Federer, c’est Hibernatus !
Le Suisse, qui semblait en perte de vitesse fin 2018, continue finalement de défier le temps en 2019.
- Publié le 30-03-2019 à 16h38
- Mis à jour le 31-03-2019 à 10h13
Le Suisse, qui semblait en perte de vitesse fin 2018, continue finalement de défier le temps en 2019.
Il ne ressemble pas à Louis de Funès, il n’est pas régulièrement congelé pour traverser les décennies, mais Roger Federer persiste tout de même à donner l’impression d’avoir la cure de jouvence à disposition. On ne réussit pas sa tournée américaine si on n’est pas parmi les joueurs les plus forts physiquement du moment. Et puisque le niveau de jeu n’a jamais été une question chez Roger Federer, le principal enseignement de ce mois de mars est que son corps a retrouvé la résistance nécessaire aux plus grands triomphes. On avait pu en douter dans la deuxième partie de 2018, on demandait encore confirmation après Melbourne cette saison mais depuis le Suisse a pris le risque d’enchaîner les tournois et les matches, et a rassuré son monde, lui-même y compris.
Dimanche, il disputera la 50e finale de Masters 1000 de sa carrière après avoir donné une masterclass en demi-finale à Denis Shapovalov, symbole d’une relève à l’énorme potentiel mais qui reste encore à des années-lumière de la génération dorée qu’elle est censé pousser dehors. Voilà donc Federer en finale à Miami dans la foulée de celle perdue à Indian Wells : un véritable tour de force à 37 printemps. La démonstration d’un joueur qui a non seulement gardé la maîtrise de son art mais aussi celle de son envie. Enchaîner Indian Wells et Miami demande plus que du panache, ça demande aussi une belle résistance à la fatigue, à la répétition des efforts sur les courts et des obligations hors du court, ainsi qu’à la lassitude face à un mois interminable. Que le Suisse ait toujours les jambes et la tête suffisamment fraîches pour s’infliger ça est assez incroyable.
Et pourtant Federer le fait et il disputera bien sa 154e finale, à Miami face à John Isner. Il souhaite évidemment ne pas se voir gâcher la fête comme à Indian Wells, mais là aussi il hérite d’un mauvais scénario avec le géant américain tenant du titre. Certes il mène 5-2 dans leurs duels, mais c’est Isner qui a remporté le dernier en 2015 dans l’indoor de Paris (7-6(3), 3-6, 7-6(5)). Pour sa cinquième finale en Floride, là où il avait disputé sa première finale en Masters 1000 en 2002 (perdue face à Agassi), il va devoir chaparder quelques points de retour vitaux s’il veut décrocher son quatrième titre (2005, 2006, 2017). Dans le nouvel écrin du tournoi, le défi sera aussi géant que les installations, et Federer le sait bien.
“Affronter les gars comme Isner, c’est se mettre dans la peau du gardien de but lors d’une séance de penalty. Je vais faire de mon mieux pour attraper le plus de balles possibles. Mais il a un service impossible à lire alors il faut aussi espérer avoir la chance de son côté. ” Pas d’autre choix que de gérer la frustration et de ne surtout pas perdre trop le rythme sous peine de se faire piéger. Il s’est fait chaparder Indian Wells par un Dominic Thiem dans un jour de grâce, il sait que la même chose peut se passer dimanche à Miami. Mais quoi qu’il arrive ce dimanche, Federer aura retrouvé depuis Dubai une immense confiance en son corps qui va le porter sans angoisse vers ses retrouvailles avec la terre battue et lui donner aussi et surtout d’énormes certitudes pour le seul titre qui l’intéresse cette année encore : Wimbledon. L’heure de la retraite continue d’attendre dans un coin, bien loin de la tête, du bras ou des jambes de Roger Federer.