Kylian Hazard: "Montrer que je suis Kylian et pas juste Hazard"
À 23 ans, le petit frère d’Eden et de Thorgan entend réussir sa mutation…
- Publié le 01-12-2018 à 08h03
- Mis à jour le 01-12-2018 à 10h46
À 23 ans, le petit frère d’Eden et de Thorgan entend réussir sa mutation… Quand votre grand frère de 27 ans est un génie du ballon rond qui, à lui seul, peut faire se soulever tout un stade et que votre autre frère de 25 ans est devenu l’un des meilleurs joueurs de Bundesliga, il n’est pas facile de faire parler de soi, ou en tout cas que de soi. Prêté cette saison par Chelsea au Cercle, Kylian Hazard (23 ans), puisque c’est de lui dont il s’agit, vit très bien dans l’ombre de ses aînés. Dans son chef, dans ses paroles, on ne retrouve aucune once de jalousie. Juste un profond respect et un amour fraternel évident pour Eden et Thorgan.
Kylian, il n’y a pas une seule interview où on ne vous parle pas de vos frères. Est-ce ennuyant ?
"C’est quelque chose de logique. Quand on parle de Kylian, on pense directement à Eden et Thorgan. Je réponds aux questions qu’on me pose car on va quand même me les poser. Je réponds ; il n’y a pas de problème."
Quels sont les rapports que vous entretenez avec vos frères ?
"C’est comme une famille classique. Entre frères, on se contacte, on se téléphone, on prend des nouvelles des enfants. Qu’on joue au football ou pas à un certain niveau, cela ne change rien dans la relation."
Comme vous êtes le plus jeune dans le milieu, vous donnent-ils des conseils ?
"Oui. Après chaque match, je reçois des messages du genre : ‘cela était bien ; cela, c’était moins bon’ . Vu leur niveau, je pense que c’est bien de les écouter."
On vous a souvent catalogué comme un joueur un peu nonchalant. Est-ce que vous pensez avoir toujours eu le comportement adéquat ou du moins tout mis en œuvre pour devenir un joueur pro ?
"Ce sont deux questions en une. Au niveau du comportement, je pense avoir toujours été respectueux. Mis tout en œuvre pour réussir ? Peut-être pas, sûrement pas même. Je joue au football parce que j’aime le foot et parfois je prends plus l’amusement que le travail."
Est-ce qu’il y a eu un déclic ? Une prise de conscience qui vous a fait comprendre que vous pourriez passer à côté d’une carrière ?
"Oui, il y a eu un déclic. Ma femme, Fiona, a fait beaucoup pour que je change. Elle fait partie de ma vie depuis longtemps. C’est un pilier sur lequel je peux m’appuyer. Elle m’a dit que je devais me bouger le c… pour montrer qui j’étais. Elle croit en moi et elle veut que je montre à ma fille (Alyah, 8 mois) que je peux jouer au foot à un bon niveau. Sans ma femme, je n’aurais pas changé. Grâce à elle, j’ai pris conscience de certaines choses. Merci à elle. Je veux montrer aux gens que je suis Kylian et pas juste Hazard."
Et vous voyez une différence sur les terrains depuis votre changement d’attitude ?
"Maintenant, j’arrive, enfin pas tout le temps car je resterai toujours un peu jouette, à faire plus facilement la différence entre le moment où je peux rigoler et celui où je dois travailler. En match, il faut toujours garder cette sensation de jouer au football. Il faut prendre du plaisir car c’est là que tu joueras le mieux. À l’entraînement, dans le passé, je n’ai pas toujours fait les efforts demandés. J’en faisais le moins possible. Maintenant, je prends conscience que si je veux jouer et rester sur le terrain comme titulaire, il faut aussi se montrer à l’entraînement."
Devenir papa, cela a changé votre vie ?
"Oui. On ne vit plus de la même façon. On ne fait plus attention aux mêmes choses. On a une vision différente de la vie. Et c’est mieux comme cela. Je me sens plus stable. Après le travail quand tu rentres chez toi, il y a quelqu’un qui t’attend. Et quand tu t’occupes de ta fille, c’est magnifique."
Qui est le parrain de votre fille ? Un de vos frères ?
"Non. Pourtant, j’ai choisi deux parrains. Un ancien équipier d’Ujpest, Enis Bardhi, qui évolue maintenant à Levante en Espagne, et Bryan Verboom. Cela ne servait à rien de mettre un de mes frères. Ce sont déjà les oncles de la petite."
Vous êtes devenu papa assez tôt, comme vos frères ?
"Dans la famille on fait vite les choses. En ce qui me concerne, j’ai vu Eden devenir papa tôt et Thorgan aussi. Quand je voyais comment ils étaient, cela m’a donné envie d’avoir une famille. Et maintenant que j’ai ma fille, je ne regrette rien."
Quand vous vous voyez, vous parlez d’autre chose que de football grâce aux enfants ?
"Le problème quand on se voit tous en famille, c’est que les trois petits d’Eden, c’est toujours foot, foot, foot. Avec les filles de Thorgan, c’est un petit plus relax."
Comment avez-vous vécu la Coupe du monde avec vos deux frères en Russie ?
"C’était spécial. Ils ont fait une très belle Coupe du monde et je suis fier de ce qu’Eden et Thorgan ont fait."
Eden sera-t-il dans le top 3 du Ballon d’or ?
"Je ne suis pas très objectif car, pour moi, il doit gagner."
Qu’est-ce que vous pouvez souhaiter à Eden et Thorgan pour 2019 ?
"Qu’ils soient heureux dans leur vie. Au niveau du football, ils peuvent faire ce qu’ils désirent. Pour moi, c’est la famille le plus important. Donc j’espère que tout se passera bien dans ce domaine."
Il y a quelques semaines, on parlait en Une du cahier des sports de La Dernière Heure/ Les Sports d’un week-end Hazard suite à votre prestation contre Mouscron et celles de vos deux frères. Cela vous a fait plaisir qu’on parle de Kylian en tant que Kylian et pas comme un Hazard ?
"C’était bien. Comme j’ai le nom Hazard on parle vite de moi. Donc si je fais de bonnes choses, on en parlera plus facilement. Cela ne peut être que positif pour moi."
Est-ce que votre nom vous a plus aidé ou desservi ?
"Je ne sais pas. C’est un nom qui est bien…"
"Sans Eden, Chelsea ne m’aurait pas acheté"
L’ailier revient sur son choix de quitter la Hongrie pour les U23 des Blues…
Après un passage timoré à Zulte Waregem lors de la saison 2014-2015, Kylian Hazard a mis le cap sur la Hongrie et l’Ujpest. Pendant deux saisons à Budapest, l’ailier va connaître une bonne passe et franchir un cap dans sa carrière en enchaînant les matchs. Mais l’histoire va se terminer bizarrement…
Pourquoi avez-vous quitté la Hongrie pour rejoindre les… U23 de Chelsea. C’est un choix spécial...
"En fait, cela a été un choix assez simple à prendre. Le problème, c’est que je m’entendais bien avec le président d’Ujpest et que je me suis blessé aux ligaments croisés en fin de saison. Quand je suis revenu de blessure, comme il croyait en moi, il m’a fait resigner un nouveau contrat. Mais le hic, c’est que l’entraîneur m’a annoncé qu’il considérait que je l’avais abandonné. Je me suis blessé en finale de la Coupe de Hongrie et pour lui, si le club avait perdu cette rencontre, c’était de ma faute. Donc, il ne voulait plus de moi. La situation était compliquée car le mercato se terminait. Chelsea m’a alors aidé. Comme je venais de signer un nouveau contrat, j’étais un peu cher. Mais les Blues avaient les moyens de me racheter à l’Ujpest. Voilà pourquoi j’ai rejoint Chelsea."
Repasser d’un championnat professionnel à une équipe de jeunes, même si c’est à Chelsea, ce n’était pas compliqué ?
"Si, c’est spécial. Quand tu passes pro, tu veux rester pro. Quand tu repars avec les jeunes, tu as l’impression de reculer de dix cases. Après, je ne peux pas me plaindre. Le club londonien m’a permis d’encore évoluer car on travaille bien là-bas. Et puis, c’est grâce à Chelsea que je suis au Cercle maintenant."
Le raccourci est facile entre Eden et Chelsea. A-t-il joué un rôle dans ce transfert ?
"Si Eden n’était pas là, Chelsea ne m’aurait pas racheté. C’est clair et net. Mon grand frère m’a aidé."
Comment cela se passait au quotidien ?
"On travaillait dans le même centre que l’équipe première et il y avait pas mal de sessions avec les pros. Là-bas, tout est réglé comme du papier à musique et on travaille dans de très bonnes conditions. On retrouvait dans mon équipe beaucoup de jeunes joueurs anglais. Car tous les jeunes étrangers, ils partent en prêt, comme moi cette saison. Comme j’avais pris du retard en début de saison, je suis resté une année à m’entraîner. J’aurais peut-être pu partir aussi mais j’ai fait le choix de demeurer à Londres pour reprendre le rythme après ma blessure. On va dire que j’ai pris une année pour bien guérir et bien m’entraîner physiquement. Le niveau du championnat n’était pas mauvais et en Coupe, on jouait contre des équipes pros. Je ne peux vraiment pas dire que j’ai perdu une année car j’ai bien bossé."
Vous regrettez ce choix de signer en U23 à Chelsea ?
"Je ne suis pas du genre à avoir des regrets. Donc non. Je vis la vie comme elle est. Et tout ce qui arrive, c’est que cela m’était destiné. Mais clairement, je ne pouvais pas faire une deuxième saison là-bas. Cela aurait été une perte de temps. Et comme j’en ai déjà perdu pas mal, il fallait que je parte pour prouver qui j’étais. À 23 ans, il était temps de se bouger pour atteindre un certain niveau de performance."
"Un joueur auquel il ne faut pas faire attention"
L’ailier veut remercier le Cercle Bruges de la confiance placée en lui…
Arrivé au Cercle quelques heures avant la fin du mercato, Kylian Hazard a dû attendre quelques matchs avant de faire sa première apparition sous ses nouvelles couleurs. Mais depuis le 21 octobre et un déplacement à Anderlecht, le joueur formé à Tubize a participé à tous les matchs des Flandriens, avec notamment un but contre Mouscron.
Kylian, pouvez-vous nous expliquer comment s’est fait votre prêt au Cercle ?
"Je cherchais un club où jouer et j’avais quelques possibilités ; j’avais notamment été appelé par François Vitali, le directeur sportif du Cercle Bruges que je connaissais bien. Le projet me correspondait totalement ; cela s’est fait assez vite. J’ai demandé à Chelsea de partir car, en restant avec les U23, je n’allais plus progresser."
Pourquoi cela s’est fait si tard dans le mercato ?
"J’étais parti voir dans d’autres pays car j’avais quelques clubs intéressés. La Belgique, je n’avais pas essayé, ni demandé. Chelsea a reçu une proposition du Cercle et deux jours après je signais. Ma décision a été vite prise car il y a un beau projet ici."
Quels sont vos objectifs ?
"Devenir un titulaire puis un pion important pour l’équipe. Je veux jouer un maximum de matchs pour augmenter mon niveau."
Quels discours ont eu la direction et le coach ?
"Ils ont dit que le Cercle pourrait représenter un beau tremplin pour moi. Ils connaissaient mes qualités et ont eu confiance en moi. Maintenant, c’est à moi de leur prouver qu’ils ne se sont pas trompés. L’entraîneur ne s’attendait peut-être pas à m’avoir dans son groupe vu que le transfert s’est réalisé en fin de mercato. Il m’a dit de montrer ce que je pouvais faire et être efficace."
Quelle est la différence entre le Kylian actuel et celui qu’on a connu à Zulte Waregem ?
"Je pense qu’à Waregem, j’étais encore jeune. Ce qui n’a pas fonctionné, c’est que je venais derrière Thorgan et qu’il avait réussi de belles choses. Zulte a peut-être pensé faire un deuxième Thorgan. On ne s’est pas compris sur le projet."
Êtes-vous satisfait de votre évolution au Cercle ?
"Oui, on m’a donné ma chance. J’essaie de montrer à l’équipe et au staff que je peux rendre l’équipe meilleure. Pour le moment, je joue donc cela veut dire que c’est bien."
Au début vous ne jouiez pas. Pourquoi ?
"Je suis arrivé tard. L’équipe était déjà faite et il fallait cravacher pour s’y faire une place."
Physiquement, comment vous sentez-vous ?
"Le rythme de matchs, tu ne peux l’acquérir qu’en jouant. J’ai commencé avec la réserve qui m’a permis de me remettre dans le bain. Après, j’ai fait quelques montées au jeu et quand j’ai été titulaire, je suis resté le plus longtemps possible sur le terrain."
Vous vous verriez vous installer au Cercle dans la durée ?
"La stabilité, c’est quelque chose de bon à prendre. Il me reste un contrat à Chelsea jusqu’en juin 2020. Il faudra voir ce que les Anglais voudront faire par rapport à ce que j’aurai montré à Bruges. Et il faudra voir ce que le Cercle veut…"
Vous avez un suivi de la part de Chelsea de vos prestations ?
"Oui, il y a des gens qui viennent me voir, d’autres qui me téléphonent et on m’envoie des vidéos de mes matchs avec ce que j’ai fait de bien et de moins bien. Toutes les semaines, j’ai des nouvelles et je dois étudier mes prestations."
Avez-vous l’impression qu’on ne vous connaissait pas en Belgique ?
"Peut-être qu’on ne me connaissait pas au niveau du football mais bien de prénom et de nom. On ne savait pas de quoi j’étais capable."
Vous pensez qu’on avait quelle image de vous ?
"Celle du jeune joueur qui fait les clubs où il veut aller car il s’appelle Hazard. Et auquel il ne faut pas faire attention."