Actuellement sans club, Christian Luyindama n’écarte pas un retour au Standard : “Si les dirigeants me contactent, je suis ouvert…”
Christian Luyindama ouvre la porte à un retour à Sclessin. Sa mentalité de guerrier et son impact physique manquent cruellement depuis son départ, en janvier 2019.
- Publié le 04-05-2024 à 11h58
- Mis à jour le 04-05-2024 à 11h59
Il n’a plus mis les pieds en Belgique depuis cinq ans et demi et son départ à Galatasaray, mais Christian Luyindama n’a rien oublié de son aventure au Standard. “Je sais que j’ai laissé de bons souvenirs mais avec toutes mes activités, je n’ai plus eu le temps de venir chez vous”, sourit-il.
Depuis quelques mois, le défenseur entretient sa condition au Congo après avoir cassé “de commun accord” son contrat en Turquie. À trente ans, il entretient encore l’ambition de relever un défi sportif dans des contrées lucratives ou… à Sclessin, sa “maison” comme il l’a rappelé à plusieurs reprises au cours de notre entretien.
Son actualité au Congo
“Je ne voulais pas être le numéro 4 dans la hiérarchie”
Au moment de casser son contrat, en janvier dernier, Christian Luyindama n’était plus un élément indispensable de la défense centrale du Galatasaray. “L’entraîneur aurait préféré que je reste comme troisième ou quatrième défenseur central mais je n’étais pas d’accord. Dans ces conditions, il était préférable de se séparer à l’amiable pour que je puisse trouver un nouvel employeur en fin de saison.”
Une fois l’accord trouvé, il est rentré au Congo pour entretenir sa condition. “Je travaille avec un préparateur physique pour rester en forme et être prêt dès que je trouve un nouvel employeur. C’est la première fois que je suis sans contrat mais ça ne me dérange pas. De nombreux joueurs vivent pareille situation au cours de leur carrière. L’essentiel est de garder le moral. Moi, j’en profite pour passer du temps en famille et gérer mes entreprises.”
Mbappe ? Je savais comment me positionner pour contrer ses courses"
Son hôpital à Kinshasa
“Mon objectif : rendre les soins accessibles pour tous”
Christian Luyindama est bien plus qu’un simple footballeur. Le défenseur s’investit personnellement pour améliorer les conditions de vie de la population congolaise. Il y a huit mois, il a ouvert son propre hôpital au cœur de la capitale, Kinshasa. “J’ai fait construire cet établissement et aujourd’hui, j’en suis le propriétaire.”
L’objectif de ce projet est clairement établi : rendre les soins hospitaliers accessibles au plus grand nombre. “J’ai vécu de nombreuses années en Europe et j’ai vu les traitements que les malades y recevaient. Il y a également de bons hôpitaux en Congo mais ils sont trop chers. Selon moi, tout le monde a le droit de vivre et de recevoir les traitements appropriés. Grâce à ma clinique, les Congolais peuvent, pour un prix abordable, disposer d’une maternité, d’une salle d’opération, d’une pharmacie ou encore d’une salle pour réaliser des imageries médicales.”
Son transfert avorté en Chine
“Les Chinois ont changé les chiffres de mon contrat”
En mars dernier, le nom du défenseur congolais a été cité en Chine. Le club des Cangzhou Mighty Lions était disposé à lui offrir un contrat de deux ans… avant de changer d’avis. Officiellement, à cause d’une visite médicale ratée et d’un niveau de jeu insuffisant. “C’est totalement faux. Je n’ai pas raté mes tests médicaux. Comment serait-ce possible alors que je les avais réussis, quelques mois plus tôt, à Galatasaray ? Parfois, les Chinois peuvent être bizarres. Ils n’ont pas été honnêtes avec moi. ”
Christian Luyindama donne sa version de l’histoire. “Le championnat chinois n’est plus celui d’il y a quelques années, avec des salaires astronomiques. Nous avions quand même trouvé un accord financier mais lorsque je me suis rendu sur place, les dirigeants m’ont proposé une autre offre, nettement moins intéressante. J’ai pris le temps d’étudier cette proposition mais je ne pouvais pas me sacrifier pour un tel salaire. En plus, la compétition est moins relevée, les stars sont quasiment toutes parties…”
En Turquie, les supporters m'arrêtaient en rue pour prendre une photo"
Son passage à Galatasaray
“Mbappe ? C’est difficile de dribbler Luyindama”
L’international congolais est resté quatre ans en Turquie. Champion et vainqueur de la Coupe, il a longtemps été considéré comme l’un des cadres d’un vestiaire qui regorgeait de grands noms. “J’ai été entraîné par Fatih Terim qui sait, à la fois, être gentil et sévère. C’était comme un père pour moi et pour tout le reste du groupe. Il était très proche de nous et prenait le temps de nous parler. J’ai aussi côtoyé des joueurs de renommée comme Ryan Babel ou encore Falcao mais je n’ai pas envie de retenir un seul nom car nous étions comme une famille.”
Comme au Standard, Christian Luyindama est rapidement devenu la coqueluche du public. “Les supporters m’envoient encore des messages. Je suis certain que si je décide d’aller en Turquie demain, ils m’attendront à l’aéroport pour m’accueillir. À l’époque, je ne pouvais déjà pas me balader dans la rue sans être interpellé pour une photo ou un autographe. Cela ne m’a jamais dérangé car même si je suis un colérique sur le terrain, je suis un autre Luyindama dans le privé. Je suis gentil avec mes fans.”
Son aventure turque l’a emmené jusqu’en Ligue des champions avec des matches disputés au PSG et au Real Madrid, notamment. Son duel face à Kylian Mbappe avait été salué par la presse internationale, tant il avait bousculé la star française. “C’est un super souvenir. Vous connaissez Luyindama, non ? Quand il est au top physiquement, c’est difficile de le dribbler. Je savais exactement comment me positionner pour contrer ses courses vers l’avant. J’avais fait mon boulot.”
Sa grave blessure au genou
“Je pouvais signer pour de grands clubs… ”
La carrière de Christian Luyindama a connu un sérieux coup d’arrêt en novembre 2019. Le défenseur se déchire les ligaments croisés antérieurs et le ménisque externe lors d’un match contre la Gambie et reste neuf mois sur la touche. “Cela n’a pas été une période facile. J’ai vécu toute ma rééducation pendant le confinement. J’étais bloqué chez moi.”
Cette blessure l’a empêché de passer un nouveau cap dans sa carrière. “À l’époque, je pouvais signer pour de grands clubs. En Angleterre, en Allemagne mais je ne préfère pas donner de noms. Tout est tombé à l’eau. C’est logique, aucun grand club ne va dépenser de l’argent pour un joueur blessé, surtout quand il s’agit des ligaments croisés. Heureusement, j’ai rapidement retrouvé ma place de titulaire à Galatasaray mais j’avais tellement mal que je ne pouvais pas enchaîner les matches. J’avais besoin de temps pour récupérer. Le Gala est un grand club qui peut s’acheter n’importe quel joueur. Les dirigeants ne pouvaient se permettre d’attendre que je retrouve mon meilleur niveau et ils ont donc acheté un nouveau défenseur.”
Son amour pour le Standard
“Sa Pinto m’a demandé de le rejoindre à Chypre”
Malgré son départ, Christian Luyindama suit attentivement les résultats du Standard. “Ce genre de saison peut arriver à n’importe quel club. Pour jouer à Sclessin, il faut avoir une mentalité de fou, être un guerrier”, dit-il.
Ce profil correspond parfaitement à celui d’un certain… Christian Luyindama. Libre, le défenseur congolais ressemble à une affaire en or pour un club qui ne pourra se permettre la moindre folie financière durant le mercato. “Si les dirigeants me contactent, je suis ouvert à la discussion. Je suis en forme et je connais le championnat. Le Standard, c’est ma maison. J’y ai passé de bons moments et si je dois revenir pour continuer à écrire mon histoire, je le ferai.”
Pour jouer à Sclessin, il faut une mentalité de fou et être un guerrier"
En avril 2017, José Jeunechamps avait décidé de lancer le colosse congolais lors d’un match de playoffs contre Waasland-Beveren sans intérêt. La légende raconte que Luyindama avait lui-même demandé au coach de le titulariser car il allait permettre au club de gagner à nouveau des matches. “C’est vrai, je suis allé trouver le coach et je lui ai demandé de me faire jouer. J’avais confiance en moi et dès ma deuxième apparition, j’ai marqué un but et délivré une passe décisive.”
Son palmarès liégeois renseigne une Coupe de Belgique et une place de vice-champion. Christian Luyindama a également collaboré avec deux des entraîneurs les plus emblématiques de ces vingt-cinq dernières années : Ricardo Sa Pinto et Michel Preud’homme. “Je m’entendais bien avec Sa Pinto et il m’a d’ailleurs demandé de le rejoindre à Chypre, à l’APOEL Nicosie, mais nous n’avons pas trouvé d’accord avec le Galatasaray. Avec lui, il fallait amener de la grinta, de l’impact physique. C’était totalement différent sous Michel Preud’homme, qui m’a beaucoup amené sur le plan tactique.”