Neuville, le seul à ne pas crever
Le Belge a hérité d’un succès qu’il n’espérait plus dans l’ultime spéciale.
- Publié le 31-03-2019 à 19h25
Le Belge a hérité d’un succès qu’il n’espérait plus dans l’ultime spéciale. On avait déjà eu droit à l’histoire belge la plus malheureuse du Tour de Corse, il y a 24 ans quand Bruno Thiry avait perdu une victoire cent fois méritée à deux spéciales du but, trahi par sa mécanique.
Cette fois, c’est tout l’inverse. Thierry Neuville a décroché, hier à Calvi, le succès le plus chanceux de sa carrière. Mais il vaut 25 points comme les neuf premiers et lui permet de prendre la tête du championnat du monde.
Reparti en tête dimanche matin, quatre secondes et demie devant Elfyn Evans, Thierry avait reçu un sacré coup de massue à l’arrivée de la 13e spéciale où le pilote Ford lui collait 16 secondes, une demie au kilomètre. "Impossible de suivre son rythme", avouait le Belge, repassé onze secondes et demie derrière avant la Power Stage. Mais il ne s’avouait pas vaincu pour autant. "Tout peut encore arriver…"
Au finish de l’ultime spéciale terminée au quatrième rang, très loin des Toyota, il n’y croyait pourtant plus du tout. Il hochait même la tête en voyant qu’il avait encore concédé 11.7 à Kris Meeke : "C’est impossible. On pousse à fond pour faire des temps de m…," lâchait-il au point stop avant de se récupérer au frein à main. "Enfin, le week-end a tout de même été positif. On a pu signer le meilleur temps dans certaines spéciales. La preuve que l’on a progressé. Mais on doit encore travailler. Ce n’est pas suffisant."
Convaincu qu’il n’y aurait pas photo, qu’il était battu, notre compatriote ne resta même pas dans la zone d’arrivée pour attendre le chrono d’Elfyn Evans parti quatre minutes derrière.
"C’est en arrivant près du podium que j’ai soudainement vu mes mécaniciens et des membres de l’équipe sauter de joie. Je ne comprenais pas trop ce qu’il se passait. On m’a alors dit qu’il avait crevé et que j’avais gagné."
Et ses premiers mots furent sportivement pour son malheureux adversaire : "Quel incroyable rallye. Cela doit vraiment être dur pour Elfyn. Il était clairement le plus rapide tout le week-end. Je suis déçu pour lui."
Mais notre représentant ne boudait pas son plaisir pour autant. Ont dit généralement que la chance sourit aux champions. Acceptons-en l’augure…
"Il la méritait certes, mais on ne l’a pas volée non plus," analysait-il après coup. "On s’est battu durant trois jours avec une auto dont le potentiel variait d’une spéciale à l’autre. Nous n’avions pas le meilleur matériel, mais on a été les seuls à ne pas commettre la moindre faute. Et l’on avait dit avant le départ que ce serait le secret de la réussite. On n’a jamais baissé les bras. Ce résultat inespéré est la preuve que ce n’est jamais fini avant le drapeau à damiers. Il ne faut jamais abandonner. Moralement, cela va faire du bien à toute l’équipe consciente qu’il faut continuer à développer notre i20 WRC. Ces points sont importants pour le championnat et c’est avec grand plaisir que je ferai la trace en Argentine."
Le futur papa est heureux. Les îles lui plaisent bien. Ce troisième succès corse, son premier en mondial depuis le 10 juin 2018 en Sardaigne, lui permet de prendre pour la première fois cette saison la tête du Mondial. Et de se replacer idéalement dans la course pour son premier titre. Même si avec les trois prétendants en cinq points, cela s’annonce plus serré et disputé que jamais…