De la fronde dans l’air à l'ATP ?
Il se murmure à Melbourne que Chris Kermode, le boss du circuit masculin, pourrait bien être poussé vers la sortie.
- Publié le 13-01-2019 à 17h28
- Mis à jour le 14-01-2019 à 08h08
Il se murmure à Melbourne que Chris Kermode, le boss du circuit masculin, pourrait bien être poussé vers la sortie.
Le visage de Novak Djokovic s’est fermé quand un collègue britannique lui a dit qu’il savait qu’à la suite de la réunion des joueurs de samedi soir, le conseil qu’il préside avait voté à 5 voix contre 4 pour la non reconduction de Chris Kermode au poste de CEO de l’ATP. “Je ne sais pas d’où vous tenez cette information. C’est totalement confidentiel et je ne peux pas en parler ici. La décision n’a pas été prise.” Le board de l’ATP, composé de trois représentants des joueurs et trois représentants des tournois, doit se prononcer avant la fin du mois. Djokovic a seulement confié qu’il pensait que des choses devaient changer. “Evidemment on est satisfait des hausses de prize money en Grand Chelem mais il reste anormal que seul le Top 100 puisse vivre de ce sport. On doit faire plus pour la redistribution et les gains octroyés dans les premiers tours.”
Le Canadien Vasek Pospisil aurait, selon le Telegraph, envoyé un mail aux joueurs classés entre la 50e et la 100e place mondiale expliquant qu’il leur fallait désormais un CEO qui défendent leurs intérêts. Stan Wawrinka, cité par le Telegraph, a pris la défense de Kermode : “Toutes les pressions qu’il y a pour le virer me paraissent louches. Il a fait du super boulot et il faudrait une bonne raison pour l’évincer.” L’affaire devient si délicate que Roger Federer s’en mêle alors qu’il ne s’occupait plus de politique depuis sa sortie du conseil des joueurs après dix ans de présidence. Il a en tête la survie de sa Laver Cup, tout autant que l’idée qu’il se fait de l’organisation et du gouvernement du circuit. “Je ne sais pas ce qu’il se passe mais je vais aller parler à certains membres du conseil, et je veux savoir ce qu’il s’est dit à cette réunion. Je voudrais me faire une idée du sentiment général sur Chris Kermode. Je trouve qu’on sort de cinq ou six belles années avec lui. C’est un poste très important.”
Il a ensuite lâché une phrase qui a fait mouche : “J’ai besoin de parler avec Novak, Rafa et Andy pour avoir leur avis”. Plus que le conseil des joueurs, plus que l’avis de la majorité des joueurs, Federer veut réunir le Big 4 avant de choisir son camp. “C’est une période intéressante de transition, ce n’est pas forcément mauvais.” Depuis dix ans, aucune des grandes décisions du circuit ne s’est faite sans que le Big 4 ne les appuient, les provoquent ou les tolèrent. Leur influence dans tous les étages sportifs ou financiers du circuit, auprès des joueurs et des tournois est totale. Federer a donc signifié que les choses sérieuses commençaient. Si la rupture l’emportait sur le statu quo, cela entraînerait des confrontations en chaîne entre joueurs et tournois, entre joueurs et direction de l’ATP mais aussi sans doute entre les joueurs et les Majeurs représentés par l’ITF. Si Kermode sautait, ce serait le début d’un bras de fer inédit.