Believe&Achieve : le nouveau plan de développement du foot féminin en Belgique
La RBFA, la VV, l’ACFF et la Pro League ont développé, ensemble, un nouveau plan stratégique ambitieux pour le foot féminin pour les quatre prochaines années.
- Publié le 29-03-2024 à 13h25
À moins de deux mois de la nomination du pays organisateur de la Coupe du monde féminine 2027 pour laquelle la Belgique est candidate (avec les Pays-Bas et l’Allemagne), les hautes sphères du ballon rond en Belgique ont présenté ce vendredi matin, le nouveau plan d’action pour développer le football féminin.
Après The World At Our Feet, le nouveau programme s’intitule Believe&Achieve et sera développé sur la période 2024-2028. Il s’articule autour de nombreux points. Voici les plus percutants.
1. Une Super League plus palpitante, des clubs plus forts
Le boss de la Pro League avait déjà un peu vendu la mèche lors de la présentation du calendrier des playoffs en SL, la qualité l’emportera sur le nombre de clubs en Super League. Dans ce sens, le projet stipule que maximum 10 clubs disputeront la compétition (huit actuellement pour la saison prochaine) pour avoir plus d’affiches “dans un format stimulant”.
Les conditions de licences ont été renforcées (raisons pour laquelles Malines et White Star quittent la compétition) : onze joueuses sous contrat au lieu de cinq, cinq entrainement semaine au moins, un bon staff et un organigramme détaillé et complet, respect de conditions financières. Avoir une infrastructure de qualité sera aussi déterminant.
Avec ces nouveaux critères, la Pro League veut faire entrer sa compétition dans le Top 15 européen (22e actuellement).
2. Des Red Flames plus pro, des actions pour les plus jeunes
Durant le dernier plan, les Red Flames ont atteint les quarts de finale de l’Euro 2022. Un résultat historique qui n’a pas été suivi d’une Coupe du monde mais bien de performances en WNL face à l’Angleterre et les Pays-Bas. Pour ne plus louper le train des prochaines Coupes du monde (si la Belgique ne l’organise pas en 2027), une attention est mise sur les internationales.
Désormais, elles devront être joueuses à temps plein en répondant à des normes internationales. À côté de ça, elles bénéficieront d’un programme de haut potentiel (suivi individuel, soins).
”Ne disposer que de joueuses professionnelles, ce n’est pas aujourd’hui un critère de sélection mais une ambition, affirme Manu Leroy, directeur marketing de l’Union Belge. Ça passe par la Super League et en Belgique, on ne compte pas assez de joueuses professionnelles. Pour être le plus performant possible, il faut toutefois le plus de joueuses professionnelles possible.”
Pour inciter davantage les jeunes joueuses à viser une telle carrière, la RBFA va cibler aussi les U15-U19 et concoctera un programme complémentaire pour les 10-14 ans.
”C’est une action qu’on a observée dans d’autres pays où le foot féminin est plus développé, précise Katrien Jans, la manager du foot féminin en Belgique. Avec des entrainements supplémentaires, ils augmentent le niveau de la base. Chez nous, une fois que les filles arrivent en U15, on peut parfois constater des lacunes sur certaines bases.”
Avec ce plan, l’Union belge veut placer la Belgique dans le Top 8 européen (Top 12 actuel) et Top 12 mondial (18).
3. Augmenter le nombre d’affiliées
En décembre 2022, la RBFA avait célébré la 50000e joueuse affiliée en Belgique. C’était la Verviétoise Louisa Degey (RFC Goé). Aujourd’hui, ce nombre est monté à 53000. On n’est donc pas aux 80000 qu’ambitionnait la Fédération avec son plan précédent mais le Covid est passé par là, bloquant pas mal d’activités. C’est tout de même 38 % de plus qu’en 2019.
”Dans l’absolu, on est passé de 37 000 à 53 000, ce n’est pas anodin, souligne Manu Leroy. Par rapport au hockey qui compte environ 55000 membres, ce n’est pas rien. Cela représente moins de 10 % du total de footballeurs en Belgique et on aimerait augmenter cette proportion. On sait qu’on a encore une marge de progression par rapport à l’Allemagne ou les Pays-Bas (14-15 %)."
Pour parvenir à attirer plus de filles et à les garder, l’UB veut créer des atmosphères “female friendly” dans les clubs.
”Une personne dans chaque club sera une sorte d’ambassadeur, un contact qui veillera au développement du pôle féminin au sein du club, qui sera attentif aux décisions prises et aux adaptations effectuées, développe Katrien Jans. Ensuite, on désignera des profils pour aider les clubs à déployer une structure féminine.”
Avant d’essayer de les garder, la RBFA est consciente qu’il faut élargir la base en incitant les jeunes filles à venir. La cible sera très large. “Il y a un travail à faire sur la diversité. On l’a vu lors de la dernière Coupe du monde : dans les autres équipes, on constate beaucoup de diversité. Chez nous, reconnaissons-le, c’est plutôt limité et c’est surtout flamand, constate Leroy. On vise les filles d’origines les plus diverses. Comme chez les hommes. Pourquoi ce ne serait pas envisageable chez les filles ? Il reste du travail à faire, c’est certain.”
Concrètement, l’objectif est d’augmenter de 10 % chaque année le contingent belge de joueuses. Et pas seulement chez les jeunes filles.
”Il faut aussi pouvoir s’adapter à la demande et on voit que le foot loisir est très demandé, continue Katrien Jans. On peut développer un football à la carte pour éviter toutes les barrières liées aux grosses cotisations si la personne ne veut pas se lancer dans un circuit de compétitions. Il faudra mettre sur pied de nouveaux formats de compétition et se montrer plus flexible dans les offres pour attirer d’autres profils.”
4. Augmenter le nombre de spectateurs
Pour l’instant, les Red Flames évoluent à Louvain. Un stade rarement plein pour la Belgique. En février, ils étaient 3794 spectateurs lors de Belgique-Hongrie en barrage de Ligue des nations. Une assistance qui a connu un pic contre la Norvège en septembre 2022 (un peu plus de 8000). En Super League, Anderlecht a samedi dernier battu le record d’affluence avec 2613 spectateurs alors que le record absolu en Belgique reste à Sclessin et les 9000 personnes lors de la finale de la Coupe de Belgique de l’année passée. Des chiffres qui sont évidemment loin de ceux rencontrés de l’autre côté de la Manche où les grosses affiches en clubs ou des Lionesses attirent beaucoup plus de monde. L’Angleterre a déjà joué dans un Wembley full alors que récemment Arsenal a dépassé les 60000 spectateurs à l’Emirates Stadium.
”En 2019, la moyenne pour les Red Flames était de 2000 personnes. Maintenant, on avoisine les 4-5000. On vient de loin, précise Manu Leroy. L’étape suivante est de remplir Louvain pour chaque match. Ça va de pair avec les résultats et la présence dans les grands tournois. L’envol qu’a connu l’Angleterre, on veut le connaître aussi chez nous avec l’ambition de pouvoir évoluer de temps en temps au stade Roi Baudouin.”
Des actions auprès du groupe de supporters 1895 sont d’ailleurs au programme pour faire mieux connaître les Red Flames et inciter davantage les Belges à venir les supporter.