Seniors et toujours actifs (7/9), André Blaise a 77 ans mais pilote toujours: “Ma plus grande fierté ? Être sur les circuits avec mes petits-enfants”
À 77 ans, le Malmédien court toujours dans une compétition automobile nationale.
- Publié le 27-03-2024 à 14h05
Il est assurément le doyen des pilotes belges encore actifs dans une compétition nationale sur circuit. La septantaine bien calée, André Blaise n’est pas près de raccrocher.
S’il a enfilé casque et gants de pilote assez tard en tant que tel, sa silhouette est bien connue des paddocks nationaux, et en particulier celui de Spa-Francorchamps. Depuis plus de 60 ans, le Malmédien arpente les circuits et n’est jamais bien loin de son fils Jean-Pierre qui a connu une belle carrière sur circuits, plus particulièrement dans les compétitions de camion.
Cumulant les fonctions de pilote et de patron d’équipe dans le championnat 2CV, André vit exclusivement sa passion en famille et a récemment passé le flambeau à une nouvelle génération de Blaise. La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre.
André, comment êtes-vous devenu passionné de course automobile ?
“Depuis toujours, j’habite à côté du circuit de Spa-Francorchamps. Je suis sur les compétitions depuis que j’ai 14 ans. J’ai d’abord accompagné ma famille sur les événements. Par ailleurs, ma sœur s’est mise en ménage avec le pilote Georges Cremer qui allait connaître une longue et fructueuse carrière en Europe. J’ai fait mes premiers pas en course de côte, et j’aidais par ailleurs aux ravitaillements. J’ai par ailleurs rejoint l’écurie malmédienne EBRT dont de nombreux grands pilotes belges courent sous leurs couleurs encore aujourd’hui. J’étais notamment actif aux 24 Heures de Spa, aux pompes Seca. ”
Et quand avez-vous décidé de devenir pilote de course ?
“C’est d’abord venu via mon fils Jean-Pierre. Quand il avait 10 ans, je lui ai construit une caisse à savon, et il a ensuite fait du rallycross et de l’autocross. Nous sommes passés au circuit via l’ancien championnat provincial Asaf dans lequel nous engagions une Ford Sierra. En 1997, j’ai vu une annonce pour une Honda Integra Type R à vendre et avec elle, Jean-Pierre a disputé le Belcar, les 24 Heures de Zolder mais aussi de Spa pendant 6-7 ans. Avec la Honda, nous avons même réussi à battre l’Audi A4 de Jean-François Hemroulle. Nous étions les seuls francophones en Belcar. Dans les années 2000, Jean-Pierre a disputé des courses de camion, et il fut champion chez les indépendants. Un jour, j’ai décidé de me lancer à mon tour. ”
Après ma première course comme pilote, je me suis dit que je pouvais renouveler l’expérience, cette fois au sein de ma propre équipe et en faisant les choses en mieux !
Comment ?
“J’avais une Porsche 996 avec laquelle j’effectuais des journées d’essais à Spa-Francorchamps. J’habite à trois minutes du circuit. Dès que j’entends un bruit, j’accours ! En 2013, je voulais faire une course pour rigoler avec trois autres amis. Nous avons loué une 2CV à une écurie française pour participer aux 24H2CV. À l’issue de cette course, à la lumière de l’expérience que nous avions acquise avec Jean-Pierre pendant de longues années, je me suis dit que je pouvais renouveler l’expérience, cette fois au sein de ma propre équipe et en faisant les choses en mieux ! ”
Pourquoi avoir choisi les courses de 2CV plutôt qu’un autre championnat belge ?
“Parce que la 2CV Cup permet de mettre ses mains dans le cambouis, d’avoir une certaine liberté pour préparer et optimiser la mécanique, le tout pour des budgets raisonnables. Le sport auto coûte de l’argent et il faut trouver des budgets. À titre de comparaison, la Fun Cup est plus chère et n’offre aucune liberté vu que c’est une formule monotype où tout est mis sous scellés. Et revenir en camions ne serait pas intelligent. À l’époque où Jean-Pierre courait, il fallait rassembler un budget de 500 000 € par an. ”
Qu’appréciez-vous dans le sport automobile ?
“Le dépassement de soi-même tout en recherchant incessamment la parfaite équation entre performance et confort de pilotage. Avoir une voiture performante est une chose, mais on n’ira pas loin si les pilotes ne sont pas en osmose avec. Au sein de mon écurie, qui s’appelle désormais The Golden Horse Racing, nous avons deux 2CV : la n°16 sur laquelle roule Jean-Pierre est plus nerveuse tandis que la mienne, la n°14, est plus confortable. ”
Suivez-vous une préparation en amont de chaque course ?
“Un mois avant la course, je n’avale plus une goutte d’alcool. Je surveille également mon poids qui est crucial en sport automobile. Je tâche de ne pas excéder 80 kilos sur la balance. Par ailleurs, il faut savoir que je suis considéré comme invalide à 100 %. Je dois donc ne pas faire d’excès. Plus les années passent et plus on me remplace des pièces. Comme sur une auto ! Malgré mon statut, je suis apte à courir et j’ai sans problème ma licence de pilote chaque année. ”
Plus les années passent et plus on me remplace des pièces. Comme sur une auto !
Vous considérez-vous comme étant performant derrière le volant ?
“Je ne suis pas ridicule, mais je dois rouler plus pour être définitivement dans le match avec les favoris. En 2023, j’ai participé aux 7 heures de Zolder et aux 24 heures de Magny-Cours. Heureusement, j’ai de quoi m’occuper avec la gestion de l’écurie. J’admets que cela me rendrait malade de voir la n°16 de Jean-Pierre et son équipier Sébastien à l’arrêt sur la piste pendant que je suis en train de rouler avec la n°14. ”
En tant que patron d’équipe, avez-vous suivi une formation de mécanicien ?
“Non, mais je m’applique. En 42 années passées au sein d’une équipe, j’ai pu tisser une certaine expérience. Quand il faut construire des pièces ou des éléments spécifiques à la voiture, je me renseigne sur internet. J’ai ainsi appris moi-même à construire un capot moteur ne pesant que 6 kilos ! ”
Et en tant que pilote ?
“Non plus, mais j’ai appris à Jean-Pierre les rudiments du pilotage. Il a débuté sur… un camion-citerne familial ! Et j’ai également collaboré avec Marc Duez quand il faisait du rallye. ”
Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?
“En tant que pilote, c’est à chaque fois que je partage la piste avec mon fils. En tant que préparateur, c’est de pouvoir battre les plus grosses écuries que la mienne. Aux 24 Heures de Spa 1998, nous avons non seulement terminé deuxièmes de notre catégorie mais jusqu’à 90 minutes de l’arrivée, nous avions le record du temps minimal passé dans les stands. Nous n’étions restés immobilisés que 18 minutes au bout de 22h30 de course. Finalement, nous n’avons pas eu le record parce que nous avons eu un souci lors du dernier arrêt. Même Kronos Racing venait dans notre box pour voir comment on faisait pour passer aussi peu de temps. Je garde également de beaux souvenirs de l’époque du rallycross où tout le monde s’aidait. ”
Mes petits-enfants sont tous unis autour du même objectif. C’est une belle école de vie pour eux.
Vous avez par ailleurs transmis le virus à vos petits-enfants…
“C’est ma plus grande fierté. Travailler aux côtés de tous ces jeunes qui participent activement à la vie de l’équipe familiale, c’est une belle source de motivation. Yann n’a que 14 ans, mais il a déjà une belle vista de la course en tant qu’ingénieur. La direction de course de la 2CV le laisse travailler dans le stand en totale confiance, et nous aussi. Il y a également Terence, Louis et Nathan qui n’ont même pas 20 ans mais qui sont tous très motivés et actifs. Et il y a bien entendu Arnaud, le fils de Jean-Pierre, dont l’aide est précieuse et qui s’est bien débrouillé pour ses débuts en Mitjet en 2023. Aucun n’est égoïste, ils sont tous unis autour du même objectif. C’est une belle école de vie pour eux. ”