Les cartes sont-elles rebattues sur la terre ?
Le tennis masculin est-il à l'aube d'une nouvelle ère sur terre battue ? Bien malin celui qui pourrait l'affirmer.
- Publié le 23-04-2019 à 18h34
- Mis à jour le 24-04-2019 à 08h13
Le tennis masculin est-il à l'aube d'une nouvelle ère sur terre battue ? Bien malin celui qui pourrait l'affirmer. Par contre, un fait est certain: le temps passe, les années s'entassent et certains gros calibres marquent le coup. En plus, la domination presque insolente du trio Nadal-Djokovic-Federer doit faire face à la montée d'une nouvelle génération qui a mis du temps à prendre ses marques.
Depuis quinze ans, le trident Nadal-Djokovic-Federer n'a laissé que des miettes à la concurrence sur terre battue. Que ce soit aux Masters 1000 de Monte-Carlo, de Madrid ou de Rome, les trois ont comme privatisé les courts durant les jours de finale. L'Espagnol est incontestablement l'homme du nouveau millénaire sur la surface. Mais quand on ajoute à son palmarès les trophées glanés par ses deux comparses, on en vient à ce demander l'état mental de la concurrence qui n'aura joué que les seconds rôles, au mieux, durant plus de dix ans.
Il aura fallu attendre 2019 pour voir à Monte-Carlo une finale sans un de ces trois champions. Ils participaient à chacune d'elles depuis 2005. Dans ce même temps, Rafael Nadal gagnait onze fois le tournoi, Djokovic y levait à deux reprises les bras et Federer se contentait d'une finale perdue en 2014 face à son compatriote Stanislas Wavrinka.
Ce dimanche, le Majorquin était défait en demi-finale par l'Italien Fabio Fognini, futur vainqueur du Masters. Au terme du match, Rafael Nadal laissait penser à une simple erreur de parcours: “J’ai signé l’un de mes plus mauvais tournois sur terre de ma carrière”, expliquait-il. Si cette défaite ne devait être le résultat que d'un simple off-day, il y a toutefois certains signes qui ne trompent pas. Le dernier carré a dû se jouer sans Novak Djokovic, éliminé dès les quarts de finale face au jeune Medvedev, et sans Rodger Federer qui allège de plus en plus son calendrier pour se consacrer pleinement à des objectifs bien ciblés, ce qui lui réussit plutôt bien jusqu'ici.
Mais cette situation de ne voir aucun de ces trois monuments du tennis en finale d'une compétition sur terre se répète à intervalles de plus en plus régulier. Si la situation du Masters 1000 de Monte-Carlo est sans doute la plus emblématique, celui de Madrid n'est pas en reste. Les quatorze dernières éditions n'ont vu que deux finales sans un des trois mousquetaires: en 2008 et en... 2018. L'an dernier, c'est même la nouvelle génération qui s'est mise à rêver lorsqu'elle a vu s'opposer Alexander Zverev à Dominic Thiem. Si l'Allemand sortait vainqueur de ce duel, le plus important reste le signal envoyé au monde du tennis. Depuis l'arrivée au sommet de Nadal en 2005, c'est la première finale permettant à deux jeunes talents d'exprimer leur potentiel.
Le même Alexander Zverev s'était déjà fait une petite place au soleil deux ans plus tôt, en 2017, en remportant le Masters 1000 de Rome contre un certain Novak Djokkovic, quadruple vainqueur du tournoi. L'Allemand est, avec Andy Murray, le seul à être parvenu à mettre un terme à l'hégémonie Nadal-Djokovic ayant remporté douze des quatorze dernières éditions. Alexander Zverev était également présent l'an dernier en finale contre Nadal.
Aujourd'hui, le gratin du tennis se retrouve à Barcelone. Comme si l'histoire se répétait indéfiniment, le natif de Manacor y a déposé ses valises depuis 2005. Jusqu'à ce jour, il n'a lâché le trophée qu'à trois reprises. Deux fois en faveur du Japonais Kei Nishikori en 2015 et 2016. Avant cela à Fernando Verdasco en 2010. Lors des deux dernières éditions, le Majorquin a dû se défaire de deux jeunes avide de victoire sur la terre ocre: Dominic Thiem en 2018 et Stéfano Tsitsipàs l'an dernier.
Nadal prêt à mater la jeunesse
Pour cette édition 2019, Nadal doit réagir à Barcelone. Après avoir multiplié les pépins physiques ces derniers mois, le gaucher aura à coeur d'y briller, d'abord pour reprendre le rythme perdu puis pour engranger la confiance nécessaire à l'objectif fixé: décrocher un douzième Roland Garros. Pour cela, il devra, en l'absence de Novak et Rodger à Barcelone, être en capacité d'écarter la jeune garde montante composée des Thiem et Zverev, mais aussi des précoces Stefanos Tsisipas (ATP 8) et Denis Shapovalov (ATP 20) tous deux âgés de 20 ans. Les Russes Khachanov (ATP 13) de 22 ans et Danil Medvedev (ATP 14) de un an son aîné et tombeur de Djokovic à Monte-Carlo pourraient également avoir leur mot à dire.
En pleine possession de ses moyens, Rafael Nadal doit pouvoir écarter ces quelques fauves. Il n'en reste pas moins qu'il ne suffira que d'un seul jour de moins bien pour voir dépasser le maître par un de ses talentueux élèves. Au vu du programme à venir, il ne serait pas surprenant de voir l'un d'eux être couronné en lieu et place du Roi Rafa.
De là à envisager le voir être détrôné sur l'ocre parisien, il reste une marge importante à appréhender avec prudence. Le passage des deux aux trois manches gagnantes devraient encore profiter un peu à Rafael Nadal.