Nicolas Colsaerts: "La Ryder Cup, c’est une autre dimension"
Le Belge a disputé l’épreuve en 2012. Il évoque la magie qu’elle dégage.
- Publié le 27-09-2018 à 08h20
- Mis à jour le 27-09-2018 à 12h09
Le Belge a disputé l’épreuve en 2012. Il évoque la magie qu’elle dégage. Il fut, en 2012, l’un des héros de la fameuse victoire européenne à Medinah. En état de grâce, il avait même battu, associé à Lee Westwood, le grand Tiger Woods dans un match de double mémorable. De son propre aveu, Nicolas Colsaerts n’a jamais vécu dans toute sa carrière un moment aussi fort. À la veille du coup d’envoi de la Ryder Cup 2018, le Belge évoque la magie de cette compétition pas comme les autres qui fait à jamais partie de son ADN.
Comment expliquez-vous qu’une compétition de golf puisse déchaîner tant de passions ?
"Le golf est un sport individuel. Là, soudain, il se transforme en sport d’équipe. Avec, en toile de fond, un véritable défi entre les meilleurs joueurs américains et européens. C’est l’honneur qui est en jeu. La recette est magique. En réalité, pour un golfeur, la Ryder Cup, c’est un peu la finale de la Ligue des Champions ou de la Coupe du Monde en football. C’est unique. On se sent investi d’une véritable mission."
Les plus grands champions semblent même sous pression…
"Oui. C’est normal. Tout est différent en Ryder Cup : l’enjeu, l’ambiance, la formule du match play. Il y a de l’électricité dans l’air à tous les niveaux. On ne joue plus pour soi, mais pour un team. Sur le tee n° 1, tout le monde tremble. Les visages se transforment. Et, une fois lancés dans la bagarre, même les joueurs les plus introvertis deviennent de véritables guerriers !"
Parlez-nous de l’ambiance dans les vestiaires.
"C’est très spécial. Les meilleurs joueurs du monde, généralement si individualistes, se retrouvent subitement ensemble. Avec le même maillot sur les épaules. Et la magie opère tout de suite. Plus question d’ego. Chacun devient solidaire de l’autre. On s’encourage, on se motive, comme dans une équipe de foot. Le groupe devient essentiel. C’est encore plus fort que de représenter son pays."
Tout cela crée des liens…
"Oui. C’est une expérience incroyable. À Medinah, en 2012, j’étais le petit nouveau. Mais j’ai été accueilli à bras ouverts par les barons, genre Poulter, Westwood, Stenson ou Garcia. Depuis, on fait un peu partie de la même famille. Quand je croise Ian Poulter sur un tournoi, je m’assieds à sa table. Et on rigole comme de vieux potes."
Grâce à la toute-puissance du PGA Tour, les Américains sont un peu les caïds du golf mondial. Cela motive-t-il encore davantage les Européens ?
"Il y a une grande rivalité, c’est sûr. Une question d’orgueil. La Ryder Cup est une merveilleuse vitrine pour mettre en avant le golf européen. Alors, on se serre les coudes. Je me souviens qu’en 2012, les semaines avant la compétition, je recevais des encouragements de joueurs de l’European Tour à qui je n’avais quasiment jamais parlé. Le duel est d’une dimension qui dépasse largement le golf."
"Pieters avait aussi une bonne chance"
Nicolas Colsaerts croit que l’équipe européenne peut récupérer le trophée
Sur le papier, l’équipe américaine semble plus forte. Pensez-vous que l’Europe a néanmoins une chance ?
"Oui, bien sûr. Ce sera du 50-50. Les joueurs américains sont mieux classés. Mais cela n’a pas grande importance. La Ryder Cup, c’est du match play, une formule où le mental joue un rôle essentiel. À l’arrivée, tout se décide sur des détails, sur un putt qui entre, sur un coup du destin."
Le parcours semble avantageux pour les Européens.
"À ce niveau, c’est relatif. On parle des meilleurs joueurs du monde. Le Golf National est un parcours exigeant, où il faut être précis. La technique aura plus d’importance que la longueur. C’est du target golf à l’état pur. C’est vrai que des gars comme Molinari, Hatton, Fleetwood aiment ce style de jeu. Mais les Américains ont du répondant !’
Avez-vous été surpris par les quatre wild cards du capitaine européen Thomas Bjorn ?
"Pas vraiment. Il y avait cinq rookies qualifiés, il fallait forcément les encadrer par des joueurs plus expérimentés. J’étais persuadé que Poulter, Stenson et Casey feraient partie des repêchés. Pour le quatrième, j’avais un doute entre Garcia, Cabrero Bello et Pieters. Il a opté pour le premier, qui a également beaucoup de planches."
Auriez-vous personnellement sélectionné Thomas Pieters ?
"S’il n’y avait pas eu cinq rookies dans l’équipe, probablement. Thomas n’a pas signé une grande saison mais il revenait fort. Et puis, c’est un joueur offensif qui, lors des fourballs, peut facilement réussir sept ou huit birdies. C’est très important. Mais, là, les circonstances étaient différentes. Bjorn avait besoin de champions rôdés à la Ryder Cup. Et Sergio est aussi un fantastique joueur de match play."
Que pensez-vous du retour de Tiger Woods ?
"C’est un incroyable come-back. Depuis plusieurs semaines, on s’y attendait. Il y avait des signes. Je ne sais pas où sont désormais ses limites. Si son corps ne le lâche pas, il peut encore gagner les plus grands tournois."
Cela vous fait-il bizarre de suivre cette Ryder Cup sans être sur le terrain ?
"Un peu, mais je suis content d’être là. Je serai pendant trois jours l’ambassadeur Rolex. J’apporterai aussi mon expertise à la chaîne britannique Sky. Et puis, j’ai la chance de loger à l’hôtel des joueurs. J’irai sans doute leur faire un petit coucou dans la team room…"