Matthijs de Ligt, une lueur dans la nuit
Le défenseur de l'Ajax est l'un des grands espoirs du football néerlandais, qui attend toujours de retrouver le sommet.
- Publié le 16-11-2018 à 15h27
- Mis à jour le 21-12-2018 à 19h32
Le défenseur de l'Ajax est l'un des grands espoirs du football néerlandais, qui attend toujours de retrouver le sommet.
Précocité: nom féminin. Caractère de ce qui est en avance sur le temps normal. Développement prématuré d'une faculté intellectuelle ou d'une aptitude physique. Voilà un substantif qui correspond bien à Matthijs de Ligt, né le 12 août 1999.
On a fait le calcul pour vous, le défenseur a tout juste dix-neuf ans, toujours pas de poil au menton, mais déjà un brassard de capitaine autour du bras, un bel avenir devant lui et près de cent matches pros derrière. Dont des prestations de haut vol en finale de l'Europa League 2017 contre Manchester United et cette saison face au Bayern Munich.
Avec Justin Kluivert (Roma) et son équipier à l'Ajax Frenkie De Jong, c'est lui le meilleur représentant de cette classe biberon oranje, celle qui est pressée de relancer une mécanique méchamment encrassée depuis cette troisième place acquise au Mondial 2014.
Numéro 6 dans ma team
À cette époque, de Ligt va sur ses quinze ans et est déjà un membre éminent de l'académie de l'Ajax Amsterdam. Et déjà, ses coaches perçoivent que le gamin possède des qualités hors-normes. Mais il doit les développer.
"Il s'est retrouvé au centre de disputes entre les entraîneurs", explique Ruben Jongkind à Sky Sports. "Certains voulaient le faire jouer arrière central, mais on a dit non. Il devait jouer au milieu, car l'un de ses soucis, c'était la rapidité de ses actions et de prise de décision. Il devait jouer comme numéro 6 afin de corriger cela."
Formé comme un médian au sein d'une école estampillé "beau foot", il développe logiquement une qualité de jeu délicieuse, avec une précision dans les passes qui lui permet de flirter avec les 90% de moyenne dans ce domaine depuis ses débuts en septembre 2016.
De plus en plus calme face aux situations chaudes, rapide, il parvient à défendre correctement, sans se jeter comme un bourrin dans la bataille (1,2 tacle par match seulement), preuve de sa maturité malgré son très jeune âge. "On dirait qu'il fait cela depuis six ou sept ans", s'extasie Edwin van der Sar, membre du board de l'Ajax, sur Goal.com. "Il possède la maturité physique d'un homme de vingt-quatre ans. C'est aussi un vrai leader." Last but not least, il est également capable de dominer dans les airs grâce à son très respectable mètre 88.
Bref, le blondinet de Leiderdorp possède toute la panoplie du défenseur moderne. Celle qui lui permet de diriger une défense qui n'a encaissé que onze buts en vingt-quatre rencontres, toutes compétitions confondues. Oh, et pour trois d'entre eux, de Ligt était absent pour cause de blessure.
Passage express à l'orange
Ces atouts n'ont évidemment pas manqué d'attirer l’œil aiguisé de Ronald Koeman, lui-même adepte d'un système basé sur une circulation de balle fluide depuis ses années passées au sein du grand Barça de Johan Cruyff au début des années 90.
Si Danny Blind avait été le premier à le rappeler en mars 2017, faisant de lui le quatrième plus jeune international du foot néerlandais, c'est bien l'ancien défenseur qui l'impose aux côtés de Virgil van Dijk dans un système à cinq, puis à quatre derrière. Toujours convalescents, les Pays-Bas ont pourtant montré des signes d'amélioration, en écrasant une Allemagne méconnaissable et en arrachant un nul à Bruxelles face aux Diables rouges.
Avec une assise composée du défenseur le plus cher du monde et d'un gars pisté par le Barça, Manchester City ou encore le Real Madrid, Koeman peut espérer bâtir quelque chose de solide et relancer une nation en perdition.
Et pour le sélectionneur batave, le fait de voir de Ligt prendre du galon en Europe n'est qu'une question de temps. "C'est clair qu'il va rejoindre un championnat plus huppé, même si c'est dommage de voir les jeunes Néerlandais quitter le pays de plus en plus jeunes", expliquait-il en conférence de presse récemment. "On se rend compte du niveau de l'Eredivisie une fois qu'on a disputé son premier match de Ligue des Champions avant d'enchaîner sur le synthétique d'Excelsior. (...) C'est normal pour un joueur de cette qualité d'effectuer un pas en avant et de chercher de nouveaux défis."
Ce sera peut-être en Premier League, où Tottenham était également intéressé, surtout dans l'optique d'un départ de Toby Alderweireld. Même taille, même précision, même passé ajacide, il ne manque plus que la mèche...