Sa cheville, sa relation avec Gilbert, ses objectifs 2017... La DH a rencontré Greg Van Avermaet (VIDEO)
Le champion olympique rêve d’épingler le Tour du Flandres en 2017.
- Publié le 13-12-2016 à 10h21
- Mis à jour le 13-12-2016 à 10h38
Le champion olympique rêve d’épingler le Tour du Flandres en 2017. Au retour de l’entraînement matinal, Greg Van Avermaet débarque dans le lobby de l’hôtel la Senna sur son vélo pour y empoigner la béquille tendue par un membre du staff de l’équipe BMC à sa descente de machine. Opéré d’une cheville fracturée lors d’une sortie VTT, il y a près d’un mois, le champion olympique de Rio jette les bases de sa saison 2017 sur les bords de la Costa Blanca où l’essentiel du peloton s’est installé pour ce mois de décembre.
Le sourire aux lèvres, le Waeslandien semble empreint d’une profonde sérénité en dépit d’une blessure venue contrarier ses plans hivernaux. "Je suis remonté sur mon vélo depuis un peu plus d’une semaine maintenant et ai déjà effectué deux sorties de quatre heures..." commente le vainqueur du dernier Tirreno Adriatico. "Dans la foulée de l’intervention chirurgicale, j’ai dû observer sept jours de repos complet avant de reprendre une activité physique avec du gainage et de l’aqua jogging. Je suis ensuite remonté sur les rouleaux. Je me sens capable d’effectuer de plus grosses charges d’entraînement, mais je dois veiller à ne pas brûler les étapes sous peine de rechuter dans le processus de revalidation qui se passe parfaitement jusqu’ici. Ma cheville réagit bien au pédalage et je ne ressens aucune douleur sur le vélo. Le tout est d’accepter ce que mon corps m’impose actuellement. Habituellement, j’aime évoluer à l’avant du groupe lors de ce premier stage collectif et faire un peu la course avec mes équipiers dans les bosses. Cette année, je dois me contenter de rester dans les roues et je suis souvent le premier à quitter le groupe pour rentrer à l’hôtel. C’est nouveau pour moi…"
Contraint à mettre la pédale douce pour sa reprise, Greg Van Avermaet ne s’inquiète aucunement de ce contretemps. "Le mois de janvier sera crucial dans la construction de ma condition : il me faudra pouvoir effectuer une grosse charge d’entraînement. Mais je n’ai, à ce jour, aucune raison de paniquer. Je serai à 100 % pour les premiers grands rendez-vous de ma saison. Le programme de course qui m’y emmènera ne changera d’ailleurs pas puisque j’épinglerai mes premiers dossards aux Tours du Qatar et d’Oman."
Si le Waeslandien semble empli d’une telle confiance, c’est assurément car la saison 2016 lui a définitivement démontré qu’il appartenait à la caste des meilleurs coureurs du monde. "Repartir à l’assaut d’une nouvelle campagne après une dernière année aussi réussie est bien plus facile. Je n’ai, enfin, plus rien à me prouver. Gagner des grandes courses, je sais désormais que j’en suis véritablement capable et l’ai prouvé. Je ne doutais pas de mes capacités par le passé mais lorsque vous affirmez pendant plusieurs années pouvoir prétendre à la victoire sur les grands rendez-vous et que celle-ci ne tombe pas, on finit par douter de votre discours…"
Un message qu’une saison 2016 marquée par le port du maillot jaune, une victoire à Montréal, au Nieuwsblad et sur Tirreno ou l’or olympique n’ont pas altéré. "Je continue de rêver du Tour des Flandres et en ferai mon objectif prioritaire la saison prochaine. Parmi les grandes classiques que j’ambitionne, c’est celle qui me convient le mieux et ce rendez-vous reste très spécial pour un coureur belge. J’aimerais retourner un jour sur Liège-Bastogne-Liège, mais je veux d’abord gagner le Ronde !"
"Parfois compliqué avec Phil"
Le départ de Philippe Gilbert vers Quick Step Floors en 2017 mettra un terme au sempiternel feuilleton de la cohabitation entre le champion de Belgique et Greg Van Avermaet. "Je n’ai jamais eu de problème personnel avec Phil et je nourris un grand respect pour sa carrière et son palmarès. Force est toutefois de constater que cela était parfois compliqué en course pour nous deux. Lui ne roulait pas le Ronde alors que, de mon côté, je n’ai jamais joué ma carte sur l’Amstel, une des épreuves que j’affectionne le plus. Philippe est un champion et ambitionne, comme moi, la victoire sur les grandes courses. Quand un final lui convenait, il en allait de même pour moi… Appartenir à la même équipe freinait parfois les ambitions de l’un de nous, ce qui n’était pas facile à vivre. Le contexte sera différent l’année prochaine et je suis impatient de le défier."
Un maillot aux contours dorés
Comme sur les dernières courses de sa saison 2016, Greg Van Avermaet arborera l’année prochaine un maillot aux contours dorés rappelant son titre olympique de Rio. Un design plutôt sobre et discret que la société Assos, nouvel équipementier de l’équipe BMC, aurait souhaité plus agressif. "Nous aurions aimé avoir davantage de latitude dans notre créativité, mais le règlement de l’UCI est restrictif et laisse peu de marge de manœuvre…" commentait l’un des responsables de l’équipementier.
"Je n’irai pas à Monaco pour vivre au calme"
Le Waeslandien a dû apprendre à vivre avec un nouveau statut
La salle de conférence de l’hôtel Marriott était trop exiguë pour accueillir l’ensemble de la presse internationale venue rencontrer Greg Van Avermaet. La preuve du nouveau statut acquis par le Waeslandien dans la foulée de sa superbe saison 2016 et de son titre olympique.
"Depuis plusieurs années maintenant, je constate que le nombre de journalistes présents sur ce stage collectif ne cesse d’augmenter. Un peu à l’image de ma carrière, l’intérêt médiatique pour ma personne a été progressif, ce qui est plus aisé à gérer. La situation est davantage facile à vivre que la folie à laquelle a dû faire face Boonen en 2005 par exemple. À 31 ans, on est mieux armé pour garder les pieds sur terre."
Une popularité nouvelle avec laquelle le papa de la petite Fleur doit, bien sûr, désormais composer au quotidien.
"Je tente de me montrer disponible pour les fans et pose avec plaisir pour des photos lorsque je suis en tenue cycliste. Les sollicitations sont toutefois plus difficiles à accepter lorsqu’elles s’immiscent dans la sphère privée. Être accosté alors que vous faites du shopping en famille ou vous offrez un restaurant n’est pas toujours agréable. Cela fait toutefois partie du job et je ne me vois pas quitter le Belgique pour goûter à plus de quiétude. J’aime mon pays ! Plus jeune, j’ai parfois songé à m’exiler à Monaco mais la motivation première de ce choix reste, quoi qu’on en dise, financière. L’argent est important dans la vie, mais il ne constitue pas tout. J’ai fait construire une maison il y a peu et profites de ma famille et de mes amis aussi souvent que possible. Je ne veux pas faire une croix sur cela pour les quelques années qu’il me reste à évoluer dans le peloton. Et puis, en payant mes impôts en Belgique, j’ai le sentiment de participer à la collectivité. Durant des années, je me suis battu pour gagner des grandes courses et, par conséquent, émarger à ce statut au sein de l’équipe et auprès des fans. Je n’ai peut-être pas choisi la voie la plus simple en intégrant assez jeune une des meilleures équipes du monde, mais je suis fier d’y être parvenu !"
"Sanchez veut que je me tatoue"
Champion olympique en 2008, à Pékin, Samuel Sanchez (bientôt 39 ans) sera encore l’un des équipiers de Greg Van Avermaet la saison prochaine. " Sam est sans conteste l’un des meilleurs ambassadeurs des Jeux Olympiques…" sourit l’ancien gardien de but de Beveren. Il m’en parle tous les jours ou presque. Il porte encore quelques touches couleur or dans son équipement et me propose parfois de compléter ma panoplie en m’offrant, par exemple, des chaussettes dorées. Il me demande aussi sans cesse quand je vais enfin me décider à me faire tatouer les anneaux olympiques en référence à mon titre brésilien. Je risque de le décevoir, mais je ne franchirai jamais le cap. L’essentiel est, à mes yeux, que cette victoire restera gravée dans esprit plutôt que sur ma peau."
Sur les distinctions individuelles: "Sportif de l’Année , immense honneur !"
Déjà élu Flandrien 2016, Vélo de Cristal, Géant Flamand ou encore Citoyen d’honneur de la commune de Stoumont, Greg Van Avermaet sera aussi le grandissime favori au titre de Sportif de l’Année ce samedi. "Plus jeune, je n’accordais que peu d’importance à ce type de distinctions, mais je dois bien avouer que ma position a un peu changé sur ce sujet. Ce serait un immense honneur d’être sacré Sportif de l’Année car ce titre met aux prises des sportifs venus de toutes les disciplines. Et quand je vois dans quels clubs jouent, par exemple, nos Diables Rouges… Mais je préférerai toujours gagner des courses plutôt que des awards ."
Sur la dernière saison de Boonen: "Tom sera un gros rival au printemps"
S’il avait avoué il y a peu que Tom Boonen était à ses yeux une "véritable idole", le vainqueur du dernier Nieuwsblad devra se débarrasser de l’Anversois s’il veut remporter le prochain Tour des Flandres. "J’ai énormément de respect pour Tom et je suis convaincu qu’il sera un de mes principaux rivaux au printemps lors des classiques flandriennes. Je le sens motivé pour sa dernière campagne et il n’a connu aucun pépin lors de sa préparation hivernale. J’espère pouvoir me mesurer au meilleur Boonen dans quelques mois. Sa prestation sur le dernier Paris-Roubaix ne laisse planer aucun doute quant au degré de compétitivité qu’il a conservé."
Sur le nouveau parcours du Ronde: "Dommage de ne plus partir de Bruges"
Nouvelle ville départ du Tour des Flandres, Anvers succédera à Bruges en 2017. "Je le regrette. Le coup d’envoi depuis la Venise du Nord était un des plus beaux moments de la saison. L’atmosphère qui régnait dès le petit matin sur la Grand-Place était unique. Mais c’est le choix des organisateurs… La réintroduction du Mur de Grammont me fait, a contrario, plaisir. J’aime cette difficulté que je gravis très souvent à l’entraînement. Elle ne sera toutefois plus décisive puisque placée beaucoup plus loin de l’arrivée. L’élément le plus réjouissant de ce nouveau tracé, c’est qu’il passera par mon petit village de Grembergen."