Max Verstappen: racines et permis belges, mais licence néerlandaise
- Publié le 29-08-2019 à 20h46
- Mis à jour le 30-08-2019 à 08h07
Max Verstappen est comme chez lui, à Spa. Plus belge que néerlandais, le pilote Red Bull a pourtant choisi le côté oranje par filiation et aussi intérêt… À l’origine, le petit Max avait nettement plus l’accent belge que néerlandais.
Né à la maternité d’Hasselt, d’une maman belge (la championne de kart Sophie Kumpen), le fils de Jos a passé toute son enfance en Belgique, entre Bree et Maaseik où il était scolarisé.
À peine l’école terminée, son papa, ex-pilote de F1 équipier notamment de Michael Schumacher chez Benetton, venait le chercher pour aller limer la piste de karting de Genk. Son grand-père Robert Kumpen a même été président du club de football de Genk.
À partir du divorce de ses parents, en 2008, il a passé plus de temps avec Jos sur les pistes de kart du monde entier où il a décroché deux titres mondiaux.
Mais avant cela, son papa avait dû aller au tribunal pour garder un titre belge pourtant acquis sur la piste mais que Roland Bruynseraede avait voulu lui retirer pour une question de licence.
"Il avait disputé la première course de la saison sous licence néerlandaise", se souvient notre collègue Marc Cornelissen du Belang Van Limburg suivant la carrière du Limbourgeois depuis ses débuts en go-kart. "Il avait gagné et donc décidé de poursuivre le championnat. Le problème est que certaines personnes disaient qu’il ne pouvait pas rouler car il n’était pas licencié belge. Le règlement de l’époque disait que ce championnat était réservé aux Belges. Mais il avait la nationalité et la carte d’identité belge. Mathieu Remmerie, alors karting manager, lui avait dit que pour arranger le coup et pouvoir briguer le titre il devait prendre sa licence chez nous. Ce qu’il a fait. Mais en fin d’année, alors qu’il avait le plus de points, il y a eu une réclamation d’un concurrent et la fédération belge a décidé de ne pas lui attribuer ce titre. Jos était furieux. Il a pris un avocat et a gagné en justice, notamment grâce aux emails que Mathieu Remmerie lui avait envoyés."
Quelques années plus tard, Paul Kumpen, oncle de Max et vice-président du RACB, a proposé à la fédé belge d’aider cet espoir du sport auto.
"Mais il a essuyé un refus. On lui a répondu que Max était néérlandais et qu’ils aidaient déjà Stoffel Vandoorne", poursuit le journaliste.
Max Verstrappen, qui n’a jamais résidé de sa vie aux Pays-Bas et a ses racines dans notre Limbourg, a passé son permis de conduire à Bree le jour de ses 18 ans et choisi, dès sa majorité, la nationalité néerlandaise.
"J’aime bien la Belgique où j’ai grandi, mais je me suis toujours senti plus néerlandais", affirme le pilote Red Bull soutenu aussi il est vrai par deux grandes sociétés néerlandaises (Exact et Jumbo) et par tout un peuple oranje.
"Je supporte les Diables rouges sauf quand ils jouent contre les Pays-Bas ! Sans doute l’influence de mon père, j’ai roulé pour le team néerlandais de la famille Pex avec qui je partais en vacances."
Reste que, comme Lando Norris et Lance Stroll, dont les mamans sont belges aussi, celui que l’on considère aujourd’hui comme l’un des meilleurs pilotes de F1 du monde a du sang et un permis belges, mais une licence et une identité sportive néerlandaises.
Dommage pour nous…
L'empire des Verstappen
En quelques années, "Mad Max" et son entourage sont devenus les Crésus du paddock.
On peut parler de poule aux œufs d’or. Avec Lewis Hamilton, Max Verstappen est de loin le pilote le plus bankable du paddock. Le Britannique dispose d’un salaire astronomique et de collaborations avec des géants du textile et des cosmétiques, mais l’entourage du Hollandais a bâti un incroyable empire commercial en un temps record !
La face la plus visible de l’iceberg est évidemment l’impressionnante batterie de produits dérivés. Casquettes, t-shirts, polos, drapeaux, écharpes ou encore voitures miniatures, tout est là pour vous rhabiller de la tête aux pieds aux couleurs du pilote Red Bull. Un magasin fixe a même ouvert aux Pays-Bas, où il est possible de faire ses emplettes en dehors d’un Grand Prix.
Depuis peu, le clan Verstappen a noué un partenariat avec la marque de vêtements streetwear G-Star Raw.
"Aujourd’hui, 95 % de la population néerlandaise sait qui est Max Verstappen" , se gargarise Raymond Vermeulen, le manager de l’enfant terrible de la F1. "Nous n’avons clairement plus besoin de faire des actions de notoriété. Ce que nous voulons désormais, c’est séduire plus d’étrangers. Mais nous ne demanderons jamais à Max de faire Pipo le clown. Quand on lance un produit, c’est lui qui a le dernier mot. Il faut qu’il se sente à l’aise et que son image corresponde aux objets que nous vendons."
Quand il est arrivé chez Red Bull il y a trois ans, Verstappen avait vendu 200 000 euros de produits rien qu’à Spa ! Maintenant qu’il s’est affirmé comme une valeur sûre de la F1, les ventes ne cessent d’aller crescendo. À 40 euros la casquette, le calcul est vite fait. Mais cette success-story n’a pas que des avantages.
"Nous devons faire face à beaucoup de produits contrefaits", déplore Vermeulen. "Ce fléau nous coûte beaucoup de temps mais aussi beaucoup d’argent avec tous les procès que nous devons suivre."
Verstappen possède de surcroît des partenaires personnels qui paient pour s’afficher aux côtés d’un des pilotes les plus populaires du paddock. Une coquette somme bien gardée, mais assurément à sept chiffres. À titre indicatif, un sponsor déboursait jadis 8 millions pour apparaître sur la casquette de Michael Schumacher.
"Nous pouvons compter sur les supermarchés Jumbo ainsi que sur la chaîne TV Ziggo et les softwares Exact. Et nous aimerions débaucher à l’avenir une grande marque internationale comme Apple."
À ces contrats juteux, il faut évidemment ajouter le salaire annuel que Red Bull verse à son pilote-vedette. Cette année, Max reçoit 13 500 000 euros de son employeur, auxquels s’ajoutent différentes royalties. Il y a deux ans, Max avait touché un bonus de 20 millions ! Mais quand on est une des coqueluches de la F1, c’est normal d’avoir des étrennes dignes de ce nom…
"Je me fous d'un titre de vice-champion"
Devant un public acquis à sa cause, le Hollandais sera le poil-à-gratter des Mercedes sur le circuit de Francorchamps.
Il est assurément l’outsider que Lewis Hamilton et Valterri Bottas attendaient le moins. Max Verstappen a quasiment laissé derrière lui sa réputation de chien fou. Le Hollandais conduit toujours avec beaucoup de cœur mais il ne prend plus de risques inconsidérés. Après être passé très près de la victoire en Hongrie, celui qui porte désormais très mal le surnom de "Mad Max" est remonté comme un coucou. Revenu à 7 points de la 2e place du championnat actuellement occupée par Bottas, il se sent pousser des ailes.
Si la vitesse de pointe n’est pas son fort, sa Red Bull devrait être diabolique entre les Combes et Stavelot. Même si les Mercedes et les Ferrari sont toujours plus puissantes, un podium est à la portée de Verstappen.
"C’est bien d’entamer la 2e partie de saison par Spa-Francorchamps car c’est mon circuit favori", sourit-il. "J’ai passé beaucoup de temps avec ma famille et mes amis pendant l’été et je suis désormais entièrement requinqué. Il faudra trouver le bon compromis entre vitesse maximale et adhérence. L’an dernier, nous prenions Pouhon quasiment à fond. On va voir ce qu’on peut faire cette année. J’ai hâte de remonter dans la voiture et de voir si nous serons aussi compétitifs qu’avant la trêve estivale."
Mais comment en est-on arrivé là ? Le talent de Verstappen est sublimé par une alliance Red Bull-Honda qui tourne à plein régime. Le constructeur autrichien a rectifié avec brio sa RB15, d’abord mal née, qui est devenue redoutable dès l’Espagne.
En parallèle, le motoriste nippon a fiabilisé son V6 turbo, qui gagne en performance au fil des courses, même s’il n’est pas encore au niveau de Mercedes.
Cerise sur le gâteau, Milton Keynes et Sakura sont sur la même longueur d’onde, ce qui n’était pas le cas avec McLaren.
"Je n’ai jamais eu à taper du poing sur la table avec Honda, à l’inverse de Renault", commente Verstappen. "Honda, comme nous, veut toujours faire mieux et encore mieux. C’est une mentalité totalement différente de celle que nous connaissions les années précédentes."
De là à penser que Verstappen finira la saison en trombe pour venir inquiéter Lewis Hamilton, ce serait fort de café. Il sera certes à son avantage sur des pistes sinueuses comme Singapour, mais avec sa confortable avance le pilote Mercedes peut voir venir. Et de toute manière, l’objectif est 2020, et non pas 2019.
"Viser le titre cette année, c’est presque impossible. Ce n’est possible que si Lewis est vraiment malchanceux durant la seconde partie de la saison. Et je n’ai que faire d’un titre de vice-champion. Ce n’est pas le truc qui me rendrait fier plus tard, d’avoir été deuxième d’un championnat. Je veux seulement être premier. Mais les résultats que nous obtenons cette année sont vraiment positifs pour l’an prochain."
Au final, c’est le père de Max, Jos, qui résume le mieux la feuille de route du fiston. "Vous allez voir que je disais vrai : Max et Honda vont probablement dominer la F1 pendant quatre ou cinq ans."
Et si cela arrive, les tribunes de Spa-Francorchamps seront encore oranje de monde pendant de nombreuses années.
Zandvoort: un Verstappen-land sur des sables mouvants
Max Verstappen en est malgré lui l’instigateur. Grâce à lui, le retour de la F1 aux Pays-Bas semblait inéluctable. Après moult tergiversations, l’épreuve batave a enfin été officialisée en mai. Une grande fête à la gloire de Verstappen avec plus de 500 000 places précommandées alors que la course n’est prévue que le 3 mai 2020.
Mais la tenue du GP hollandais ne sera pas une mince affaire. Le temps joue contre le piste située au bord du littoral. Le circuit répond à des normes de sécurité d’un autre temps. Les proprios devront se retrousser les manches cet hiver vu que la piste batave accueillera encore des courses jusqu’à… début novembre !
Zandvoort n’est pas Spa-Francorchamps et ses grandes étendues verdoyantes. Le petit village hollandais est une cité typique du bord de mer du Nord avec une succession de rues étroites… et très peu de places pour se garer. Lors des Max Verstappen Days, ça bouchonnait déjà à 15 minutes du circuit. Autant dire que le chaos risque d’être total, surtout si le beau temps est de la partie avec les plagistes qui vont avec. "Nous n’excluons pas les automobilistes mais nous voulons éviter qu’ils viennent en voiture jusqu’à Zandvoort", a prévenu Hellas Schelleman, cheffe du projet.
Des lobbys écologiques pourraient aussi mettre à mal la tenue de l’épreuve pour 2020, sans oublier la guéguerre avec les voisins d’Assen qui ont mal digéré s’être fait souffler le GP.
Dans tous les cas, Zandvoort ou pas, Spa-Francorchamps devrait faire toujours le plein dans les prochaines années. Car les Hollandais ne sont pas sédentaires et suivent leur idole sur toutes les courses européennes…