Loïc Vliegen: "Philippe Gilbert m’a énormément appris"
Souvent présenté comme le nouveau Gilbert, le Hervien ne s’embarrasse pas de cette étiquette.
- Publié le 14-12-2016 à 16h40
- Mis à jour le 14-12-2016 à 16h44
Souvent présenté comme le nouveau Gilbert, le Hervien ne s’embarrasse pas de cette étiquette. Dans les couloirs de l’hôtel Marriott de Denia, où l’équipe BMC a ses habitudes hivernales depuis près d’une décennie, le son des éclats de rire sur fond d’accent liégeois s’est fait plus rare en ce mois de décembre.
Le départ de Philippe Gilbert vers d’autres cieux (Quick Step Floors) a en effet laissé Loïc Vliegen (22 ans) orphelin d’un maître, mais aussi d’un ami dont il était pratiquement devenu inséparable.
"J’ai passé près de 18 mois formidables aux côtés de ce grand monsieur qui m’a énormément appris, sourit le Hervien. Nos deux familles se connaissaient de longue date puisque mon grand-père l’a vu grandir sur les courses de jeunes. Il m’a dès lors naturellement pris sous son aile et le contact est très rapidement passé entre nous. Pouvoir profiter des conseils d’un coureur avec un tel palmarès et analyser presque au quotidien sa manière d’aborder son métier a été un réel privilège. Phil , avec qui je partageais très souvent la chambre sur nos courses communes, n’a jamais cessé de me guider tant sur le strict plan sportif que pour des petites choses de la vie quotidienne. Cela me touchait d’autant plus que je sentais qu’il le faisait avec plaisir. Nous sommes naturellement moins en contact aujourd’hui, mais on se voit dès qu’il est de passage en Belgique et on continue à s’appeler. Plus qu’une relation professionnelle, notre relation s’articule sur l’amitié. Mais l’année prochaine, si mon directeur sportif me demande de rouler derrière un coup qu’aurait intégré Philippe, je n’hésiterai pas une seconde pour autant (rires) . C’est la course !"
Présenté comme le nouveau Gilbert dans l’un des raccourcis trop faciles qu’affectionne parfois la sphère médiatique, Loïc Vliegen ne s’embarrasse aucunement de cette étiquette encombrante.
" Oui, nous sommes liégeois tous les deux, évoluons pour la même équipe et trouvions sur les Ardennaises notre terrain de prédilection, mais le parallélisme s’arrête là, juge celui qui avait pris la 4e place du Samyn. Le palmarès de Philippe est tout de même assez vertigineux et très peu de coureurs peuvent avancer les mêmes arguments. Si mon tableau de chasse pouvait compter 30 % de ses succès au terme de ma carrière, je pourrais dire que celle-ci fut pleinement réussie. Je bosse au quotidien pour qu’il en aille ainsi et je verrai ce que l’avenir me réserve. Je suis encore en plein apprentissage (lire ci-dessous) et refuse de me mettre trop de pression sur les épaules mais rêve bien évidemment d’épingler un jour une grande classique. L’ Amstel me convient d’ailleurs peut-être mieux que Liège."
Couvé par le staff de la formation BMC qui croit beaucoup en lui, le Liégeois sait qu’il pourra s’appuyer sur d’autres repères en 2017. "Si j’ai besoin d’un conseil, mes directeurs sportifs sont toujours là. Greg Van Avermaet est aussi un excellent leader avec lequel je m’entends bien. Et si vraiment j’ai besoin de l’avis de Phil sur un point, il me suffit de lui passer un coup de téléphone (rires)."
Piva : "L’équipe n’est pas moins forte sans Philippe"
Longtemps caractérisée par l’éclectisme de ses ambitions, l’équipe BMC présentera en 2017 un noyau à la nature quelque peu différente.
Principal départ (à côté de ceux d’Atapuma, de Burghardt, de Phinney et de Zabel) acté par la formation américano-suisse, Philippe Gilbert semble laisser un vide derrière lui dans la perspective des Ardennaises.
"Il est évident que les choses seront différentes sans un coureur comme Philippe autour de qui nous construisions une bonne partie de la campagne des classiques…" juge Valerio Piva, le directeur sportif de la formation BMC. "Nous prenions alors le départ de l’Amstel, de la Flèche ou de Liège avec la ferme ambition de gagner. Le Liégeois n’a pas été remplacé dans notre effectif car il est très difficile de trouver un autre coureur de cet acabit. Greg Van Avermaet assumera le rôle de leader absolu jusqu’à l’Amstel et, même si c’est très peu probable, il n’est ensuite pas totalement exclu qu’il s’aligne aussi sur Liège-Bastogne-Liège. Nous devons encore en discuter."
Mais plus que l’option du champion olympique, c’est vers la carte jeunes que Piva semble souhaiter se tourner.
"Nous devons valoriser les coureurs que nous comptons dans nos rangs…" poursuit Piva. "Des garçons comme Loïc Vliegen (22 ans), Ben Hermans (30 ans) ou Dylan Teuns (24 ans), tous les trois belges, ont du talent. Même si nous comptons aussi un gars comme Samuel Sanchez dans nos rangs, les classiques ardennaises seront sans doute plus ouvertes pour eux. Ils y bénéficieront de davantage de libertés et donc de responsabilités. Car sur ces courses WorldTour, il est important pour l’équipe de marquer des points. C’est que notre direction est très attentive à ce ranking où le Top 3 constitue un objectif affirmé."
Sans s’efforcer à adopter la méthode Coué, le technicien italien semble convaincu de la consistance de son noyau. "Si vous me demandez de comparer l’équipe 2017 à celle de 2016, je ne dirais pas qu’elle est moins forte sans Philippe. Il nous manquera peut-être un coureur pointé parmi les favoris au départ des classiques wallonnes, mais cela ne veut pas dire pour autant que nous ne pourrons pas y prétendre à la victoire. Nous ne devrons plus assumer une grande partie du poids de la course comme c’était le cas par le passé, et cela fait une différence considérable. À nos coureurs d’alors savoir en profiter…"
"Trop tôt pour déjà devenir leader"
Si son gâteau d’anniversaire ne sera garni que de 23 bougies mardi prochain, Loïc Vliegen fait pourtant montre de la sagesse d’un vieux routinier. "Ma 9e place sur le dernier Amstel constituait un excellent résultat, mais je ne me vois pas pour autant assumer la position de leader sur le prochain triptyque ardennais, en dépit du départ de Philippe. C’est encore trop tôt pour moi. On n’acquiert pas un tel statut du jour au lendemain et je ressens le réel besoin de poursuivre mon apprentissage en continuant d’engranger de l’expérience et de la maturité. Mon grand-père, qui m’a couvé chez les jeunes, a toujours veillé à ce que je conserve une marge de progression en me répétant qu’il ne fallait pas vouloir mettre la charrue avant les bœufs. La recette s’applique aussi chez les pros. Sur la Flèche Brabançonne, où je termine 10e, j’ai réagi à cinquante mouvements que je n’aurais pas dû accompagner (rires) sous le prétexte que mes jambes réagissaient bien. Je force volontairement le trait mais je suis conscient qu’il me faut acquérir un plus grand sang-froid. Mon tempérament offensif m’incite trop souvent à encore courir comme chez les espoirs alors que chaque effort est compté dans le peloton pro."
Pas sur le Tour à Liège
Passé pro en juillet 2015, Loïc Vliegen n’a pas encore goûté à l’exigence d’un grand tour. "Je souhaiterais franchir le pas la saison prochaine, si possible sur la Vuelta, commente le Liégeois. Le Tour de France qui s’arrête en Belgique, c’est évidemment une fantastique opportunité, d’autant que la deuxième étape passe à moins d’un kilomètre de mon domicile, mais il faut être réaliste et ne pouvoir débuter par la plus grande et la plus exigeante course du monde… (sourire)" Dans une forme de mimétisme qui le rapproche un peu plus encore de Philippe Gilbert, le Hervien souhaiterait également intégrer quelques classiques pavées à son programme de course. "L’ambiance, le parcours, les scénarios de course : ce sont des courses que j’ai toujours adorées, qui collent à mon tempérament et sur lesquelles je pense pouvoir m’exprimer plus tard. J’y ai épinglé plusieurs résultats chez les jeunes et couru À travers la Flandre en 2016. Chez les pros, il est difficile de combiner la campagne flandrienne avec celle des ardennaises mais, dans la perspective de mon évolution et de ma préparation aux Wallonnes, participer à l’une ou l’autre courses pavées aux côtés de Greg me serait, je crois, bénéfique."