Le plan de bataille des meilleurs ennemis
Pour Rafael Nadal, " Rodg n’est pas venu à Paris pour moi".
- Publié le 07-06-2019 à 10h45
- Mis à jour le 07-06-2019 à 10h46
Pour Rafael Nadal, " Rodg n’est pas venu à Paris pour moi". Rafael Nadal vit un séjour à Paris très calme. À l’exception du set perdu face à David Goffin, il n’a pas encore montré la moindre faille. Il n’a pas non plus encore défié un adversaire solide, complet et en grande forme. En demi-finale, Roger Federer, l’allergique de la terre battue, répond à tous ses critères. Pourtant, ce 39 e Clasico penche nettement en faveur du Majorquin.
Le propriétaire de 11 trophées des Mousquetaires en a vu d’autres sur le court Philippe Chatrier. Il n’a pas pour habitude de se soucier du nom de son adversaire. "Je joue très bien. Je suis solide", confiait-il après la punition infligée au malheureux Kei Nishikori. "Je gagne de gros matchs contre des adversaires difficiles. Bien sûr, jouer contre Roger en demi-finale, c’est un bonus. Nous avons partagé les moments les plus importants de nos carrières. Nous vivrons un nouvel épisode de cette saga."
Un Nadal - Federer impose toujours une remise en question des deux acteurs. L’un et l’autre doivent réinventer leurs schémas tactiques pour se surprendre. "Il n’y a pas deux matchs identiques. Tous sont différents. Nous essayons toujours des choses. On va voir ce qu’il va se passer. Je m’attends à ce qu’il joue agressivement, qu’il change de rythme et qu’il vienne au filet. Je vais devoir être solide, frapper les balles assez fort pour ne pas lui permettre de se mettre dans une bonne position. Si j’arrive à bien jouer mes coups droits et revers, je vais pouvoir le mettre en difficulté."
Il serait sot de ne pas considérer le paramètre majeur, à savoir la terre battue. Elle avantage très nettement le gaucher aux bras herculéens. Roger Federer savait qu’il devrait croiser la route de Rafael Nadal pour espérer réaliser un grand résultat à Paris. "Il n’est pas revenu pour m’affronter", coupe Rafa. Il est revenu sur terre battue parce que c’est un joueur qui est complet sur toutes les surfaces. Sur terre battue, il a de bonnes chances de gagner. Physiquement, il se sent prêt. Il revient parce qu’il en a envie."
L’histoire se lit souvent dans tous les sens et surtout celui qui arrange le mieux les acteurs. Nadal reste sur 100 % de victoires face à Federer à Roland-Garros. Il n’a plus perdu sur terre battue contre le Suisse depuis 10 ans. En revanche, Fedex n’oublie pas qu’il a remporté ses 5 derniers duels face au résident de Manacor. "Malheureusement, je ne peux pas faire de pronostic, précise encore Nadal. La seule chose que je peux faire, c’est essayer de faire du mieux possible pour que les victoires que j’ai remportées sur cette surface contre lui pèsent pour quelque chose. Lui fera tout pour que ses dernières victoires contre moi pèsent aussi. On verra. C’est un match vraiment particulier. Nous le savons tous. Mais au bout du compte, cela reste quand même un match de tennis. Celui qui jouera le mieux aura le plus de chances de gagner ce match."
Depuis leur premier Clasico, quinze années se sont écoulées. Malgré les percées de Djokovic voire Murray, ils ont toujours joué les rôles principaux sur le circuit. Quinze années au sommet, le chiffre donne le tournis quand on sait qu’un joueur est déjà heureux de figurer dans le top 100 durant 10 ans. "Notre mérite, c’est notre envie et notre passion pour le tennis, résume le n°2 mondial. Je veux me donner un maximum de chances avec le corps que j’ai. Tant que je serai heureux, je continuerai."
Vendredi, le 39e Clasico s’annonce fort déséquilibré. "Je ne peux pas répondre. Si je l’avais affronté 2 ou 3 fois à Madrid, à Monte-Carlo et à Rome, je pourrais répondre à la question."
Seule la vérité du terrain comptera...
Repères
1
Seul Nadal a remporté un Clasico en sauvant une balle de match.
2
Federer et Nadal ont constitué le top 2 entre juillet 2005 et août 2009.
3
Nadal et Federer se sont déjà affrontés en double à trois reprises avec un avantage pour Nadal (2 victoires, acquises à Indian Wells et à Rome).
12
Federer et Nadal se sont défiés à 12 reprises en Grand Chelem. Nadal mène la danse largement avec 9 victoires.
20
Sur les 20 tie-breaks, chacun en a remporté 10.
24
Sur les 38 Clasico, on dénombre 24 matchs en finale.
36
Entre juillet 2003 et septembre 2013, l’ATP a mis en jeu 53 titres Majeurs (les levées du Grand Chelem et les Masters) avec un bilan de 36 titres amassés par le duo Fedal.
117
En 38 matchs, le Clasico a accouché de 117 sets, dont 48 pour Federer, et donc 69 pour Nadal.
107-72
Tel est le bilan de Rafael Nadal et de Roger Federer dans leurs duels de la Porte d’Auteuil si l’on additionne le nombre de jeux remportés lors de leurs 5 premiers matchs. Rafael Nadal mène avec 107 jeux et 617 points contre 72 jeux et 524 points pour son meilleur ennemi, Roger Federer.
Avant, Roger Federer détestait jouer contre les gauchers.
Il est relax, mais son apparente décontraction n’est qu’une façade car Roger Federer, l’homme de tous les records, rêve de rajouter à son tableau de chasse : victoire contre Rafael Nadal à Roland-Garros.
Lors de son sacre en 2009, Robin Soderling l’avait soulagé de ce match impossible. Entre Roland-Garros 2009 et aujourd’hui, le Suisse a toujours mordu la poussière ocre face au Majorquin.
Après avoir manqué les trois dernières éditions par choix personnel, Roger Federer savoure son périple dans la Ville lumière. "J’ai largement dépassé mes attentes ici, commence-t-il. C’est un plaisir d’être de retour et d’être en demi-finale." Une demi-finale très particulière. "Il y a toujours deux manières de voir les choses. Je suis ma stratégie de jeu. Mais, face à Rafa sur terre battue, il faut l’adapter car il est si fort."
Lucide, il laisse volontiers à Rafael Nadal le statut de favori, d’archifavori même. "Tous les matchs doivent être joués avant que le résultat soit connu. Jouer contre Rafa, ce sera très difficile. Mais on ne sait pas. Il aura peut-être un problème. Il sera peut-être malade. Peut-être que je vais très très bien jouer et lui va lutter ou il peut y avoir du vent, de la pluie, des interruptions successives pour la pluie. Il m’a fallu cinq matchs pour être ici, en demi-finale. C’est pour cela que je suis très content de jouer contre Rafa. Si vous voulez réussir quelque chose sur terre battue, un jour ou l’autre vous devez vous heurter à Rafa. On le sait. Je savais en signant pour être ici que cela risquait de se passer. Si j’avais pensé que je voulais éviter ce match, je n’aurais pas joué ici en tout cas."
Plus que de la terre battue, Federer se méfie surtout du… gaucher. "Ce paramètre change tout, surtout au service. La balle sort de manière différente. On n’a pas de temps à perdre. Il faut, d’une certaine manière, être un peu intrépide face aux balles qui tourbillonnent avec effet, slicées et kickées, et c’est ce que je ferai vendredi. Ce n’est jamais naturel contre un gaucher, que ce soit Rafa ou un autre. Quand on joue 80 % du temps contre des droitiers et que l’on se trouve face à un gaucher, le match est différent. C’est intéressant. Avant, je détestais ces moments. Maintenant, j’adore, parce que c’est un énorme défi contre ces types. Lui, c’est le meilleur contre lequel je n’ai jamais joué. Je me réjouis de ce test."
Federer regarde volontiers son meilleur ennemi à la télévision. "Je l’ai suivi comme fan à la télévision. Je n’ai pas trop vu ses matchs à Paris. J’ai plus vu ses rencontres à Rome et à Madrid."
Repères
23-15
Face à Federer, Nadal mène 23 victoires à 15. Nadal a moins souvent affronté Federer que Djokovic. Il a défié le Serbe à 54 reprises, ce qui est le record absolu.
5 323
Sur le terrain, en simple, ils ont déjà martyrisé la balle durant 5 323 minutes, soit une moyenne de 2 h 20 minutes par match.
13-2
Sur terre battue, Nadal conforte sa domination avec 13 victoires à deux.
0 h 59
Le Clasico le plus court s’est disputé en Chine lors du Masters. Roger Federer avait expédié le match en 59 minutes pour l’emporter 6-4, 6-1.
6-0
Sur les 4 sets soldés par un 6-0, Federer en a remporté 3.
5 h 05
Le Clasico le plus long a eu pour théâtre le Masters 1000 de Rome. La finale de mai 2006 s’est soldée par le score étriqué de 6-7,7-6, 6-4, 2-6, 7-6 en faveur de Rafael Nadal.
32-16
Nadal a pris 32 fois le service de Federer à Roland. L’Espagnol a converti environ une balle de break sur deux, puisqu’il en a obtenu 67 au total. Federer n’a pris que 16 fois le service de Nadal malgré 58 balles de break.