Venanzi dans le vestiaire à la mi-temps: Qu'en pensent trois anciens coaches?
Bruno Venanzi a tenté de remobiliser ses joueurs à la mi-temps de Malines. Un acte pas vraiment appuyé par trois anciens coaches.
- Publié le 28-02-2017 à 07h56
- Mis à jour le 28-02-2017 à 14h22
Bruno Venanzi a tenté de remobiliser ses joueurs à la mi-temps de Malines. Un acte pas vraiment appuyé par trois anciens coaches. Dimanche après-midi, la deuxième mi-temps du Standard a été bien plus consistante que la première. Sans pour autant atteindre un niveau incroyable, le club liégeois a montré un petit peu plus de caractère et d’envie que lors des quarante-cinq minutes initiales. Certes, la montée de Jonathan Legear, auteur d’une bonne frappe enroulée et de plusieurs centres dangereux, n’est pas étrangère à ce réveil. Mais le passage de Bruno Venanzi dans le vestiaire n’est-il pas une autre explication valable ? Le président, accompagné par Olivier Renard, a dit quelques mots à ses joueurs, un discours de "motivation et de rage de vaincre", laisse-t-on savoir à l’intérieur du club, même si Aleksandar Jankovic a laissé entendre que son supérieur n’avait pas immédiatement parlé aux joueurs.
Ce fait reste assez rare dans le paysage footballistique belge. Ce n’est bien entendu pas la première fois qu’un président entre dans un vestiaire mais le faire à la mi-temps d’une rencontre constitue pratiquement un fait unique. "Cela ne m’est jamais arrivé", nous disent en chœur Emilio Ferrera et José Riga. "Cela s’est passé une fois, lors de mes débuts à Lokeren, mais j’avais donné ma permission avant que le président ne fasse son entrée", ajoute Aimé Anthuenis.
Dans les faits, l’initiative du président a plutôt porté ses fruits vu que le Standard a montré un visage quelque peu plus conquérant lors de la deuxième période. "Le club appartient au président et il a donc ses propres règles", dit Emilio Ferrera. "Dans une entreprise classique, un PDG peut entrer dans le bureau de son directeur s’il l’estime nécessaire. Et il ne doit pas demander la permission au préalable."
Ce comportement peut laisser place à de nombreuses interrogations. Théoriquement, le vestiaire appartient au staff sportif et aux joueurs. Un président a-t-il sa place dans un tel endroit, à un moment si stratégique ? "Un propriétaire confie les rênes de son équipe à quelqu’un et c’est donc qu’il lui fait confiance. Il est important que chaque employé conserve ses responsabilités. Le vestiaire, c’est le territoire de l’entraîneur", analyse José Riga.
"C’est le coach qui doit préparer ses hommes, leur donner les bons conseils. Pas quelqu’un d’autre", ajoute Aimé Anthuenis.
La présence du président peut également augmenter la pression sur les épaules des joueurs. "Bruno Venanzi a injecté beaucoup d’argent dans le Standard, il est normal qu’il soit un tantinet nerveux quand il voit son équipe ne pas se donner à cent pour cent alors que la réception de Malines s’assimilait à un match de la dernière chance", soutient l’ancien entraîneur à succès d’Anderlecht.
"Et les footballeurs sous contrat dans les grands clubs sont habitués à évoluer avec de la pression. Cela ne peut donc entrer en ligne de compte", reprend José Riga.
Bien entendu, il est impossible de délimiter avec précision le bienfait d’une entrée présidentielle dans le vestiaire. "Est-ce que cela a eu impact ? Si tel était le cas, tous les présidents le feraient", sourit Emilio Ferrera. "Avec mon expérience, je dirais que cela ne sert à rien. Un président doit comprendre qu’il ne doit pas embêter les joueurs lorsque les événements ne se déroulent pas comme il le souhaiterait. Ce n’est pas une action constructive car on agit sous le coup de l’émotion. Et je ne pense pas que cela puisse solutionner un problème."
Un argumentaire corroboré par nos deux autres entraîneurs. "Arriver dans le vestiaire avant un match est bien différent. C’est déjà arrivé plus souvent et cela peut servir à galvaniser un groupe. Mais là, c’est différent", termine Aimé Anthuenis.
La seule présence de Lucien D’Onofrio impressionnait
Lucien D’Onofrio n’avait pas le titre de président du Standard mais c’était lui le vrai boss de Sclessin. Et c’est avec ce statut qu’il est descendu dans le vestiaire pendant certains matches.
C’est notamment arrivé lors de Westerlo-Standard, le 1er mars 2008. En pleine course au titre, les Rouches étaient menés 1-0 à la mi-temps. Moment choisi par Lucien D’Onofrio pour descendre dans le vestiaire visiteur du Kuipje.
"Cela lui arrive de temps en temps. Il vient et il écoute ce qui se dit sans intervenir. Mais comme ce n’est pas fréquent, sa seule présence peut faire impression sur les joueurs", avait assuré Michel Preud’homme, le coach rouche de l’époque.
Ce jour-là, cela avait porté ses fruits puisque le Standard avait inversé la tendance pour s’imposer 1-3 et, finalement, décrocher le titre.
Renard et Van Buyten l’avaient fait contre Genk
Ce n’est pas la première fois qu’Olivier Renard descend dans le vestiaire rouche à la mi-temps avec sa casquette de directeur sportif. Il l’avait déjà fait la saison passée notamment. Pas en compagnie de Bruno Venanzi mais de Daniel Van Buyten.
Il y a presque un an jour pour jour, le 5 mars 2016, les deux conseillers du président étaient descendus dans le vestiaire rouche à la mi-temps de Standard - Genk. Mal embarqués dans la course au Top 6, les Liégeois étaient menés 0-1 et virtuellement écartés de la course aux playoffs 1. Mais ils s’étaient finalement imposés 2-1 grâce à deux buts en deuxième mi-temps.
Dimanche aussi, l’intervention a eu un effet positif : la deuxième mi-temps des Standardmen a été nettement meilleure. Mais insuffisante.