Vanthoor remet son titre en jeu au Mans : “Moins stressant quand tu as déjà gagné”
Vainqueur du Mans 2018 en GT, le pilote Porsche veut d’abord contribuer au sacre de ses équipiers Estre et Christensen.
- Publié le 14-06-2019 à 12h29
- Mis à jour le 14-06-2019 à 22h39
Vainqueur du Mans 2018 en GT, le pilote Porsche veut d’abord contribuer au sacre de ses équipiers Estre et Christensen. Laurens Vanthoor a vécu les deux événements les plus géniaux de son existence à ce jour au cours des douze derniers mois : "Ma victoire au Mans et la naissance de ma fille Émilie en janvier", sourit notre compatriote après s’être fait battre à plate couture par ses équipiers... à Fifa, sur Playstation, dans la salle de détente de l’usine Porsche présente en force, avec quatre 911, pour défendre son titre. Être devenu papa, cela change la vie ? "Sur le plan privé oui, cela modifie pas mal d’habitudes mais surtout cela embellit les choses. Au niveau professionnel, c’est pareil. Si ce n’est que je suis encore plus heureux de revenir à la maison (NdlR : il habite Stuttgart, près de l’usine Porsche) après un week-end de course."
Quant à sa pointe de vitesse, sa récente paternité ne lui a pas coûté une seconde. "Et même si c’était le cas, il m’en resterait toujours une d’avance", plaisante le leader du championnat IMSA, le GTE américain où il fait équipe avec le Néo-Zélandais Earl Bamber. "On a remporté deux épreuves sur quatre et terminé une fois deuxième. On se bat pour le titre face à Corvette. Le team a bien évolué, commet moins d’erreurs. J’espère vraiment qu’on va gagner le championnat."
Tout cela dans un relatif anonymat en Europe où son petit frère Dries jouit de plus d’attention des médias belges. "Loin des yeux, loin du cœur", constate Laurens. "C’est un des aspects négatifs de mon exil sportif. On m’oublie un peu en Belgique. Mais ce n’est pas de ma faute. Il y a deux ans, j’avais même fait l’effort de créer un groupe Whatsapp pour informer les journalistes. Mais vu le peu d’intérêt, j’ai arrêté. Pourtant, vous savez, le niveau sportif mais aussi d’implication pour le GTE-Pro aux États-Unis est nettement plus élevé qu’en GT3."
Heureusement, sa victoire au Mans l’an dernier avec la cochon rose a tout changé. "C’est vrai, s’exclame Laurens. Tout le monde connaît cette épreuve. Quand tu dis que tu as gagné Le Mans, cela force le respect. Dans le grand public, mais aussi chez Porsche où on se moquait un peu de ce que j’avais fait avant. Maintenant, je fais plus partie de la famille. La 911 rose avec mon nom dessus trône au musée Porsche. Et puis, j’ai pu négocier plus facilement mon nouveau contrat fin de l’année dernière courant jusqu’à fin 2021."
Douze mois plus tard, tout est à refaire pour cette 87e édition du Mans. "Beaucoup de gens me disent qu’il est plus stressant de défendre son titre, d’avoir l’étiquette de favori. Je trouve que c’est tout le contraire. On l’a déjà fait une fois, je considère maintenant le reste comme du bonus."
En GTE-Pro difficile de désigner un équipage ou même une marque favorite. "Tout le monde a ses chances ; ce sera très serré."
Le fait que ses équipiers Kevin Estre et Michael Christensen peuvent se contenter d’une huitième place en cas de succès de la voiture sœur 91 de Makowieki-Lietz-Bruni ne diminue-t-il pas ses chances de conserver la couronne ? Ne va-t-il pas être contraint d’assurer une place à l’arrivée ? "Il est certain qu’on ne va pas prendre tous les risques en début de course. C’est sûr que je ne veux pas leur faire perdre le titre et que dans une certaine mesure cela me met un peu plus de responsabilités et de pression. Mais j’étais déjà leur équipier lors de la victoire qui les a lancés au championnat l’an dernier. Honnêtement, j’aimerais gagner bien sûr, mais si je dois assurer la 2e place pour offrir le titre à mes copains, j’aurai la même satisfaction. Et je ne serai pas malheureux de ne pas être champion avec eux, mais plutôt fier d’avoir apporté ma contribution à leur sacre. Mais attention, on ne va pas se promener non plus."
Au Mans durant vingt-quatre heures, ils ont un titre à aller chercher mais aussi un autre à défendre !