Carl Hoefkens revient sur son passage au Standard : "J’ai été trop romantique, j’aurais dû être plus clinique, plus direct"
Près de six mois après son licenciement du Standard, Car Hoefkens revient sur son passage en bord de Meuse. Il fait son autocritique et remet en perspective son bilan.
- Publié le 18-05-2024 à 07h00
Licencié par le Standard le 31 décembre, Carl Hoefkens n’avait pas souhaité commenter son départ, déclinant poliment les demandes d’interview pour évoquer son passage de six mois en bord de Meuse. Son nom avait été cité du côté de Zamalek, en janvier, mais il n’est pas allé plus loin – “ce n’était pas le meilleur moment, après réflexion”.
Ces derniers jours, son nom est revenu du côté de Malines, pour remplacer Besnik Hasi. “C’est une possibilité, admet-il. C’est un beau club, de tradition.” Prêt à replonger, l’ancien entraîneur du Standard a accepté de se confier, pour la première fois, depuis son départ de Liège. Sans amertume.
Que devient Carl Hoefkens ?
”Je regarde beaucoup de matchs de foot, je joue au padel et je ne cours pas autant que je le voudrais (sourire).”
Et vous êtes prêt à entraîner à nouveau. Où en êtes-vous ?
”Il y a des contacts avec quelques équipes mais je veux surtout savoir quelle est l’ambition du club, comment il veut jouer, quel est le projet avec les jeunes joueurs.”
Avez-vous craint pour votre futur, quand vous avez été remercié par le Standard, après le Club Bruges ?
”Non, pas du tout. Il y a eu des circonstances à prendre en considération, les deux fois. J’ai l’impression que je peux encore faire des choses dans le foot, mais mon ambition n’est pas nécessairement d’entraîner une équipe du top. Faire grandir une équipe, des joueurs, et avoir des résultats, cela peut signifier finir à la sixième, huitième ou neuvième place. Je ne veux pas d’un projet pour quelques mois (sourire).”
C'est peut-être bizarre à dire, mais j'ai vécu une belle période au Standard.
Votre expérience au Standard vous a-t-elle refroidi ?
”Non, car si cela s’est mal terminé au Standard, cela a été utile pour apprendre. Au niveau du travail, ce n’était pas si mal. C’est peut-être bizarre à dire, mais j’ai vécu une belle période au Standard, j’ai eu de bonnes relations et une bonne connexion avec les gens, en peu de temps. Je peux dire que j’adore Liège.”
Au niveau sportif, cela a été plus compliqué. Quel bilan faites-vous ?
”On a eu des vrais succès, même si cela a été difficile au début. Je savais que ce serait compliqué, mais pas aussi compliqué, notamment au niveau des renforts arrivés tardivement. Mais après les succès contre Bruges (2-1) et Anderlecht (3-2), mon opinion était encore plus claire sur le potentiel de ce club, avec ce public. En fin d’année, même si c’était compliqué, on n’était pas dans une position de menacé (pour la relégation), on pouvait faire quelque chose, à condition d’améliorer certains points.”
Comme quoi ?
”Les matchs contre les “petites” équipes, à domicile, on devait les gagner. Mais on n’a que rarement su faire la différence dans les trente derniers mètres alors qu’on était équilibré derrière. J’ai peut-être été trop romantique, à vouloir jouer de manière dominante. Mais quand on a 70 % de possession, sans se créer assez d’occasions… J’aurais dû être plus clinique, plus direct. Mais, dans mon esprit, après le stage de janvier ou si je restais la saison prochaine, cela devait nous servir. C’est toujours discutable, mais, malgré tout, en fin d’année, je nous trouvais sur le bon chemin. Avant le match à Bruges, début décembre, on était à quelques points des Brugeois (3).”
Pour 777, les résultats n'étaient pas assez bons. Mais, pour moi, c'était le niveau du Standard à ce moment.
À quel moment avez-vous soupçonné que vous pourriez être remercié ?
”À vrai dire, cela a été une surprise absolue. Avant le match contre St-Trond, et encore après, on s’était projeté sur le stage de janvier, les choses à améliorer. On n’a jamais parlé de devoir gagner contre St-Trond pour sauver ma tête. Je n’étais donc pas d’accord avec la décision, et je ne le suis toujours pas, mais je pouvais la comprendre puisqu’ils (Pierre Locht et Fergal Harkin) devaient donner des raisons à 777 Partners. Pour 777, les résultats n’étaient pas assez bons, mais pour moi c’était le niveau du Standard, à ce moment, huitième (NdlR : neuvième à neuf points de la sixième place). On a eu des matchs incroyables, mais d’autres où ce n’était pas assez bon.”
La direction avait fixé le top 6 comme ambition en début de saison. Mais était-ce réalisable ?
”Pas au début de la saison. Un club comme le Standard doit jouer le top 6 en théorie, mais concrètement on avait des joueurs qui n’avaient pas bénéficié d’une préparation, des jeunes joueurs qui devaient encore grandir.”
Est-il vrai qu’on vous avait garanti une enveloppe pour les transferts ?
”On a parlé des moyens, et c’était très clair qu’il y aurait des possibilités pour essayer d’accrocher le top 6. Je ne vais pas donner de chiffres, mais on avait besoin de joueurs plus forts.”
Tout le monde savait que la situation physique de certains était compliquée.
Et c’est Dönnum qui est parti…
”C’était compliqué, à ce moment-là, mais tout le monde était dans le même bateau. Le départ d’Aron arrive avant le match contre le RWDM, on fait match nul (1-1) et après six matchs on a déjà du retard (3 sur 18, à 7 points de la sixième place). Avec quelques points en plus, on aurait été dans le coup pour les playoffs 1 à la trêve. Ou on aurait été devant Bruges, avant le match retour début décembre, par exemple. C’est une dynamique différente.”
Il y a eu les arrivées de la fin de l’été, mais on dit que vous ne pouviez pas travailler à fond, sur le plan physique, pendant la semaine. Est-ce correct ?
”Absolument, mais ce n’est pas un secret. Tout le monde savait que la situation physique de certains était compliquée, les soucis de genou de Hayden, un peu Moussa (Djenepo), il fallait faire attention avec Merveille (Bokadi), Kostas (Laifis), les jeunes joueurs qui n’étaient pas prêts. C’était compliqué de s’entraîner à fond pour développer le foot que je voulais, mais on a essayé de trouver un certain équilibre avec le staff médical, pour ne pas avoir de blessés. On était un peu moins fort, physiquement, mais à aucun moment je n’ai vu des joueurs qui ont lâché. On n’avait pas toujours la qualité, mais on avait la mentalité, et je pense que les supporters l’ont aussi compris et n’ont pas fait la révolution.”
Les problèmes extra-sportifs, avec des retards de salaire, n’ont pas aidé. Comment avez-vous géré cela ?
”On a eu des problèmes dès le mois de novembre, il y avait du retard pour tout le monde, il y avait les questions des joueurs, mais il fallait gérer. Mais, j’insiste, sur le terrain, les joueurs ont toujours tout donné. La seule fois où j’ai été déçu de l’implication, c’est lors de la première mi-temps contre St-Trond (1-1)."
Le Standard est unique, il ne peut pas être intégré dans un groupe avec d'autres clubs.
Certains de vos choix ont parfois été incompris, notamment d’insister avec Kamal Sowah. Comment l’expliquez-vous ?
”Il a bien commencé la saison, mais c’était difficile pour les autres milieux, et j’ai changé sa position (il est passé à gauche), pour aider Isaac (Hayden) et Steven (Alzate). Cela a été plus compliqué, mais je continue de penser que Kamal est un bon joueur.”
Il a été souvent question, aussi, du système de jeu. Pourquoi avoir insisté avec une défense à trois et pas à quatre ?
”Il manquait un arrière gauche. À la fin du mercato estival, avec toutes les arrivées, j’étais satisfait. L’arrivée de Moussa (Djenepo), c’était très bien. Mais ce que je voulais, surtout, c’était un arrière gauche.”
Quel regard portez-vous sur le Standard, actuellement ?
”Cela me fait mal, parce que, en six mois, j’ai vécu une bonne période avec les gens de Liège. On sentait que la ville vibrait ou qu’il y avait de la déception après une défaite. On sentait la différence. Cela me fait mal, car il y a beaucoup de questions, on se demande ce que sera le futur avec 777 (Partners). Un club comme le Standard est unique, il ne peut pas être intégré dans un groupe, il a besoin de vivre seul. Contre Anderlecht, j’ai encore l’image en tête, du car qui avait du mal à arriver au stade, avec les supporters qui ralentissaient le trajet, pour la bonne raison. Vendredi passé (avant le match contre Westerlo), c’était l’exact opposé, et ça fait mal.”