Carl Maes, qui a accompagné durant 10 ans Clijsters, se livre sur Mertens : "Elle joue à un niveau de Top 5"
Le directeur de la Clijsters Academy depuis trois ans suit l’évolution d’Elise Mertens, qui dispute cette nuit sa première demi-finale en Grand Chelem. Avec Robbe Ceyssens, il a mis à la disposition de la Limbourgeoise un cadre idéal pour se rapprocher du Top 10.
- Publié le 24-01-2018 à 21h58
- Mis à jour le 24-01-2018 à 22h06
Le directeur de la Clijsters Academy depuis trois ans suit l’évolution d’Elise Mertens, qui dispute cette nuit sa première demi-finale en Grand Chelem. Avec Robbe Ceyssens, il a mis à la disposition de la Limbourgeoise un cadre idéal pour se rapprocher du Top 10 Elise Mertens n’est pas le produit d’une filière unique. Formée tantôt à Hamont-Achel, tantôt à Maaseik, tantôt encore à Bree ou à Paris, la Limbourgeoise a toujours puisé les meilleurs enseignements de ses différents lieux d’apprentissage. L’Académie de Kim Clijsters regroupe tous les paramètres dont elle a actuellement besoin afin de rejoindre l’élite mondiale.
Ce centre d’excellence est situé à une quinzaine de kilomètres de sa maison. Créée en 2012, l’Académie a trouvé son rythme de croisière à tous les niveaux. Elle offre une infrastructure à la pointe ainsi que des sparring-partners. Last but not least, il garantit les meilleurs conseils avec Kim Clijsters en personne et son ancien entraîneur qui est actuellement devenu le directeur du centre, Carl Maes.
Pendant plus de 10 ans, Carl Maes s’est caché derrière les grands titres de Kim Clijsters. Ancien capitaine de Fed Cup, il a vécu une expérience positive à la fédération anglaise de tennis où il a supervisé tout le tennis féminin. Dans sa carrière, il a connu les plus grandes réussites. Cet homme humble a engrangé de solides expériences qu’il partage à Bree, au TC Boneput.
Elise Mertens avait tenté une première approche à l’Académie, mais le centre n’en était qu’à ses balbutiements. Désormais, Carl Maes, devenu entre-temps le boss, a donné une autre envergure à la Clijsters Academy. Depuis trois ans, il suit de près l’évolution d’une gamine qui n’était, alors, pas encore dans le Top 300. Aujourd’hui, elle est entrée dans le groupe des 20 meilleures joueuses de la planète.
"Elise, elle a été un peu partout", souligne-t-il d’emblée. "Je me souviens qu’elle était près de la 300e place quand je suis arrivé à l’Académie. Depuis trois ans, elle est à Bree à temps plein."
L’Académie n’a pas ménagé ses efforts pour mettre à sa disposition le meilleur entourage. La tombeuse de Svitolina en quart de finale progresse entre autres avec Sam Verslegers qui a été l’entraîneur physique de Kim Clijsters. Il lui concocte son programme physique. "Elle bénéficie aussi de la présence de Kim", ajoute Carl Maes. "Kim est là pour taper la balle avec Elise. Elle joue aussi le rôle de conseillère mentale. Elle partage son expérience du circuit."
Cet hiver, la nouvelle star du tennis belge a pris une autre dimension grâce à un programme sur mesure conçu par le directeur himself en accord, bien évidemment, avec son entraîneur Robbe Ceyssens.
Pour la première fois de sa carrière, Elise Mertens a vécu une préparation qui frôlait la perfection. "Elle a eu un programme sur 8 semaines. Je crois qu’au début, elle a eu un peu peur. Elle voulait beaucoup jouer", reconnaît le directeur. "On lui a d’abord demandé de prendre deux semaines de repos."
Ensuite, elle a entamé un travail de six semaines. "Nous avons travaillé le physique avant de prendre la raquette. Grâce à sa préparation physique, nous avons pu travailler de manière plus spécifique. Son jeu de jambes dans les coins, sa tactique, son service ont connu de grosses améliorations. Elle a compris la nécessité de trouver un équilibre entre les périodes de travail et de repos."
Malgré son jeune âge, elle a déjà parcouru un grand chemin au niveau de son jeu. Joueuse défensive, elle a appris à se faire violence pour agresser ses adversaires. "Ses adversaires en juniores ne doivent plus la reconnaître sur le terrain. Elise possédait un jeu défensif naturel qui l’a amenée dans le Top 300. Elle a vite réalisé qu’elle devait étoffer sa gamme pour passer le cap du Top 100."
Nul ne peut prédire l’avenir, mais celui d’Elise Mertens s’annonce radieux. Fille sérieuse, stable et épargnée par les blessures, elle peut voir loin. Très loin. Le circuit est également plus abordable qu’à l’époque des Williams, Mauresmo, Henin et Clijsters. "Nous ne connaissons plus cette domination de quelques joueuses. Les tournois sont plus ouverts. Beaucoup de filles comme Muguruza ou Pliskova ont sorti deux résultats sans confirmer. Ce constat est une source de motivation pour les autres qui y voient des opportunités de percer. Maintenant, elle joue à un niveau de Top 10 ou Top 5. Ce tournoi constitue un exploit. On verra son ranking en fin de saison car le classement est un indicateur du niveau moyen d’une saison."
LE JEU DE MERTENS DECORTIQUE
Positionnement: "Elle s’est rapprochée de sa ligne"
"Comme elle défendait beaucoup, elle jouait loin de sa ligne de fond. Désormais, elle joue plus haut et parvient à agresser ses adversaires. Même quand elle défend, elle parvient à faire un point gagnant. Elle court. Elle freine. Elle change de direction et masque très bien ses frappes. Ce jeu sur la ligne de fond me rappelle celui de David Goffin. Elise possède un excellent jeu de jambes."
Son service: "Elle a appris à le cacher"
"Son service a connu quelques évolutions. Physiquement, elle est plus forte et sert donc plus vite. Tactiquement, elle a trouvé une manière pour éviter que son service ne soit lu. Avec son entraîneur Robbe Ceyssens, nous nous mettons du même côté du filet. Nous devons deviner si elle servira sur notre coup droit ou notre revers. Elle, elle doit le cacher. Elle marque plus de points que nous."
Son mental: "On la protège d’elle-même"
"Même quand elle défend et qu’elle recule un peu, elle parvient à gagner ses matchs. Même quand elle joue moins bien, elle trouve les solutions. Il est évident qu’elle ne reproduira pas chaque jour le niveau de jeu de son quart de finale contre Svitolina. Elle a de solides forces mentales. Nous devons la protéger d’elle-même en réalité. En effet, Elise veut toujours faire plus. Elle veut toujours se pousser plus loin. Avant de partir en Australie, elle était cuite car elle bosse durement."
Sa volée: "Les effets du double"
“Elle a beaucoup joué en double. Elle a toujours été au filet, mais, aujourd’hui, elle est plus à l’aise. En simple, elle était trop loin pour monter au filet. Désormais, elle joue sur sa ligne de fond. En plus, elle est capable de cacher ses coups et de monter au filet à contre temps. Elle suit très bien la balle.”
Son jeu de jambes: "Comme Steffi Graf"
“Son jeu de jambes est très efficace. J’aime beaucoup. Je le compare à celui de Steffi Graf, pour rester dans le tennis féminin. Elise est prête et au bon endroit avant même de frapper dans la balle.”
Ses coups: "Un revers illisible et naturel"
"Le revers est sans aucun doute son coup le plus naturel. Qu’il soit long de ligne ou croisé court, il est presque illisible pour ses adversaires. Ce coup est merveilleux et naturel à 100 %, ce qui ne signifie pas qu’on ne le travaille pas. On place des bandes sur le terrain pour qu’elle le frappe le plus près de la ligne. Elle a également appris à garder un meilleur équilibre quand elle rentre dans la balle. Quant à son coup droit, elle l’a beaucoup amélioré. Avec Robbe, elle a raccourci son mouvement. Comme elle est sur sa ligne de fond, elle avait moins de temps. Ces changements techniques et tactiques avaient pour unique objectif de la rendre plus agressive."