Des retrouvailles avec son pays pour le Sérésien Warsama Hassan: "J’avais quitté Djibouti à 2 ans"
Via la sélection nationale, le Sérésien Warsama Hassan a pu retrouver sa terre natale... dix-huit ans plus tard.
- Publié le 18-09-2019 à 12h46
- Mis à jour le 19-09-2019 à 10h37
Via la sélection nationale, le Sérésien Warsama Hassan a pu retrouver sa terre natale... dix-huit ans plus tard. Le 4 septembre dernier, Warsama Hassan Houssein, médian de Seraing formé au Standard et à Genk, vivait une expérience inoubliable : sa première sélection nationale avec… Djibouti.
Était-ce votre première convocation ou n’aviez-vous pas su répondre favorablement à une précédente ?
"J’avais déjà connu l’honneur de sélections chez les jeunes avec les U15 et U16… belges. Mais, émanant de la fédération de Djibouti, c’était en effet ma première convocation. J’avais déjà eu des contacts avec Julien Mette, le coach français qui s’était déplacé à Seraing lors d’un séjour en France fin de saison dernière."
Comment avez-vous vécu ce moment ?
"Comme une grande fierté."
Que connaissiez-vous de Djibouti, où vous êtes né ?
"J’y ai passé trois semaines magnifiques. En fait, je suis arrivé en Belgique à l’âge de 2 ans et… je n’y étais jamais retourné ! Si mon papa est déjà venu en Europe, mes oncles, mes cousins… je ne les avais plus vus depuis 18 ans ! J’avais vraiment hâte de retourner au pays. De le découvrir."
Et donc ?
"C’est assez désertique avec un thermomètre pouvant atteindre 45 degrés ! J’ai visité, mais j’en ai surtout profité pour rester en famille."
Et entrer dans l’histoire du foot djiboutien qui n’avait jamais passé ce tour préliminaire pour la Coupe du monde !
"L’aller, à Djibouti, nous l’avons emporté 2-1 (contre Eswatini) et j’ai eu l’honneur de sortir sous les applaudissements des 10 ou 15 000 spectateurs à cinq minutes du terme. Le peuple a fait la fête dans les rues, c’était un événement. Imaginez que l’équipe nationale avait été dissoute durant deux ans avant l’arrivée du coach français il y a un an."
Mais il y avait un match retour à Eswatini…
"J’ai été malade les deux jours précédents. Je ne suis donc entré que pour la dernière demi-heure. On s’est fait copieusement dominer, en parvenant tout de même à garder le score (0-0). Entre joueurs, on était convaincus que l’on pouvait le faire, mais pour le public, c’était inespéré. Après le match, cela a été de la folie, on courait tous dans tous les sens. On savait que l’on venait d’écrire l’histoire puisque jamais nous n’avions réussi à franchir ce tour préliminaire pour disputer les matchs de poule qualificatifs pour une Coupe du monde !"
Place aux duels avec de grandes nations alors ?
"Ces 6 matchs, ce sera une belle expérience. L’Algérie, le Sénégal, la Tunisie… que de belles affiches ce serait pour nous. J’espère jouer en équipe nationale très longtemps."
Êtes-vous le seul joueur de la sélection à évoluer à l’étranger ?
"Oui, tous mes coéquipiers jouent au pays. J’étais donc accueilli comme quelqu’un devant apporter un plus. Et les attentes sont encore plus fortes vu que Hassan, mon papa, a été le plus grand joueur du pays !"
Les félicitations ont-elles été nombreuses ?
"Oui, d’amis, de la famille, de l’entourage et des supporters. Puis aussi, à Seraing, au retour après 9 heures d’avion."
“Une grande fierté de voir mon fils en équipe nationale”
Si Warsama Hassan est déjà aimé au pays, il le doit principalement à son paternel Hassan Houssein, un des éléments les plus talentueux qu’ait connus la République de Djibouti. Depuis son domicile, il a bien voulu, via l’intermédiaire de son fils, répondre à nos questions.
Parlez-nous un peu de vous…
“J’étais milieu de terrain et j’ai joué entre 1979 et 1994. Ma carrière internationale s’est étendue entre 1981 et 1989. Avec, comme souvenir le plus marquant, ma première convocation à 19 ans.”
Quel a été votre sentiment au moment de voir Warsama appelé à jouer en équipe nationale ?
“Une grande fierté de le voir intégrer la sélection à 20 ans.”
Comment jugez-vous ses deux prestations contre Eswatini ?
“Warsama était évidemment très stressé, mais peut se montrer satisfait de ses débuts internationaux. D’ailleurs, tous les remerciements et les félicitations reçus témoignent du contentement des Djiboutiens. Puis, surtout, il s’agit d’une qualification historique.”
Que pensez-vous de la carrière de votre fils et le suivez-vous ?
“Malgré les milliers de kilomètres entre Djibouti et la Belgique, je m’attache à suivre ses prestations et son évolution. Je lui souhaite le meilleur, une belle carrière et, surtout, d’être épargné par les blessures.”
Av(i)ez-vous une idole ou un club que vous support(i)ez ?
“Je suis un grand fan du Bayern Munich, dont je ne loupe quasiment jamais un match. Concernant votre pays, j’ai vraiment apprécié Enzo Scifo, l’un des joueurs les plus talentueux de sa génération.”
“Un penalty raté, mais on a gagné”
Si le milieu de terrain s’est mis en évidence, il a aussi dû remercier ses équipiers.
“J’avais beaucoup d’appréhensions au vu des attentes des supporters. J’avais réussi à faire abstraction de toute pression dans mon rôle de numéro 8 relayeur. Hélas, j’ai manqué l’occasion d’inscrire mon premier but en sélection en manquant la conversion d’un penalty. Heureusement, un équipier avait bien suivi et, au final, nous l’avons emporté. C’était historique, la dernière victoire du pays remontant à 12 ans.”