"Pérenniser l’activité physique de l’enfant"
Pour leur santé physique, mentale et sociale, les enfants doivent être physiquement plus actifs. Dans ce contexte, Thierry Marique, professeur à la Faculté des Sciences de la Motricité de l’UCL, privilégie un développement à long terme de l’enfant afin de favoriser son bien-être.
- Publié le 03-09-2018 à 09h45
- Mis à jour le 05-09-2018 à 16h10
Pour leur santé physique, mentale et sociale, les enfants doivent être physiquement plus actifs. Dans ce contexte, Thierry Marique, professeur à la Faculté des Sciences de la Motricité de l’UCL, privilégie un développement à long terme de l’enfant afin de favoriser son bien-être.
Plus les habitudes de vie active sont prises tôt, plus l’enfant en ressentira les effets tout au long de sa vie. Le professeur insiste également pour que la notion de plaisir l’emporte sur la notion de compétition. Idéalement, à un jeune âge, l’enfant devrait découvrir une palette de compétences pour ensuite éventuellement se spécialiser dans une discipline.
"Aujourd’hui, le sport pour les enfants est devenu une évidence pour tout le monde. Ça favorise notamment leur croissance, renforce les os, la musculature, les tendons et tout ce qui est cardiovasculaire" , explique Thierry Marique. Expert en la matière, le professeur de l’UCL plaide pour un développement sur le long terme de l’enfant. Cette approche favorise son bien-être et lui permet de se développer . "Il faut pérenniser l’activité physique de l’enfant. C’est pour la vie. Nous ne sommes pas tous obligés de devenir des sportifs de haut niveau. Celui-ci est une personne qui accepte de mettre sa vie en danger. Or, un enfant doit le faire pour le bon développement de sa santé physique, mentale et sociale. On parle, dans ce cas, plutôt d’activité physique" , poursuit-il.
Les notions de plaisir et d’amusement sont à replacer au centre des débats. Thierry Marique regrette l’interprétation souvent donnée au sport de nos jours. Selon lui, "faire du sport" ne signifie plus "s’amuser" , mais "faire du sport de compétition" . "Cette notion de compétition peut parfois mettre l’enfant en danger. Attention ! Je ne dis pas que faire de la compétition est nécessairement dangereux. C’est l’apprentissage de la vie. Le problème survient quand la gagne devient le seul objectif" , explique-t-il. Un problème qui trouve souvent ses racines dans le comportement des parents. "Souvent, la motivation des parents est de faire de leur fils ou de leur fille un(e) champion(ne). Il faut s’éloigner de cette idée, mais ne pas être trop protecteur."
Le professeur de l’UCL est séduit par l’idée d’une réinstauration de l’activité libre des enfants. "C’est mon plus gros dada. L’idée que les enfants retournent dehors, courent, grimpent aux arbres, sautent à la corde, jouent à la marelle…" , affirme-t-il. L’enfant doit, avant tout, apprendre les habiletés des bases comme courir, sauter, attraper ou lancer. Une fois maîtrisées, ces habiletés lui procurent une confiance pour participer à différentes activités physiques, à des sports ou à des jeux. Elles permettent d’éprouver du plaisir. "Idéalement, il faudrait faire découvrir une palette de compétences et d’activités aux enfants pour qu’ils puissent ensuite éventuellement se tourner avec confiance vers une discipline en particulier" , conclut-il.
Maternelle (2,5 à 6 ans)
À ce stade, votre enfant ne devrait pas encore pratiquer du "sport" à proprement parler, mais plutôt de l’activité physique. Il est encore trop tôt pour le confronter à un sport et aux règles qui l’accompagnent. Assurez-vous avant tout que votre bambin soit actif et non sédentaire devant un écran.
À cet âge, il n’est pas encore cloué à son banc d’école et déborde d’énergie. Au fil du quotidien, il acquiert les bases : courir, sauter, grimper, ramper, lancer… L’aspect le plus important ? L’amusement ! À l’école ou dans les airs de jeux, il joue en bougeant, prend du plaisir en mouvement et découvre son corps. L’amusement facilite fortement l’apprentissage.
En tant que parents, organisez des activités comme une sortie au parc pour explorer les balançoires et toboggans par exemple. Pourquoi ne pas inviter d’autres familles pour que les petits puissent s’amuser ensemble ?
N’hésitez pas à laisser votre enfant explorer l’environnement qui l’entoure (tout en le surveillant attentivement bien entendu !). Vous pouvez aussi l’inscrire à des programmes d’initiation de gymnastique, de danse ou de natation, non pas pour en faire un athlète, mais pour qu’il découvre de nouveaux environnements.
Primaire 1, 2, 3 (6 à 9 ans)
L’âge d’or de l’apprentissage ! Votre enfant sait désormais lire et écrire, mais il passe la majeure partie de sa journée assis sur les bancs d’école. Or, son besoin de bouger est toujours présent. Il va donc devoir s’activer après les cours, en s’initiant au sport.
Il est maintenant assez grand pour commencer à comprendre ce que signifient "sport" et les règles qui vont de pair. En plus, il connaît mieux son corps, même s’il doit encore améliorer ses habiletés liées au fondement du mouvement. Ces habiletés sont les composantes de base de l’appréciation de l’activité physique. Les enfants qui les maîtrisent bien sont plus susceptibles d’être actifs et prennent plus de plaisir dans la pratique.
Idéalement, incitez votre enfant à faire de l’activité physique tous les jours. Il est préférable pour lui de s’adonner à de courtes périodes d’activité intenses plutôt que de longues séances d’entraînement. Encouragez-le à goûter à un large éventail d’activités sportives. En s’essayant à plusieurs disciplines, il développe son agilité, son équilibre et sa coordination de manière plus harmonieuse. N’oubliez évidemment pas de lui communiquer l’importance du plaisir et de la participation.
Primaire 4, 5, 6 (9 à 12 ans)
Après la découverte, place à la compétition. Du moins pour ceux qui y adhèrent. À cet âge-là, l’enfant est apte à bien comprendre les règles du sport.
L’idée de participer à des matches ou à des tournois donnera des fourmis dans les jambes à certains. D’autres préféreront continuer à découvrir ou rester dans l’optique du plaisir. Quoi qu’il en soit, pas de précipitation : un enfant peut, s’il le souhaite, encore intégrer une équipe ou une compétition plus tard.
Encore une fois, ne lui permettez pas de se spécialiser dans une seule discipline. Une spécialisation hâtive freinerait le développement de certaines compétences.
S’il fait partie d’un programme ou d’un club de sport, veillez à ce que votre bambin bénéficie d’un entraînement adéquat (ni trop léger, ni trop intensif). S’il pratique un sport collectif, assurez-vous que son entraîneur lui accorde sa chance. Il n’est certainement pas l’heure de laisser ceux qui ont un niveau moins élevé sur le banc. Certains enfants se développent plus lentement. Ce n’est pas une raison de freiner leur progression.
N’hésitez pas non plus à sortir de l’ordinaire : faites leur découvrir le trampoline, l’escalade, le kayak, la voile, la plongée…
Secondaire (12 à 18 ans)
L’adolescence est une phase cruciale pour les jeunes sportifs. Le corps change alors que les entraînements s’intensifient et se complexifient. Séduits par les sorties entre copains ou même par les études, beaucoup de jeunes vont décrocher. D’autres vont justement participer plus sérieusement à des compétitions. Pour eux, l’objectif ne doit pas être de gagner coûte que coûte, mais plus plutôt d’appliquer les principes enseignés à l’entraînement.
Même si la pratique de plusieurs sports est toujours conseillée, la spécialisation n’est plus problématique pour le développement physique. D’ailleurs, l’endurance devient essentielle à cet âge-là. Maintenant, le corps de votre enfant est plus adapté à ce type d’exercice. Bien entendu, il doit aussi continuer à développer ses habiletés, sa vitesse et sa force. Il doit aussi améliorer (ou, au moins, maintenir) sa flexibilité car l’adolescence est une période de croissance rapide pour les os, les tendons, les ligaments et les muscles.
Votre rôle de parents prend une nouvelle dimension à ce stade. Un adolescent fait preuve d’une plus grande autonomie qu’un enfant. Votre rôle est désormais de conseiller votre fils/fille, plus de participer directement à son développement.