Alex de Minaur : enfin un Australien au sang froid
À 19 ans, Alex de Minaur ne s’inscrit pas dans la lignée de Tomic ou Kokkinakis.
- Publié le 09-11-2018 à 06h35
- Mis à jour le 09-11-2018 à 06h36
À 19 ans, Alex de Minaur ne s’inscrit pas dans la lignée de Tomic ou Kokkinakis.
À Milan, Alex de Minaur vit un rêve éveillé. Qualifié pour cette exhibition qui accueille les stars de demain, l’Australien voit sa présence en Italie comme "le fruit de sa régularité toute l’année".
En 2018, il avait démarré l’année en dehors du top 200 mondial. Certes, il avait déjà montré des bribes de son talent, mais le chemin semblait encore long pour ce compatriote de Lleyton Hewitt. Sur ses terres, il s’est régalé en atteignant la demi-finale à Brisbane et la finale à Sydney. Le gamin venait de se faire un nom en dehors de sa grande île.
Ballotté entre les circuits Challenger et ATP, il a poursuivi son écolage à grande vitesse. À 19 ans, il frappe avec vigueur aux portes du top 30 ! Il endosse déjà la lourde tâche d’être le n°1 d’un des pays dotés de la plus riche histoire à l’ATP.
Les fans aux Antipodes n’attendent que le feu vert pour s’enflammer et élever ce jeune homme au rang d’icône. Mais ils pensaient déjà tenir l’héritier de Pat Rafter ou de Lleyton Hewitt avec Bernard Tomic, Nick Kyrgios et Thanasi Kokkinakis. Tous trois auraient pu voir très grand, mais ils ont surtout brillé par leurs dérapages et leurs coups de colère.
Alex de Minaur n’appartient pas à la catégorie de ces bad boys en manque de buzz éphémères. Il veut défrayer la chronique par la palette de coups qui sortent de sa raquette.
Il aurait pu déraper plus d’une fois, notamment quand les journalistes ont testé son amour pour la patrie. En effet, ce natif de Sydney a passé son enfance à Alicante, en Espagne. Citoyen du monde, il est le fruit d’une maman espagnole et d’un papa uruguayen. À 5 ans, il a quitté l’Australie pour l’Europe du Sud. Il ne cache pas ses origines hybrides. "Je me sens Australien. J’y suis né. J’y ai grandi. J’ai toujours été bien accueilli. Je ne changerai pour rien au monde. En plus, l’Australie est une grande nation du tennis. Je veux en faire partie."
Initié au tennis en Espagne, il doit fuir le Vieux Continent car sa maman ne peut subvenir à ses besoins financiers. La fédération espagnole ne veut pas l’aider. En Australie, la famille de Minaur monte une société spécialisée dans le lavage de voitures. Avec l’aide de la fédé australienne, le financement de la carrière de cette jeune promesse est assuré. Les résultats plaident vite sa cause. Sur le circuit ITF, il ne perd pas de temps. Ses exploits en Coupe Davis junior, à Wimbledon ou encore à l’Australian Open le bombardent à la 2e place mondiale.
La transition vers la cour des grands se passe calmement. En Futures et en Challengers, il prend le temps de grandir tout en titillant déjà les Grands Prix. Les premiers succès contre des joueurs du top 100 tombent. En 2017, il se fait connaître avant de confirmer toute l’étendue de son talent en 2018.
Sa marge de progression demeure vaste. Ce petit gabarit, seulement 1,80 m, compense avec une détermination d’acier. De plus, il se nourrit de tous les conseils possibles. Lleyton Hewitt n’est pas étranger à cette éclosion. "Il a été phénoménal. Il m’apporte tellement. Je sens sa confiance. C’est précieux."
Australien jusqu’au bout des ongles, il a adopté le style aussie. Pour compenser son léger manque de puissance, il adopte un tennis hyper agressif à la Hewitt. "Mon style de jeu est un peu plus australien qu’espagnol, rigole-t-il. Je veux être agressif et aller au filet."