Toma Nikiforov de retour: “Si on me dit de combattre demain, j’y vais !”
Notre champion d’Europe brûle d’envie de revenir à la compet’. Ce sera le 24…
- Publié le 06-02-2019 à 06h47
- Mis à jour le 06-02-2019 à 08h12
Notre champion d’Europe brûle d’envie de revenir à la compet’. Ce sera le 24… L’entraînement est terminé, ce mardi, à Herstal. Toma Nikiforov enlève son judogi, prend une paire de ciseaux et découpe l’énorme emplâtre qu’il porte pour protéger son genou droit dont il a été opéré le 24 août. Souriant, il enfile un t-shirt et se dirige vers la douche.
Dans le hall omnisports, recouvert d’un immense tatami pour le stage international, Damiano Martinuzzi l’attend. Puis, l’entraîneur reçoit une photo de Toma sur son téléphone. Dans la buée de la douche, il a écrit : "105,5 kg, le prix de la sueur".
Notre champion d’Europe -100 kg est heureux et le manifeste. Heureux d’avoir retrouvé ces tatamis d’entraînement après une revalidation de cinq mois suite à une déchirure des ligaments antérieurs. Une éternité pour lui qui, quand il ne dort pas, ne tient pas en place. Il le sait, il le sent : son retour à la compétition approche. Si le timing est respecté (et il n’y a vraiment pas de raison qu’il ne le soit pas…), ce come-back est prévu le 24 février, à Düsseldorf. Mais… "Si on me dit de combattre demain, j’y vais !" lance le Bruxellois, très impatient.
Toma, votre visage en dit long sur votre bonheur d’avoir retrouvé les tatamis. Comment vous sentez-vous ?
"De mieux en mieux ! Je suis, surtout, de retour là où je me sens le mieux, à l’entraînement. Si je le pouvais, j’entrerais dans la salle avec deux ou trois flik flak salto, tellement je suis heureux ! Mais il ne vaut mieux pas. Ce serait bête de me blesser comme ça… Après une aussi longue revalidation, je suis revenu progressivement. En fait, j’ai vraiment recommencé à Mittersill, début janvier, en prenant des plus légers, des -73 ou -81 kg, pour éviter tout risque. Même si, en judo, on en prend toujours à partir du moment où on monte sur le tatami. C’est bizarre à dire, mais je me sens plus en sécurité quand j’attaque. Je n’aime pas subir un combat, même à l’entraînement… Puis, j’ai passé quelques jours à Papendal, où j’ai commencé avec des -90 et quelque -100 kg. Mais je me limitais à trois ou quatre randoris (simulation de combat) et, surtout, je m’arrêtais dès que je ressentais une douleur."
Avez-vous encore mal ?
"Bien sûr ! En temps normal, on s’entraîne sans douleur. Ici, je m’entraîne jusqu’à la douleur. Mais j’avoue que j’ai du mal à dire : ‘Aïe, j’ai mal !’ Ici, à Herstal, je sens que je monte en puissance. J’ai pris le Croate, le Suédois, le Britannique et je les ai jetés ! C’est bon pour la confiance… Et, ce mardi matin, j’en suis à six randoris. Franchement, ça va ! Mais je me contenterai quand même d’une séance. Je ne veux pas, ou plutôt je ne peux pas, brûler les étapes car, à la moindre bêtise, je reviendrais en arrière."
Votre retour à la compétition est prévu le 24 février, à Düsseldorf. Qui en a pris la décision ?
"Il s’agit d’une décision collective. J’ai, d’abord, dû attendre le feu vert du chirurgien pour reprendre l’entraînement, à Mittersill. Ensuite, ce lundi, j’ai passé mes tests isocinétiques et ils sont bons ! Les résultats nous ont permis, avec mon coach Damiano Martinuzzi et mon kiné Quentin Ramboux, de valider la date de mon retour. Ce sera Düsseldorf ! Si je me sens prêt. Mais je le suis ! J’aurais déjà bien combattu à Visé…"
"Au 4e étage avec les béquilles"
Avez-vous douté pendant cette longue période de revalidation ? Et, au fond, qu’est-ce qui fut le plus dur à vivre ?
"Non, je n’ai jamais douté que je reviendrais ! Quant au plus dur à vivre, ce furent toutes ces séances chez le kiné. Deux heures par jour, six jours sur sept. Sincèrement, je tiens à le remercier pour sa patience, mais aussi pour ses conseils. Il y avait également un avant et un après-séances chez lui parce que j’avais des exercices à réaliser par moi-même. La revalidation de cette blessure fut longue. Le plus dur fut aussi de ne pas pouvoir dépenser toute cette énergie que je mets à l’entraînement. Mais le plus délicat fut sans doute pour mon entourage, mes parents, mon frère, ma copine. Heureusement, elle est venue vivre avec moi début septembre. Et elle fut un vrai réconfort."
Vous connaissant, vous deviez être intenable, non ?
"Oui ! La première semaine, j’ai réveillé mon frère toutes les heures de la nuit pour qu’il m’apporte de la glace. Je la mettais sur mon genou, je m’endormais et, une heure plus tard, quand elle avait fondu, je rappelais Dilyan pour qu’il m’amène une autre poche de glace. Et puis, il y eut ces béquilles. Facile quand vous habitez au quatrième étage ! Moi, je m’en suis servi comme défouloir en descendant et en remontant les escaliers plusieurs fois par jour ! Plus tard, quand j’en ai été débarrassé, j’avais encore plus envie de bouger. Je me réveillais la nuit, je téléphonais à un pote et nous filions à la salle de sport près de chez moi. Elle est ouverte 24 heures sur 24. Alors, oui, mon entourage a souffert. Mais cette épreuve a encore renforcé nos liens…"
"Je suis éloigné de mon p’tit frère"
Toma, vous revoilà à l’entraînement, du côté néerlandophone… Comment vivez-vous cette situation ?
"Écoutez, j’aurais préféré que rien de tout ça n’arrive ! D’autant qu’on a licencié mon entraîneur sans me prévenir… À la Fédération francophone, on dit qu’il faut mettre l’athlète au centre des préoccupations, mais on fait le contraire ! En tout cas, ce fut le cas pour moi. Mais je ne cherche pas à polémiquer. En fait, ça ne change rien. Avec Damiano, on a gardé la semaine type d’entraînements et on est repartis de l’avant. Je n’ai pas de temps à perdre si je veux atteindre mes objectifs, à court et à moyen termes."
Visiblement, il existe un lien particulier entre vous et Damiano Martinuzzi…
"Oui ! C’est avec lui que j’ai obtenu 90 % de mes résultats. Et puis, il faut bien l’avouer, on se ressemble ! On est, disons, explosifs tous les deux. Il y a un bon feeling entre nous, même si, parfois, au cinquième randori, quand je l’entends crier ‘Allez !’ , j’ai envie de lui répondre ‘Allez toi-même !’ Non, ce qui me chagrine le plus lors des entraînements en Belgique, c’est d’être éloigné de mon p’tit frère. Je ne sais même plus si je peux encore le conseiller. Si ce ne sera pas mal vu par les entraîneurs…"