Griffin, amputé d’une main, en NFL ? "Je veux inspirer les personnes" (VIDEO)
L’Américain de 22 ans participe à la draft en cette fin de semaine et pourrait signer dans une équipe pro
- Publié le 26-04-2018 à 11h26
- Mis à jour le 16-09-2018 à 17h48
La ligue américaine de foot us (NFL) organise la “draft” ce week-end à Arlington, dans le Texas. Plusieurs joueurs universitaires espèrent à cette occasion séduire l’une des franchises et commencer la saison 2018 chez les pros.
Si les espoirs sont ténus pour certains alors que cela sera une formalité pour d’autres, des histoires attirent inévitablement l’attention, du genre de celles qui, un jour, seront portées sur grand écran. C’est sans nul doute le cas de Shaquem Griffin, dont l’histoire va vous plaquer au sol. Comme tout quaterback que le Floridien veut renverser sur son passage, tels les obstacles se mettant en travers de sa route. Shaquem Griffin n’est pas seulement un footballeur américain. C’est un jeune homme de 22 ans, qui n’écoute pas ce que les esprits chagrins peuvent lui dire, le cantonnant à un rôle dans l’ombre.
Shaquem Griffin croit en ses rêves et fera tout pour les atteindre, même si la nature ne l’a pas forcément gâté. Ce beau bébé de 1,88m et 104 kg a en effet été amputé de la main gauche à l’âge de quatre ans. Il souffrait de la maladie des "brides amniotiques", une malformation qui empêchait ses doigts de se développer normalement. La souffrance provoquée était telle que les parents de Shaquem ont dû se résoudre à faire amputer leur enfant, qui ne supportait plus la douleur. Elevé au biberon du ballon oval, beaucoup d’autres auraient renoncé à leur rêve. Ce n’est pas le cas de Shaquem. Lui, depuis tout petit, s’est donné corps et âme afin d’intégrer la NFL. Et ce n’est pas seulement sa particularité physique qui impressionne les observateurs.
Si Shaquem devrait bien disputer bien la saison 2018 de NFL, il ne le doit qu’à lui-même. Mais aussi à sa famille qui a toujours tout mis en oeuvre pour qu’il puisse se développer comme si de rien n’était. Griffin senior, Terry, a ainsi construit dans le garage familial un petit gymnase avec des engins qui ont permis à Shaquem de se développer. "C’était dur", se souvient Shaquem. "Mon père était un peu comme un scientifique fou dans son garage. Je vous l’assure. Je rentrais de l’école et faisais quelques pompes. Puis, dans le garage, on entendait toutes sortes de bruits bizarres. Et je savais que le lendemain, mon papa avait fabriqué quelque chose qui m’était destiné. Tout ce que j’ai fait, mon père l’a fait en premier, histoire d’être sûr que cela soit sans danger pour moi. Une fois qu’il s’y était adonné, le feu était vert. Mon père se montrait dur vis à vis de moi mais c’était pour de bonnes raisons. Il voulait faire en sorte que je reste fort et que je puisse être compétitif avec n’importe qui. Je dois vraiment le remercier à ce sujet. Sans cela, je ne serais probablement pas là où j’en suis aujourd’hui."
"Je ne laisserai jamais qui que ce soit me mettre des limites"
Sa force, Shaquem la tire évidemment de son vécu. Le Floridien se nourrit des perfidies ne lui prévoyant pas un avenir dans le ballon oval en raison de l’amputation de sa main gauche. "Il y a eu tellement d’histoires et de personnes qui m’affirmaient que le footballeur américain, c’est un sport destiné à des personnes qui ont deux mains valides ; je sortais pourtant sur le terrain et je me faisais mal", raconte Shaquem Griffin dans la presse outre-Atlantique. "J’aurais pu être cette personne qui se disait que cela ne vaudrait pas la peine de se faire mal ou de travailler dur, mais je ne laisserai jamais qui que ce soit me dire ce que je ne pourrais pas faire ou me mettre des limites.. Parce que je sais ce dont je suis capable."
Shaquem Griffin sculpte son corps depuis tout petit. Le Floridien travaille sans relâche, excelle dans plusieurs sports mais lui et son frère jumeau, Shaquill, se voient offrir une bourse à l’Université de Floride UCF. L’aventure pouvait continuer et le rêve prendre de l’ampleur. Avec Frost aux commandes, Shaquem travaille sans relâche. Le Floridien montre à tous les amateurs de foot us qu’il n’est pas simplement un infirme mais aussi, voire surtout, un athlète accompli. Il héritera même du titre de de joueur defensif de l’année. “Rien de ce qui lui arrive n’étonne ceux qui le connaissent réellement”, soutient Scott Frost, son entraîneur à l’UCF, qui travaille maintenant dans le Nebraska. “Il a un coeur tellement énorme et c’est un athlète si talentueux. Les equips de NFL peuvent encore et toujours m’appeler ou téléphoner à une personne de mon staff de l’époque: ils n’entendront que des critiques élogieuses.”
Le linebacker ne se repose pas sur les lauriers que ceux qui le connaissent lui tressent. “Tout ce que je dois faire, c’est de m’assurer de travailler assez dur pour atteindre mon rêve”, assure Shaquem Griffin. “Je dois m’assurer d’être meilleur que tout le monde parce que cela se verra et cela paiera sur le long terme. Je suis sûr que je l’ai fait (au Combine, où les universitaires démontrent leurs capacités). Même au point où j’en suis arrivé, je sais qu’il y aura toujours du monde pour douter que je peux y arriver. Mais je suis excité de montrer ce dont je suis capable et de prouver à nouveau à tout le monde qu’ils ont tort. Les remarques ne m’arrêteront jamais."
"Je ne serai jamais satisfait de ce que je fais"
Souriant, disponible, aimable: Shaquem Griffin rayonne déjà en NFL un monde aux premiers abords froid, grâce son sourire en coin, son charme et de son charisme. Lors du Combine, le Floridien détonne et étonne. Il a ainsi couru 40 yards (36 mètres) en 4 secondes et 38 centièmes. Aucun linebacker n’avait fait aussi bien depuis 2003. Et à l’aide d’une prothèse, il a soulevé une barre de 103 kg lors du développé couché. Rien moins que ça… “Je m’étais mis des objectifs assez élevés. Je savais que je pouvais courrir vite. Je devais tout mettre en ordre et m’assurer de rester concentrer sur mes objectifs. Quand j’ai senti que tout le monde me soutenait lorsqu’il a fallu soulever des poids, cela m’a beaucoup aidé. De plus, je me débrouille bien quand il s’agit d’interagir avec les gens. Je voulais m’assurer que tout le monde apprécie de discuter avec moi."
Shaquem parviendra-t-il à imiter son frère Shaquill, avec qui il entretient depuis toute son enfance une saine emulation et qui a été drafté l’an dernier par les Seahawks de Seattle ? “Je cherche juste une chance, une occasion de trouver une équipe. J’ai parlé à mon agent (Buddy Baker) à ce sujet. Je ne sais pas où j’irai mais je sais une chose : si une équipe me choisit, ils auront un joueur spécial. Je suis prêt à montrer ce dont je suis capable et que je peux être utile pour atteindre les buts fixés."
Mais signer dans une équipe de NFL ne signifierait pas l’aboutissement du rêve de Shaquem Griffin. “J’ai traversé tellement de choses depuis que je suis petit que je ne me montrerai jamais content de ce que j’obtiens. Je ne serai jamais satisfait de ce que je fais. Il ne s’agit pas de voir ce que je peux faire pour moi, mais ce que je peux faire pour être ce type de figure qui inspire les personnes : ‘S’il l’a fait, c’est que je peux le faire et je vais m’assurer d’y parvenir’.”