Les coureurs doivent-ils avoir peur de donner leur sang ?
Le 13 juin était la "Journée mondiale du sang". L’occasion de se poser une question qui taraude l’esprit des coureurs. Le don de sang est-il compatible avec la performance ?
- Publié le 14-06-2017 à 10h18
- Mis à jour le 14-06-2017 à 20h30
Le 13 juin était la "Journée mondiale du sang". L’occasion de se poser une question qui taraude l’esprit des coureurs. Le don de sang est-il compatible avec la performance ? Beaucoup de coureurs hésitent à donner leur sang car ils craignent que cela n’altère leurs résultats sportifs. Ils n’ont pas tout à fait tort. Pas tout à fait raison non plus.
Dans le dernier numéro de Zatopek, un article très sérieux écrit par Louise Deldicque et Marc Francaux (Université Catholique de Louvain) faisait le point sur la question en se basant sur les résultats de 18 publications scientifiques fiables et reconnues.
Première remarque : les exercices explosifs ne sont pas concernés. Sprinteurs, sauteurs, lanceurs : vous pouvez donner votre sang en toute sérénité. Le soir même, il arrive que l’on se sente un peu flagada. Mais le lendemain, vous reproduirez les performances sans altération. Pas de souci, donc !
Pour les disciplines d’endurance, c’est un peu plus compliqué. Le don de sang (470 millilitres) diminue effectivement la concentration en hémoglobine (-4 %). La capacité de consommation maximale d’oxygène (VO 2 max) baisse (-7 %) et la performance maximale aussi (-10 %). Cela compte pour celui qui ambitionne de bien figurer dans une compétition. Heureusement, ces altérations sont temporaires. Après 2 jours, les valeurs commencent déjà à revenir vers la normale et la majorité des études montrent un retour aux normes dans les 2, 3 ou 4 semaines qui suivent. Sachant que l’on préconise de donner son sang un maximum de 3 à 4 fois par an, cela offre de belles périodes de planification des compétitions entre les dons de sang (ou l’inverse) sans qu’il soit nécessaire pour autant de revoir tout son planning d’entraînement. Les études montrent en effet que les paramètres des performances sous-maximales ne sont pas modifiés.
Rien ne s’oppose donc à ce que l’on soit coureur à pied et donneur de son sang. À condition de ne pas s’y prendre n’importe comment et de respecter une abstinence d’un mois avant une compétition importante. Telle était la conclusion de l’article. Bien sûr, on trouvait plus de détails dans le magazine. Notamment sur l’influence des dons de sang répétés sur le statut en fer ou encore sur les autres dons possibles : plaquettes, plasma.
Un dossier cinglant et sanglant !
Don de sang, mode d'emploi
Pour donner son sang en Belgique, rien de plus simple. Il faut avoir plus de 18 ans et peser plus de 50 kilos. Il suffit alors de consulter le site transfusion.be pour savoir où les prochaines collectes seront organisées. L’opération dure entre 10 et 20 minutes et on en ressort plus léger d’un demi-kilo environ. Pendant l’heure qui suit, il arrive que l’on se sente faiblard. Surtout les novices. On conseille alors de ne pas reprendre trop vite le cours de ses activités et même de se sustenter légèrement. La plupart des centres offrent à boire et à manger. Quelques heures plus tard, l’organisme a parfaitement recouvré son équilibre et on ne ressent plus rien du geste accompli, sinon une légitime fierté d’être venu en aide à son prochain; cette préoccupation n’étant pas l’apanage des croyants. Qu’on se le dise !