Legear: le retour de l'oublié au Standard
Face à Malines, Jonathan Legear a prouvé qu’il valait mieux qu’un statut de roue de secours.
- Publié le 02-03-2017 à 10h34
- Mis à jour le 02-03-2017 à 10h37
Face à Malines, Jonathan Legear a prouvé qu’il valait mieux qu’un statut de roue de secours. Lorsque, le 3 janvier dernier, le Standard a communiqué la liste des vingt-six joueurs appelés à prendre part au stage hivernal, personne ne s’attendait à y retrouver le nom de Jonathan Legear. Pas parce que les qualités du droitier étaient remises en question mais tout simplement parce qu’il n’avait plus été repris dans une sélection d’Aleksandar Jankovic depuis le 15 octobre et un déplacement à Courtrai. "Il est important car il représente un bon exemple pour nos jeunes. En ce moment, nous avons bien besoin de ce profil dans le groupe. Jonathan est quelqu’un d’attachant, avec beaucoup d’humour", disait, en substance, Olivier Renard en début d’année.
Les qualités humaines du joueur de vingt-neuf ans ne sont plus à démontrer, à un point tel que le Liégeois est, aujourd’hui, considéré comme un modèle de professionnalisme dans le vestiaire. Les occasions de tout lâcher ont pourtant été nombreuses, notamment à cause d’un temps de jeu bien trop faible (169 minutes de jeu, toutes compétitions confondues).
Depuis le début de cette saison, il n’a été convoqué que dix fois lors des trente-six matches disputés par le Standard, alors qu’il n’en a manqué que huit pour cause de blessure. Pourquoi a-t-il donc été snobé dix-huit fois par Yannick Ferrera et Aleksandar Jankovic ?
Il ne faut pas déceler une mauvaise entente avec son entraîneur actuel car, selon les proches du joueur, le technicien serbe lui a plusieurs fois montré qu’il croyait en lui. "Il a montré aux jeunes comment il fallait jouer", a même dit le coach après le match face à Malines.
Une rumeur, en bord de Meuse, prétend que ses relations, pour le moins froides, avec son ancien agent, Christophe Henrotay, ne l’auraient pas aidé à gagner une place dans l’équipe. Des supputations car aucune preuve n’a jamais appuyé cette thèse.
La concurrence est certainement une explication davantage valable. La saison dernière, Matthieu Dossevi et Edmilson ont souvent occupé les deux places sur le flanc, sans que cela constitue, pour qui que ce soit, une aberration. Cette année, par contre, l’international togolais n’a jamais retrouvé son vrai niveau, Isaac Mbenza a rarement fait la différence et Benito Raman a plusieurs fois été freiné par des petits pépins physiques. Mais, même à ce moment, Jonathan Legear n’a pas été rappelé, des joueurs comme Beni Badibanga lui étant préférés. Avec ce qu’il a montré dimanche dernier, on se dit que c’est certainement un gâchis…
Un proche nous raconte comment vit le nouveau Jonathan Legear
Devenu plus discret dans la presse, Jonathan Legear reste ambitieux. Bien entendu, il ne rêve plus d’un transfert dans une grande compétition européenne, bien content d’avoir retrouvé ses habitudes liégeoises et de voir grandir son fils tous les jours. "Mais il n’a pas perdu ses qualités. Dribbler, centrer : personne ne pourra lui enlever ses capacités. Quand il a le ballon, on sent encore que tout le stade s’enflamme, comme cela était déjà le cas lors de ses meilleures années à Anderlecht. Les supporters l’aiment beaucoup, il signe un tas d’autographes après les entraînements", nous dit un ami proche.
Cette sagesse s’est traduite par une plus grande patience. Habituellement, un joueur explose lorsqu’il est écarté durant deux ou trois mois de l’équipe. "Mais cela n’a pas été son cas. Il n’a jamais manqué un entraînement. Lui n’a aucune intention de se disputer avec quelqu’un du club et il continue à travailler", poursuit-il. "Personnellement, je pense que le Standard serait mieux classé aujourd’hui si Jonathan avait eu l’occasion de monter plus souvent au jeu lors des mois de novembre et décembre. Face à Malines, il a quand même été concerné de près par six ou sept opportunités alors qu’il n’avait plus joué si longtemps depuis très longtemps. Même ses équipiers ont parfois eu du mal à comprendre pourquoi il avait si peu de temps de jeu."
Lâché par les soucis physiques, le droitier aurait en effet pu prétendre à davantage de présences sur la pelouse. "Après les entraînements, il reste à l’Académie pour s’étirer, prendre des bains d’eau froide. Il fait beaucoup plus attention à son corps qu’avant, mais c’est logique : on n’est pas le même homme à vingt-neuf ans qu’à dix-neuf. Il ne sort plus en boîte, le plus important pour lui est de passer un maximum de temps avec sa famille."
Il est décisif toutes les 171 minutes
Depuis son retour en bord de Meuse, Jonathan Legear a disputé, toutes compétitions confondues, 858 minutes de jeu. Un temps de jeu famélique qui ne l’a pas empêché de faire la différence à plusieurs reprises pour ses couleurs. Si, lors de sa première saison, son but sur la pelouse de Courtrai n’avait, au final, pas servi à grand-chose (1-3), ses réalisations face à Anderlecht, Waasland-Beveren et Westerlo ont ramené sept points au Standard, sans même parler de sa passe décisive lors d’une victoire à Zulte Waregem (3-2).
L’ailier liégeois a donc été impliqué directement dans cinq buts du Standard, ce qui, en 858 minutes, fait de lui un élément décisif toutes les 171 minutes. Soit un match sur deux, ce qui est une statistique intéressante pour un élément qui s’est souvent contenté de bribes de matches.
Lorsqu’il est sur la pelouse, Jonathan Legear est aussi un porte-bonheur sur le plan comptable. Avec lui, le Standard empoche cinquante pour cent des points avec neuf succès, six nuls et sept défaites. Un pourcentage nettement supérieur à celui de l’équipe dans son ensemble…
Non, Legear n’a pas pris dix kilos…
Il y a deux semaines, lors de sa montée au jeu sur la pelouse de Waasland-Beveren, Jonathan Legear avait directement agité les réseaux sociaux. Plusieurs supporters, et détracteurs, le soupçonnaient d’avoir pris quelques kilos. Ces mêmes bruits ont résonné, dimanche dernier, face à Malines.
Dans sa vareuse, il est vrai que le droitier semble avoir gagné un certain embonpoint mais, à vrai dire, il n’en est rien. Toutes les semaines, les joueurs du Standard doivent passer sur la balance et reçoivent une amende s’ils ne respectent pas les consignes du staff médical. Si Jonathan Legear avait dérogé à cette règle, il n’aurait eu aucune chance de disputer deux des trois derniers matches du club. Le joueur affiche le même poids (76 kilos) depuis de nombreuses années et accorde, selon ses proches, une vigilance toute particulière à son alimentation.
Ces railleries sont, avant tout, liées à une morphologie bien spécifique (des hanches larges, notamment).