On a pris des nouvelles de Philippe Emond, ancien président de Virton: "L'Excelsior est devenu une machine de guerre"
Papa de Renaud, l’attaquant du Standard, Philippe Emond, ex-président de l’Excelsior, est avant tout un businessman
- Publié le 24-10-2018 à 11h55
- Mis à jour le 30-11-2018 à 09h48
Papa de Renaud, l’attaquant du Standard, Philippe Emond, ex-président de l’Excelsior, est avant tout un businessman Philippe Emond. On apprécie le personnage un peu, beaucoup, à la folie, passionnément ou pas du tout. Il dit ce qu’il pense et pense ce qu’il dit. Président de l’Excelsior Virton de 2010 à décembre 2016, il a terminé son deuxième mandat au moment où un sacré défi professionnel s’offrait à lui.
Le monde des voitures, c’est son dada. Malgré une vie professionnelle chargée, cet inconditionnel supporter des Diables Rouges qu’il a vus à l’œuvre en Russie prend le temps d’aller voir jouer son fils au Standard. Il se félicite aussi d’être, depuis près d’un an, grand-père d’un petit Ruben. "Avant, on associait Renaud à son père qui avait une certaine notoriété. Désormais, cela a basculé, je suis son papa. C’est marrant. C’est sympa", sourit-il.
Pouvez-vous nous rappeler les circonstances de votre départ de Virton en décembre 2016 ?
"La fin de mon second mandat est à mettre en parallèle avec deux choses. Primo. Sans vouloir entrer dans les détails, j’ai connu des problèmes de santé qui, aujourd’hui, m’obligent à m’astreindre à trois séances de kinésithérapie par semaine… durant minimum trois ans. Qu’on se comprenne bien : je ne suis pas handicapé mais un poil diminué. Secundo. Une opportunité professionnelle s’est mise en place début 2016. Le genre de négociation qui ne se fait pas en deux mois. Bref, repartir pour un troisième mandat était d’autant plus compliqué que je ne sentais pas la commune à fond derrière. Et, évidemment, c’était décourageant."
Vous avez réfléchi. Vous avez préféré renoncer. Pourquoi ?
"Si j’avais continué, trois scénarios étaient plausibles : soit il me serait arrivé quelque chose, soit j’aurais mal fait quelque chose, soit j’aurais fait tout mal. Le milieu des voitures est mon gagne-pain, pas celui du football. Voilà."
Renaud, votre fils, a quitté Virton à l’été 2013 (Waasland-Beveren puis le Standard depuis août 2015). Désormais, vous avez le loisir d’aller le voir jouer quand bon vous semble…
"À l’époque, je privilégiais mon engagement à Virton par rapport à la carrière de mon fils. C’est désormais différent. Et c’est bien gai. Entre-temps, je suis devenu grand-père et c’est un statut gratifiant. La vie change. Du coup, vu le cumul des fonctions (ma santé, Renaud, être grand-père, travail), je n’ai pas eu trop de mal à tourner la page Virton."
Aucun pincement au cœur ?
"Si. L’aventure humaine était réelle avec mes collègues. Cet arrêt, cette perte ne me laisse pas insensible ni indifférent. J’ai ressenti une petite souffrance liée au fait que le club a rencontré des difficultés pour me remplacer, mais aussi en voyant la situation se compliquer. Virton est devenu une machine de guerre et a pris une autre dimension avec le repreneur Flavio Becca : tant mieux. La nouvelle direction veut tourner la page Emond, ce que je comprends parfaitement."
Chiffre d’affaires : 300 millions
“Une des plus grosses concessions d’Europe”
Responsable BeLux du groupe Billia-Emond, Philippe Emond précise. “Un murging (fusion) a été réalisé (juillet 2016) avec un gros groupe suédois (Billia) coté en bourse en 2016 et qui veut grandir. L’objectif était de constituer une plaque avec les trois garages ex-Emond/ex-Konz pour en faire des Billia-Emond. À l’arrivée, nous sommes l’une des cinq plus grosses concessions d’Europe. C’est un gros challenge à relever. Il reposait sur moi de trouver un nouvel endroit pour construire un garage à Luxembourg. Je l’ai trouvé il y a deux mois. Il se situera en bordure de la Cloche d’Or (Gasperich) et sortira de terre d’ici trois ans. Trouver une faisabilité financière n’était pas si simple. On l’a trouvée. En parallèle, on a aussi re-dynamisé l’entreprise.”
Quelques chiffres valent mieux qu’un long discours : Philippe Emond, c’est actuellement huit garages (Belgique, France, GDL DONT trois avec le groupe Billia), 360 employés, 300 millions d’euros de chiffre d’affaire annuel, la vente de 4.500 voitures neuves BMW par an, 1.500 Mini (Cooper) mais aussi 4.000 véhicules d’occasion. De quoi donner le tournis.
Toujours le football
“Aller voir Virton”
Malgré le fait d’avoir pris congé de l’Excelsior, Philippe Emond avoue. “Je regarde les résultats. Je suis content de voir ce qui s’y passe et les moyens mis en oeuvre pour progresser. J’ai vraiment dans l’idée d’aller voir un match. J’irai tranquillement sans m’afficher dans les business seats. J’ai Virton dans mon coeur.”
Il a suivi, aussi, avec passion les Diables en Russie. Un noyau au sein duquel il espère voir son fiston un jour ? “Objectivement, mais c’est toujours délicat quand on est un papa, je regarde le football. Il y a deux incontournables (Lukaku et Batshuayi). Qui derrière en cas de blessure ? Et qui sur 2018 a des statistiques comme Renaud ? Bref. Je me dis qu’il ne doit pas être loin derrière ce duo. Il est sorti de sa tombe après deux années de galère.”
Footgate
“Il faut nettoyer”
“On flingue au mieux et le plus possible Mogi Bayat qui était, peut-être, le plus travailleur, le plus débrouillard. Il ne faudrait pas l’oublier. Mogi a fait des choses discutables. N’empêche, il a permis à des joueurs de faire carrière et il a fait des affaires avec plusieurs clubs. Par contre, il y a des règles. De temps en temps l’État belge va mettre son nez dans les restaurants, les fermes, les garages et voir si tout est bien géré. ll est logique de faire pareil avec le football. Aujourd’hui, on est hors limite. C’est un système à nettoyer. J’ai vécu quelques expériences avec Renaud. J’ai effectivement reçu, un jour, des appels d’agents qui ne s’occupaient pas de lui, qui avaient un contrat dans leur mallette, me demandant de travailler avec eux. Après coup et même si cela fait un peu mal au ventre d’éconduire une personne, il faut lui dire. ‘Vous pouvez… mais il faut se mettre à table avec le manager avec qui on a signé un contrat.’ Et dans ces moments-là, tout le monde se dégonfle.”