Clash chez Ferrari: Vettel avait déjà commis la même erreur en Turquie 2010 en s'accrochant avec son équipier Webber
- Publié le 18-11-2019 à 19h05
- Mis à jour le 18-11-2019 à 19h06
L'Allemand pensait avoir déjà doublé entièrement son équipier, "un crash idiot" selon Mattia Binotto, le podium le plus jeune de l'histoire de la F1
On n'a pas fini de parler de ce GP du Brésil de folie. Et finalement la splendide 8e victoire de Max Verstappen passe au second plan tant les événements ont été nombreux en fin de course.
Il y a d'abord eu les premiers podiums en F1 de Pierre Gasly (Toro Rosso, 23 ans) et de Carlos Sainz Jr (McLaren, 25 ans). Avec Max (22 ans) sur la plus haute marche, c'est le podium le plus jeune de l'histoire de la F1. Une belle revanche pour le Français accablé cette année. Un joli coup pour l'Espagnol offrant à son équipe son premier podium depuis cinq ans et demi. Ironie du sort, l'écurie de Woking remonte sur le podium en terminant derrière deux Honda, le motoriste qu'ils ont accusé de tous les maux voici encore deux saisons.
Alex Albon aurait mérité de monter lui aussi sur son premier podium dimanche. Lewis Hamilton en a décidé autrement en accrochant le pilote Red Bull à moins de deux tours de l'arrivée. Une faute avouée valant au sextuple champion une pénalité qu'il n'a pas contesté. Il n'a même pas semblé utile au Britannique d'aller s'expliquer devant les commissaires sportifs. Le team Mercedes s'est par ailleurs excusé après la course auprès de son pilote pour lui avoir donné de mauvaises informations: "L'ingénieur lui a laissé le choix de s'arrêter lors de la dernière voiture de sécurité. Il lui a dit qu'il ne perdrait qu'une place et a mal évalué le nombre de tours qu'il allait rester de course. C'est une erreur de débutant. Lewis aurait dû rester en piste au 2e rang et aurait terminé à cette place."
Absent, le boss Toto Wolff devait fulminer devant son écran avec le plus mauvais résultat de la saison de son équipe.
Mais le plus gros fait de course de cet avant dernier GP de la saison restera bien sûr l'accrochage entre les deux pilotes Ferrari.
Après avoir vu et revu ces images, le dépassement d'abord très propre de Charles Leclerc dans le "Esse" de Senna puis la réplique de son équipier, on ne peut que blâmer Sebastian Vettel. Il est d'ailleurs étonnant qu'il n'ait pas été sanctionné. On voit très bien que le Monégasque lui laisse la place suffisante à droite, mais que l'Allemand le pousse vers la gauche alors que Charles ne change pas sa ligne. "Je pensais l'avoir déjà doublé entièrement," a lancé le quadruple champion pour sa défense. "Cela se joue à quelques centimètres près à près de 300 km/h," souligne l'ex-champion Nico Rosberg dans son débriefing. "Cela peut arriver. Sebastian est un peu plus fautif car on voit qu'il change sa ligne et se déporte vers Leclerc." Et l'ex-pilote Mercedes de se marrer: "Je souhaite en tout cas beaucoup de chance à Ferrari pour gérer leurs deux pilotes encore au moins une année..."
Pour éviter que cela n'explose et parte dans tous les sens, le patron de la Scuderia Mattia Binotto a demandé à ses pilotes de ne pas s'exprimer sur le sujet. La conférence de presse d'après-course a d'ailleurs été annulée après la "catastrophe du jour". "Je ne vais pas réagir à chaud," a indiqué le boss italien face à la caméra de Canal Plus. "J'attendrai de revoir les images, d'analyser les datas et d'avoir entendu mes deux pilotes. Mais je peux juste dire que c'est idiot de ruiner ainsi le travail de toute une équipe." Et d'ajouter. "En début de saison, j'ai donné des consignes à mes pilotes et cela a été critiqué. Aujourd'hui, vu que la 2e place du championnat constructeurs est assurée, il était libre de se battre. Et cela pourrait être critiqué aussi."
Certainement quand on voit le résultat nous rappelant l'accroc entre Niki Lauda et Clay Regazzoni en 1975 à Montjuic. La rivalité interne entre le quadruple champion et la star de la nouvelle génération est devenue intestine. Comme la rivalité entre Didier Pironi et Gilles Villeneuve au sein de la Scuderia au début de la saison 1982.
"Harakiri rosso" titre la "Gazzetta dello Sport" du jour pas forcément surprise par cette accident "qui devait arriver vu les tensions" et annonçant une probable convocation des deux pilotes à Maranello. Le Corriere dello Sport évoque une "Ferrari explosant en raison d'un conflit de générations". "Et maintenant ils se haïssent" titre QS. "Quel désastre rouge" regrette Tuttosport. "Ferrari a marqué un but contre son camp" estime le très sérieux quotidien "La Repubblica."
"Quel futur pour ce duo ? Leclerc et Vettel peuvent-ils continuer à combattre en pensant au bien suprême de la Scuderia ?", s'interroge le média. "En 2020, Ferrari peut s'attendre au Far West". La mauvaise gestion humaine de Mattia Binotto est aussi épinglée. Mais quelle solution pour le futur? Comment raisonner deux pilotes qui voudront tous les deux viser le titre l'an prochain? Faire une croix sur le "vieux" Vettel et tout miser sur le jeune Leclerc n'est pas non plus la meilleure solution. Car avoir deux pilotes capables de gagner des GP reste une force, même s'ils se chamaillent de temps en temps.
Vous l'avez compris, la presse transalpine tire à boulets rouges sur la mauvaise gestion humaine, soulignant que des accrocs entre équipiers ne devraient pas arriver. Ce n'est pourtant ni le premier ni le dernier. On se souvient du clash entre Daniel Ricciardo et Max Verstappen l'an dernier à Bakou, de celui lors du premier tour du GP d'Espagne 2016 entre les Mercedes de Nico Rosberg et Lewis Hamilton ou encore en Turquie entre les Red Bull de... Sebastian Vettel déjà et son équipier Mark Webber, dans des circonstances étrangement similaires...