La renaissance de Coppejans: "Je me sens plus fort que jamais"
Après deux ans de galère, Kimmer Coppejans, ancien vainqueur de Roland-Garros junior, est en route vers les sommets, plus fort que jamais.
- Publié le 05-02-2019 à 12h17
- Mis à jour le 05-02-2019 à 12h20
Après deux ans de galère, Kimmer Coppejans, ancien vainqueur de Roland-Garros junior, est en route vers les sommets, plus fort que jamais. Après une formidable parenthèse en Coupe Davis, Kimmer Coppejans a retrouvé sa vie normale. Mercredi, il jouera le deuxième tour du Challenger de Budapest doté de 53 400 $ contre le vainqueur du match entre Pavel Katov (ATP 319) et Matteo Viola (ATP 264). Le Brésil a rallumé une petite flamme qui couvait depuis quelques années.
Le héros d’Uberlandia a rappelé à toute la Belgique que son niveau actuel ne correspondait pas du tout à son classement (195e). En juin 2015, l’ancien vainqueur de Roland-Garros junior en 2012 était entré dans le top 100 à 21 ans, à une époque où tout lui réussissait.
"Mon enfance a été assez simple, reconnaît-il. Ma victoire à Roland-Garros a été confirmée par des premiers pas positifs sur le circuit ATP. Je ne dirais pas que ma vie était facile, mais tout tournait très bien."
L’Ostendais honorait alors sa première sélection en Coupe Davis lors d’un quart de finale à Middelkerke, à un lob lifté de son jardin d’enfance.
"Middelkerke appartient à mes plus beaux souvenirs. Ma famille et mes amis étaient présents dans les tribunes. Nous avions gagné lors d’un week-end parfait à tous les niveaux."
Il n’était pas préparé à vivre un séisme aussi violent que celui des six derniers mois de 2016. D’août à octobre, il a déambulé comme un zombie. Liberec, Trnava, qualif US Open, Saint-Remy, Istanbul, Izmir, Mons et Anvers, autant de tournois où il s’est déçu lui-même. "Une, deux, trois défaites d’affilée suffisent à remettre tout en question. À ce moment, tu commences à souffrir. Rien ne va plus."
Pendant deux ans, il a enchaîné la poisse. Il a d’abord dû changer de raquette car la sienne n’était tout simplement plus fabriquée.
Dans un même temps, il a changé d’entraîneur. Cette traversée du désert a duré près de deux ans.
"Je n’identifie pas un déclic précis. Le tennis ne revient pas en un match. Tout se remet en place petit à petit. Je songe à ma victoire en septembre de l’an passé à Séville. Ce titre en Challenger a fait du bien à mon classement, mais je sentais depuis quelques mois que je jouais à nouveau bien."
En mai 2018, il touchait le fond au classement avec une 371e place. En septembre, il était déjà 211e. "Et aujourd’hui, je me sens plus fort que jamais. Au Brésil, j’ai pu montrer mon véritable niveau de jeu. Lors des grands matchs, je suis plus confiant. Si je poursuis à ce niveau, je peux retrouver le top 100 . Pour le moment, je vise d’abord d’être repris comme tête de série dans les qualifs de l’US Open. Je bosse également pour améliorer mon classement afin d’être invité dans certains tournois ATP."
Kimmer Coppejans multiplie les atouts dans son jeu. Outre son talent et son sens du travail, il s’est renforcé physiquement l’hiver passé. À presque 25 ans, il ne s’estime pas encore au sommet de sa puissance. "Je voudrais aller chercher encore un peu plus de puissance. Je veux mettre plus de force dans mes frappes. Physiquement, je sens que j’ai une marge encore. Mentalement, je reviens bien dans le coup après mes deux années de galère. Au niveau de mon jeu, j’ai axé ma préparation sur mon service. Je me rends compte qu’il me rapporte gros lors des points importants."
Cette semaine, il joue donc le Challenger hongrois, mais il ignore encore le reste de son programme. Dans un coin de sa tête, il espère disputer au plus vite des tournois ATP, les seuls qu’un joueur de ce calibre devrait jouer.
"Goffin et Darcis sont intouchables"
L’Ostendais est déterminé à se battre pour jouer la phase finale de Coupe Davis.
Kimmer Coppejans a toujours aimé la Coupe Davis. Après des débuts fracassants en 2015, il avait été oublié lors de sa crise existentielle de 2016, 2017 et 2018. Ses rivaux offraient plus de garanties.
En 2019, il a capté toute la lumière des projecteurs à l’occasion de la première édition de la Coupe Davis 2.0. Face au Brésil, le plus grand changement concernait le format des matchs. "Je regrette la disparition des matchs au meilleur des cinq sets. Pour le reste, je n’ai pas senti de grands changements. L’atmosphère était toujours la même. Le public brésilien poussait à fond ses joueurs en n’hésitant pas à nous siffler ou huer."
Pour Kimmer Coppejans, une partie de l’identité du Saladier d’argent existe toujours. "Tout sportif qui se respecte aime jouer pour son pays. Je serai toujours présent pour mon pays. Quant à la Coupe Davis, nous sentirons plus le changement quand elle se passera sur un terrain neutre à Madrid en novembre."
Il ne s’en cache évidemment pas. Kimmer Coppejans fera tout pour figurer dans la sélection de novembre. "Au Brésil, j’ai saisi ma chance à 100 %. Le capitaine m’a laissé l’occasion de m’exprimer sur le terrain. Je l’ai fait. Les forfaits de David Goffin, de Steve Darcis et de Ruben Bemelmans m’ont ouvert une porte."
Cette porte pourrait se refermer à Madrid. En tennis, il est compliqué de faire des prédictions plusieurs semaines à l’avance. Alors, plus d’une demi-année à l’avance, il est impossible d’élaborer une liste des favoris.
"David Goffin et Steve Darcis sont intouchables. Derrière eux deux, tout est possible. J’ai envie d’y être. Si je suis repris, je serai le plus heureux des joueurs. Je suis prêt à trimer. J’espère que ce sera suffisant."
Outre le prestige sportif, les enjeux financiers ne manqueront pas en Espagne. Les joueurs présents toucheront 600 000 dollars contre 300 000 pour la fédération. Un quart de finale vaut 1,28 million pour les joueurs. Une demi-finale rapporte 1,5 million. Le finaliste perçoit 1,75 million alors que le pays vainqueur repart avec 2,4 millions sans oublier les 1,06 million versés à la fédération. On sait qu’en Belgique, un système de points (sélection, victoire, etc.) a été mis en place afin de répartir équitablement les recettes annuelles de Coupe Davis.
Le président de l’AFT André Stein avait allumé le feu en critiquant ouvertement l’ITF qui n’avait pas donné une wild card à la Belgique malgré ses deux finales lors des 4 dernières éditions. Kimmer Coppejans était du même avis. "L’ITF a commis une erreur en nous imposant ce tour de qualif’ , mais je suis ravi d’avoir joué au Brésil."
"J’ai eu besoin de temps pour digérer"
Les joueurs de tennis ont besoin de stabilité autour d’eux afin de développer un sentiment de contrôle qui gonfle leur confiance.
Kimmer Coppejans a vécu une double instabilité avec la perte de son fournisseur de raquettes et la rupture avec son coach. Ces deux épreuves n’ont pas été simples à gérer. Aujourd’hui, il a trouvé son bonheur chez Tecnifibre. "Je joue avec la 315 limited depuis un an, confie-t-il. Mon ancienne marque de raquette, Prince, n’a pas honoré les termes de son contrat. J’ai dû changer de raquette sans trouver dans un premier temps celle qui convenait à mon jeu."
Le tennis ne prend pas le temps d’attendre. "Mais j’ai eu besoin de temps pour l’apprécier à sa juste valeur. J’ai souffert durant 6 mois."
Comme un malheur n’arrive pas seul, il a changé d’entraîneur. Exit Tom Devries, son fidèle entraîneur depuis 7 ans. Mike Lynch, Olivier Coppejans et Carl Maes ont alors formé le triumvirat adapté aux besoins du joueur. "Avec Mike Lynch, le feeling était bon. Mon frère me prépare physiquement. Quant à Carl Maes, il me donne un coup de main via l’académie Clijsters. Je suis en contact régulier avec Mike même s’il ne voyage pas toujours avec moi."