage, avec moi. Avec Sofie, mon épouse, nous nous organisons et profitons des vacances scolaires pour joindre l’utile à l’agréable. Mes deux fils, Aaron et Simon, nous accompagnent souvent."
En revanche, ils ne sont pas présents à Hawaï. "Non ! Ils ne peuvent plus manquer l’école. Ils suivront donc l’épreuve sur Internet avec mes parents. Mais Sofie m’accompagne, tout comme mon frère, Vincent, et mon masseur, Marc Verkindere. Et puis, il y a mon coach, Luc Van Lierde, celui à qui je dois d’être triathlète."
Racontez-nous ça… "À la base, j’étais un nageur de bon niveau national sur 50 et 100 m libre. Mais c’est en voyant Luc gagner Hawaï, en 1996, que j’ai décidé de passer au triathlon. C’était début 1997. Il y a donc vingt ans déjà."
Avec sa dixième participation à Hawaï, un autre anniversaire à fêter à Kona !
"Je ne suis aucun régime"
Avec son 1,84 m et, surtout, ses 70 kg, Fred est dans la forme de sa vie.
Quand on le voit sur les photos prises ces derniers jours, on ne peut s’empêcher de penser que Frederik Van Lierde est fit .
Avec son 1,84 m et ses 70 kg, le Flandrien est dans la forme de sa vie. "70 kg, c’est, en effet, mon poids de forme ! Mais je ne monte généralement jamais au-dessus de 74 kg. Et pourtant, je ne suis aucun régime. Je mange normalement. Je bois même souvent un verre de vin, le soir. Compte tenu de mes entraînements, j’ai besoin de 5.000 à 6.000 calories par jour. Donc, je m’autorise tout, mais je n’exagère jamais ! Disons aussi que je veille quand même à ne pas manger ou boire n’importe quoi six semaines avant Hawaï, mon véritable objectif de l’année. J’arrête le Coca, par exemple…"
Et pendant toute l’épreuve ?
"Alors là, c’est tout un programme ! L’estomac est presque aussi important que la tête ou les jambes sur un Ironman, surtout à Hawaï où la chaleur et l’humidité atteignent des sommets. À vélo et à pied, je bois deux bidons de 750 ml par heure. De l’eau avec 80 grammes de sucre et 2 grammes de sel parce que j’en perds pendant l’effort. C’est pourquoi il faut être concentré, ne pas manquer un ravitaillement comme ce fut le cas il y a deux ans. J’en avais manqué plusieurs par précipitation et je l’ai payé très cher."
Fred avait, en effet, agonisé au 30e km de son marathon, étant obligé de marcher et terminant finalement 25e de cette édition 2015. Un souvenir pénible !
Le plus en 2017 : "D’excellents chronos à Vichy"
"Sur les six épreuves que j’ai disputées cette année sur le circuit Ironman , le Demi de Vichy est celle où j’ai éprouvé les meilleures sensations. Avec 2h02 pour 90 km à vélo et 1h13 pour 21 km à pied, j’y ai signé d’excellents chronos pour moi qui suis un pur spécialiste des longues distances. Nice est également un bon souvenir sur le plan plus émotionnel puisque j’y ai gagné pour la quatrième fois devant un formidable public. Ce jour-là, je me suis senti très apprécié par les nombreux spectateurs sur la promenade des Anglais, même si ce ne fut pas une promenade pour moi par cette chaleur."
Le moins en 2017 : "Laissé pour mort en Afrique du Sud !"
"Mon pire souvenir de la saison est, bien entendu, l’agression dont j’ai été victime à Port Elizabeth, la semaine précédant l’ Ironman . Quatre jeunes me sont tombés dessus alors que je m’entraînais à vélo. Je suis lourdement tombé. Puis, ils m’ont frappé à la tête et j’ai perdu connaissance. Ils m’ont laissé pour mort ! Tout ça pour une paire de lunettes et un iPhone alors qu’ils ont laissé mon vélo… Je pense qu’ils n’avaient pas idée de sa valeur, mais peut-être auraient-ils été identifiables. J’ai souffert de violents maux de tête pendant trois semaines. Sans parler de la course où j’ai terminé septième…"
Son année 2016 : "Une pénalité très injuste"
En 2016, Frederik Van Lierde s’est classé dixième, en 8h21.59, battu de huit secondes, au sprint, par l’Espagnol Rana pour la neuvième place. "À Hawaï, chaque place se gagne. Mais, là, j’ai perdu à cause d’un arbitre trop zélé. J’ai écopé d’une pénalité injuste, la première de ma carrière, à 37 ans." Si bien qu’au km 50, le Flandrien s’est retrouvé avec une demi-douzaine de concurrents sous la penalty tent. "Cinq minutes semblent une éternité, d’autant qu’avec un groupe de tête où les gars roulent à quelques secondes d’intervalle, vous avez l’impression de tout perdre. Soyons clairs : je n’aurais sans doute pas pu disputer la victoire à Frodeno ou à Kienle, mais j’avais le Top 5 dans les jambes et cet arbitre m’en a privé avec cette stupide pénalité."