De 1 à 93 ans, la DH est partie à la rencontre d'abonnés du Standard... très spéciaux
Abonné depuis 1964, Freddy Wessels est l'abonné le plus fidèle des Rouches. Il a gardé toutes ses cartes d’abonnement depuis 1969 ! À 93 ans, Lambert Bertrand est l’abonné le plus âgé du Standard. Quant à la plus jeune, elle a... un an et demi. Rencontres.
- Publié le 01-03-2017 à 15h59
- Mis à jour le 01-03-2017 à 16h00
Abonné depuis 1964, Freddy Wessels a gardé toutes ses cartes d’abonnement depuis 1969 ! Plusieurs habitués de Sclessin ont accepté de sortir de l’anonymat pour exprimer leur passion rouche : l’abonné le plus âgé (93 ans), l’abonné le plus jeune (ou plutôt le témoignage de son papa puisque l’abonnée la plus jeune a un an et demi…) ainsi que l’abonné le plus fidèle.
Ou en tout cas l’un des plus fidèles puisque le système de la fan card, adopté un temps par les clubs, a perturbé la base de données et il n’est plus possible pour le Standard de dire avec certitude qui est l’abonné le plus fidèle.
Alfred Wessels, que tout le monde appelle Freddy, est abonné au Standard depuis 1964. "Il y en a peut-être d’autres qui sont abonnés depuis très longtemps, mais moi, c’est sans interruption."
L’homme de 77 ans, domicilié à Flémalle, en a la preuve. En un rien de temps, les cartes d’abonnements s’étalent sur sa table… juste à côté d’un tapis de souris aux couleurs du club de son cœur.
"Mes préférés, ce sont ceux avec la photo d’identité", sourit Freddy. "Ces cartes sont la preuve de mon attachement au Standard. Je les ai gardées comme souvenirs. J’ai commencé la collection en 1969, mais je suis abonné depuis 1964. Avant cela, j’allais déjà à Sclessin, mais en achetant des tickets match par match. C’est mon père qui m’a transmis le virus en m’emmenant au stade. J’avais 7, 8 ans. Plus tard, j’ai vu à l’œuvre les stars de l’époque : Semmeling, les frères Nicolay, Jeck, Beurlet, etc. Mais celui qui m’a le plus marqué, c’est Roger Claessen. L’enfant terrible. En plus de son talent, de son sens du but, il incarnait l’esprit Standard si cher aux supporters."
Une mentalité qui fait parfois défaut de nos jours.
"Il y a toujours eu des mercenaires, il y en a peut-être plus maintenant. Les joueurs partent plus vite qu’avant. Il n’y a plus de joueurs attachés au club. Regardez cette photo (NdlR : il montre le poster géant offert par la DH avec l’équipe championne en 2007-2008), il ne reste que Goreux. Il fait parfois des bourdes, mais a un statut particulier à mes yeux. Pas comme Trebel… Pour moi, fidèle en toutes circonstances, voir un joueur quitter le Standard pour signer à Anderlecht, cela me dégoûte. Van Damme ? Il avait l’étiquette mauve , mais il a toujours eu la mentalité rouche…"
Les joueurs ne sont pas les seuls à être moins fidèles : tous les supporters du Standard ne sont pas comme Alfred Wessels…
"Années de titre - les plus belles - ou années noires - et Dieu sait s’il y en a eu -, je n’ai jamais hésité une seule seconde à me réabonner. On a parfois lutté contre la relégation. Heureusement, le Standard n’est jamais descendu en division 2, mais même si cela s’était produit, j’aurais repris mon abonnement. J’en connais qui, sur le coup de la déception, disent qu’ils ne reprendront plus l’abonnement… et qui sont quand même chaque fois présents. (sourire) Mais je connais aussi des supporters de la victoire. Ce ne sont pas des vrais supporters. Ceux qui ont quitté le stade après 70 minutes contre Bruges non plus. Ceux qui ont contribué aux incidents à Charleroi non plus : un supporter ne nuit pas aux résultats de son équipe…"
C’est, en effet, la base.
"Je ne peux voir qu’une dizaine de matches"
Prénom : Lambert. Nom : Bertrand. Âge : 93 ans. Particularité : abonné le plus âgé du Standard.
"Cela me fait rire", lance Bertrand Lambert, abonné en T2. "Et, en même temps, cela me fait penser à mon ami décédé le jour du premier match de la saison 2015. Il aurait tant aimé continuer à venir voir les matches."
Comment cela se passe-t-il quand vous devez venir à un match ?
"Mes petits-fils, qui sont aussi abonnés, viennent me chercher avant le match et me reconduisent chez moi après la rencontre. Quand mon état de santé le demande, je me mets dans une chaise roulante. Je n’ai pas de soucis pour accéder au stade."
Vous assistez à combien de matches par an ?
"Je ne peux malheureusement faire qu’une dizaine, toutes compétitions confondues. Cela dépend de mon état de santé et de la météo. Cela fait 5, 6 ans que je suis abonné. Je venais déjà avant, mais je prenais des tickets match par match. J’ai pris l’abonnement par facilité."
Quel regard portez-vous sur l’évolution du Standard ces dix dernières années ?
"On a perdu tout ce qui avait été acquis sous la présidence de Lucien D’Onofrio. Tout a été gâché en moins de dix ans. La dynamique est cassée actuellement. Cela se ressent au niveau des supporters. Je trouve qu’il y a moins d’ambiance qu’il y a 10 ans. Moins de tifos, moins de chants… Mais je les comprends même si j’espère qu’ils pourront redonner à Sclessin la réputation dont il jouissait avant. Les joueurs sont aussi moins proches des supporters qu’avant."
Êtes-vous confiant pour le futur du Standard ?
"Ce qui fait le succès d’une équipe, ce n’est pas seulement les joueurs et l’entraîneur. C’est un tout. C’est la dynamique que la direction instaure et le respect qu’elle impose de par sa connaissance du football mais aussi par la manière dont elle communique avec l’équipe et les joueurs. Voilà, selon moi, les ingrédients qui font qu’un club peut se battre pour être champion. Si la direction arrive à mettre cela en place, je pense que ça évoluera favorablement. Sinon, on jouera le milieu de classement."
Quelles ont été vos plus belles années en tant que supporter du Standard ?
"Les deux derniers titres car j’ai pu en profiter avec mes petits enfants… qui ne sont plus si petits. Le plus beau moment, c’est le titre contre Anderlecht avec Michel Preud’homme. Le pire ? La perte du titre contre Genk. Surtout à cause de l’événement du match, avec la blessure de Carcela. Je ne comprends toujours pas comment le joueur n’a pas été exclu. J’aurais tellement voulu que Dominique D’Onofrio remporte ce titre. J’ai une pensée pour lui !"
Avez-vous un souhait ?
"J’aimerais que le Standard me permette d’acheter mon abonnement en tribune d’honneur, en T1 , avec mes petits enfants pour avoir un accès plus facile lors des matches. Il y a un ascenseur, on peut boire un verre au chaud, etc. Si vous pouviez leur en toucher un mot, il faut bien que je profite un peu de mon statut du supporter le plus âgé." (sourire)
Un cadeau de naissance
92 ans, 3 mois et 16 jours. Voilà l’écart entre l’abonné le plus âgé et l’abonné le plus jeune. L’un a 93 ans, l’autre… un an et demi. Il s’agit d’une petite fille qui, forcément, n’a pas pris la décision elle-même et n’est pas encore allée à Sclessin. Pour en parler, nous nous sommes tournés vers son papa, lui aussi abonné, comme la maman.
"Notre fille a son abonnement depuis qu’elle est née; c’était une sorte de cadeau de naissance", explique-t-il. "Pour l’instant, elle reste avec ma femme les jours de match, ou avec un proche quand ma compagne vient au stade. Peut-être que d’ici à deux ans, quand elle aura trois ans et demi, elle vivra son premier match à Sclessin. On espère lui transmettre le virus rouche , mais si elle n’accroche pas, on ne la forcera pas et on arrêtera l’abonnement."
Il n’y a que 20 % de femmes parmi les abonnés rouches. "Mais aller à Sclessin ne se limite pas à regarder un match de foot, qui peut par ailleurs intéresser les filles aussi. C’est un lieu de rencontre, avant, pendant et après le match. On y croise des amis qu’on ne voit jamais les autres jours."
Jusqu’ici, la petite fille a plutôt fait usage de son body et de son bavoir rouches. L’abonnement, lui, sert à d’autres personnes. "C’était une opportunité. Dans certaines tribunes, ce n’est pas évident d’avoir un abonnement. Donc quand il y en a un qui se libère, on en profite. On a pris un abonnement au tarif plein pour que d’autres personnes puissent en profiter en attendant que notre fille l’utilise pour elle-même."