D’Artagnan à l’assaut de Melbourne!
Stefanos Tsitsipas est en train de faire souffler un vent de fraîcheur de génie sur cet Open d’Australie.
- Publié le 22-01-2019 à 13h09
- Mis à jour le 22-01-2019 à 13h28
Stefanos Tsitsipas est en train de faire souffler un vent de fraîcheur de génie sur cet Open d’Australie.
“Une star en puissance”. Même Maria Sharapova n’a pas pu s’empêcher de tweeter son admiration pour Stefanos Tsitsipas. Le côté sang russe aussi sans doute, puisque la maman de la nouvelle star est Russe. Mais cela vous donne quand même une idée de l’ampleur que le phénomène “Tsitsi” est en train de prendre : tout le monde regarde le D’Artagnan du tennis jouer, du fan à la star du jeu ! Epatant de maîtrise face à Roger Federer, le gamin de 20 ans a confirmé mardi qu’il avait vraiment tout d’un cador. Créer l’exploit, c’est bien, mais le confirmer c’est ça qui compte, et le Grec l’a parfaitement fait face à Roberto Bautista Agut sur la Rod Laver Arena (7-5, 4-6, 6-4, 7-6).
Afin de devenir le plus jeune demi-finaliste à Melbourne depuis Andy Roddick en 2003 et le plus jeune en Grand Chelem depuis Novak Djokovic à l’US Open 2007, le nouveau dieu grec a passé le test de la muraille Bautista Agut. Certes, l’Espagnol a payé toutes les heures supplémentaires effectuées depuis le début de la quinzaine, mais il a surtout subi le panache et la justesse de jeu d’un Tsitsipas voltigeant sur ce central comme s’il avait déjà joué toutes les plus grandes finales du monde. Face à Federer, on avait vu son culot, sa créativité et son efficacité sous pression. Face à Bautista Agut on a vu combien il était dur au mal : un break de retard dans le premier set, un break de retard dans le troisième mais il a quand même gagné ces deux sets là. Alors que les deux joueurs disputaient leur premier quart de finale en Grand Chelem, c’est le jeunot qui a donné l’impression d’être le vieux renard, et ce jusqu’au bout d’un dernier jeu décisif mené en patron. Seulement une fois la balle de match gagnée, a-t-on vu l’émotion et le soulagement sur le visage de Tsitsipas. Allongé sur le dos sous l’ovation générale, là fut le seul instant où le prodige s’est autorisé à montrer qu’il n’était pas une machine à gagner.
Si Tsitsipas plaît tant et si les fans ne semblent pas prendre ombrage d’une assurance qui touche parfois à l’arrogance, c’est d’ailleurs parce qu’on sent que cette confiance en lui et cette rage de vaincre n’est pas mal placée. Il ne joue pas pour détruire ses rivaux, il ne joue pas pour être traité comme un prince : il fait tout ça pour lui. Tsitsipas n’est pas dans une lutte pour la domination du tennis mondial, il est là pour se prouver qu’il peut être le meilleur du monde. Alors forcément ça en fait quelqu’un de très centré sur lui, très plongé dans son monde, ce qui n’est pas arrangé par le fait que ce garçon a parfois l’air de vivre sur une autre planète. Mais ça le rend finalement aussi mystérieux que touchant. Alors qu’on sait qu’il est mis de côté dans les vestiaires, Tsitsipas - qui s’en moque totalement - a déjà réussi à créer une communion salutaire avec les publics du monde. Il a même aussi réussi à ne pas laisser l’image omniprésente de son père Apostolos faire de l’ombre à son jeu. Match après match à Melbourne, il donne une idée de la grande carrière qui l’attend peut-être. Spectaculaire, fin tacticien, joueur inspiré, très athlétique et offensif, il ne semble pas avoir de faille, juste un potentiel de diamant brut assez hallucinant. Il faudra évidemment attendre de voir sur la durée comment son corps va encaisser et, surtout, comment sa tête va résister au chant des sirènes. A Melbourne il lui reste deux matches à gagner pour créer un énorme séisme.