Les adieux de la reine Vonn: "Lindsey a donné un visage au ski féminin"
Karen Persyn, la meilleure skieuse belge de l’histoire, a bien connu l’Américaine, qui disputera sa dernière course, en descente, ce dimanche aux championnats du monde d’Are.
- Publié le 09-02-2019 à 07h17
- Mis à jour le 10-02-2019 à 09h08
Karen Persyn, la meilleure skieuse belge de l’histoire, a bien connu l’Américaine, qui disputera sa dernière course, en descente, ce dimanche aux championnats du monde d’Are.
Ce dimanche, c’est avec émotion que Lindsey Vonn prendra place une dernière fois dans le portillon de départ des championnats du monde d’Are. Un ultime envol, une dernière descente pour, l’Américaine veut encore y croire, un dernier coup d’éclat ? L’issue de cette course ne changera en tout cas plus rien à l’immense carrière de celle qui peut être considérée, à ce jour, comme la meilleure skieuse de tous les temps. Au faîte de sa carrière, Vonn était capable de tuer tout suspense, de réduire à néant la "glorieuse incertitude du sport" tant sa domination s’exerçait sans partage.
"Ses qualités de vitesse sont vraiment énormes (NdlR : elle codétient le record féminin avec 138 km/h) , Lindsey est hyper forte en glisse", explique Karen Persyn, la première Belge à avoir récolté des points en Coupe du monde. "Sa grande force, c’est la fluidité de ses trajectoires. Même quand elle sort des lignes, elle est capable de tailler sur les carres du ski pour revenir dans le coup. Et puis, elle est dotée d’un mental de championne ! Dès qu’il y avait un record à sa portée, on pouvait être certain qu’elle allait répondre présent. Elle était très sûre d’elle et à certaines périodes, au départ d’une descente, on ne s’interrogeait pas toujours sur l’identité de la future gagnante mais plutôt sur l’écart que Vonn allait creuser sur ses concurrentes."
Avec des skieuses de la trempe de Maria Riesch, qui lui a livré une furieuse bataille pendant plusieurs années, d’Anja Pärson ou encore de Tina Maze, Lindsey Vonn n’a pas manqué d’adversité. Ce qui ne l’a pas empêchée de remporter quatre Globes de cristal sur cinq de 2008 à 2012, pour une deuxième place. "À ce moment-là, elle était la plus forte de toutes, sans aucun doute !", acquiesce Karen Persyn, qui a fréquenté la future star américaine - alors Lindsey Kildow - sur le circuit juniors puis lors d’entraînements communs et de compétitions en Coupe du monde. "Elle n’est pas arrivée d’un coup au sommet du ski alpin, son ascension a été très progressive. On ne peut pas dire qu’elle a révolutionné le ski, comme Shiffrin est en train de le faire en étant toute jeune encore. Mais on peut dire qu’elle a bien travaillé et qu’elle a fait beaucoup pour la discipline au plan médiatique, ça c’est certain !"
Incarnant la discipline comme personne ces quinze dernières années, après être devenue le visage du ski alpin à l’heure où les hommes aussi se cherchaient un véritable leader, Lindsey Vonn a su jouer des codes pour asseoir sa popularité. "Elle a valorisé le ski féminin aux yeux de beaucoup de monde, en montrant qu’il n’y avait pas des demi-mecs sur le circuit et qu’on pouvait être féminine tout en signant de grandes performances sportives. Aujourd’hui, je pense qu’il n’y a pas beaucoup d’hommes qui ignorent qui est Lindsey Vonn !", lance Karen Persyn. "Après, je sais que son comportement un peu double pouvait agacer aussi. Devant les caméras, on la voyait se plaindre de l’une ou l’autre douleur, puis à l’entraînement, une heure plus tard, elle se livrait comme jamais. Avec elle, on ne savait jamais trop quelle était la part de comédie dans son discours."
Une chose est certaine : la championne américaine aura marqué son époque et sa discipline de son empreinte de géante. "Son palmarès est éloquent : elle est bel et bien la plus grande skieuse de l’histoire", conclut l’Anversoise.
"J'aurai mal le reste de ma vie"
Lindsey Vonn ne le cache pas : sa relation au ski alpin s’est révélée "assez compliquée", en particulier ces dix dernières années. Comme une histoire d’amour avec des hauts et des bas, la championne originaire du Minnesota a volé de succès en chutes et en blessures (elle a manqué les Jeux de Pyeongchang pour cette raison), se relevant chaque fois avec une volonté qui force l’admiration. Ruptures des ligaments du genou, fractures du tibia et de la cheville, humérus brisé, commotions : Vonn a payé un prix relativement élevé aux risques pris dans ces disciplines de vitesse (descente et super-G) dont elle s’est fait une spécialité. Au point que c’est son corps, aujourd’hui, qui a dû la rappeler à un devoir de raison et de prudence. Au vu de sa chute de mardi aux championnats du monde, le moment semble effectivement indiqué pour arrêter. "La descente n’est pas un sport sain, les gens chutent. J’ai poussé aussi loin que je pouvais, là je ne peux plus, mais ça valait le coup", commente celle qui s’astreint à des soins quotidiens pour garder le niveau. "Je vais avoir mal le reste de ma vie mais je ne peux plus rien y faire. Je n’ai plus de cartilage, plus de ménisques, j’ai des plaques, des vis, mais la tête va bien. La vie continue !"
Des enfants bientôt?
Lindsey Kildow a épousé Thomas Vonn, un ancien skieur américain, le 29 septembre 2007. Leur mariage aura finalement duré quatre ans, même si le divorce n’a été prononcé officiellement qu’en 2013, la jeune femme faisant le choix de conserver le nom de son ex-mari. Depuis lors, la vie amoureuse de la belle Américaine fait l’objet de beaucoup d’attention de la part des médias. On lui a prêté une relation avec le quarterback des Patriots, Tim Tebow, mais c’est surtout son idylle avec le golfeur Tiger Woods, officialisée en mars 2013, qui a défrayé la chronique people. “Ces derniers mois, notre relation amicale a évolué et elle me rend totalement heureuse”, écrit-elle alors. Les deux sportifs entretiendront une relation amoureuse pendant trois ans avant de se quitter “en très bons termes”, assure Lindsey Vonn. Qui, après une aventure avec un coach-assistant, Kenan Smith, coule désormais des jours heureux, dans le privé, au bras du hockeyeur P.K. Subban (en photo). “Mais jamais je ne me marierai à nouveau !”, a-t-elle confié au magazine Vogue. Avoir des enfants s’apparente, en revanche, à un projet très concret. “J’ai très envie d’être maman et d’aller skier avec mes enfants. J’ai 34 ans, je ne peux plus attendre trop longtemps”, a-t-elle lancé cette semaine.
Beauté, textile et cinéma
La question de la reconversion, au cœur des préoccupations de la plupart des sportifs, va rapidement s’inviter à la table de Lindsey Vonn. Celle-ci a d’ores et déjà sa petite idée sur ce qu’elle fera à l’avenir, ainsi qu’elle l’a expliqué lors d’une conférence à laquelle elle a participé à l’automne à New York. Son souhait : devenir entrepreneur, probablement dans le monde des produits de beauté. “Il existe beaucoup d’exemples de sportives ou d’anciennes sportives qui ont réussi à trouver leur voie”, explique la skieuse, qui a suivi une formation à Harvard l’an dernier. “Dans le milieu du tennis, Serena (Williams) et (Maria) Sharapova en sont les meilleures illustrations. Je pourrais très bien leur demander conseil ! J’aimerais, en effet, mettre sur pied ma propre entreprise. Le domaine de la beauté me passionne. Mais je pourrais aussi m’appuyer sur mon expérience du froid, en tant que skieuse, pour apporter de nouvelles idées en matière de créations de vêtements pour l’hiver.” Parallèlement à ces activités, Lindsey Vonn va continuer à développer la fondation qui porte son nom et qui enseigne aux jeunes femmes l’estime de soi afin de valoriser leurs projets. Et elle n’exclut pas de travailler dans le milieu du cinéma. “Pas comme actrice pour l’instant, plutôt dans la production”, précise-t-elle.
Des contrats lucratifs
“Quand on n’est pas dans le top 5 ou dans le top 10 mondial, on doit se battre pour ne pas avoir besoin d’un second job.”