"Que le meilleur gagne !": nos Red Flames Tessa Wullaert (Man City) et Yana Daniëls (Liverpool) évoquent la lutte pour le titre
L’été dernier, leurs transferts ont suscité l’admiration du football féminin en Belgique. L’une à Manchester City et l’autre à Liverpool.
- Publié le 10-05-2019 à 18h36
- Mis à jour le 12-05-2019 à 11h57
L’été dernier, leurs transferts ont suscité l’admiration du football féminin en Belgique. L’une à Manchester City et l’autre à Liverpool.
L’ancienne Standardwoman Tessa Wullaert (26 ans), qui porta aussi le maillot mauve, et l’ex-Anderlechtoise Yana Daniëls (27 ans) ont décroché des transferts prestigieux. Et après une saison, les deux Red Flames peuvent être satisfaites de leur expérience en Woman Super League, sous les maillots des deux clubs qui se disputent le titre en Premier League. Interview croisée.
Pour Yana, c’était un saut entre Bristol et Liverpool. L’expérience était-elle une réussite ?
Tessa : "Liverpool avait une toute nouvelle équipe cette année. Elles vont terminer au milieu du classement et c’est en dessous des attentes. Mais je crois que Yana s’amuse bien là-bas. C’était difficile au début parce qu’elle est arrivée blessée. Et c’était donc compliqué de se faire une place. J’espère pour elle que la saison prochaine sera plus riche en succès."
Yana : "C’était compliqué au début. Nous avons changé trois fois d’entraîneur. C’était difficile de trouver sa place. Mais après, quand nous avons adopté un système stable avec une équipe de base, nous avons commencé à gagner plus de rencontres. Au final, nous avons mieux fini la saison que nous ne l’avions commencée. Il y a plus de pression à Liverpool qu’à Bristol parce qu’il y a plus d’attente. On pense ici qu’on doit et qu’on va gagner chaque rencontre."
Et pour Tessa, c’était périlleux de passer de l’Allemagne (Wolfsburg) à l’Angleterre…
Yana : "Elle a connu une très belle saison. En tant que nouvelle, elle s’est directement fait une place dans l’équipe. Ce qui n’était pas facile dans un club comme Manchester City. Elle a délivré des passes décisives importantes. Elle peut être fière de sa saison."
Tessa : "J’ai joué presque toutes les rencontres. Nous avons remporté des trophées (NdlR : Coupe de la Ligue et FA Cup). Nous ne sommes pas championnes mais la saison est réussie. D’un point de vue personnel, je n’ai pas marqué autant de buts que je l’espérais. Je joue maintenant au milieu du jeu et non plus en attaque. C’est la raison pour laquelle je marque moins. Mais le coach me fait confiance et j’ai pris ma place dans l’équipe."
Malgré la concurrence entre vos clubs, vous vous soutenez ?
Tessa : "Évidemment que oui ! Il n’y a aucune concurrence entre nous. J’espère que Liverpool va gagner toutes ses rencontres, sauf contre nous. Et je suis sûr qu’elle me souhaite la même chose. Il y a seulement une compétition quand nous jouons l’une contre l’autre, mais sinon aucune."
Yana : "On parle beaucoup des rencontres et de nos performances. Mais il n’y a aucune compétition entre nous. On regarde nos prestations et quand l’autre gagne, nous sommes heureuses. Bien sûr, c’est différent quand on joue l’un contre l’autre. Je regarde beaucoup ses matchs. Cela fait du bien de pouvoir la contacter pour parler de nos expériences communes."
Vos clubs sont en lutte directe pour le titre chez les hommes. Vous sentez la pression ?
Tessa : "Non, c’est une pression positive qu’on a chez les femmes. Entre nous, on en parle rarement. J’espère évidemment que Manchester City va remporter le titre de champion. Mais si c’est Liverpool… ce sera Liverpool. Que le meilleur gagne ! Ce n’est pas tellement important pour moi."
Yana : "La course au titre est tendue. Moi, j’ai quand même envie que Liverpool gagne cette année. Mais on ne sent pas tellement la pression. En fait, je ressens la pression via les réseaux sociaux. On vit cela plutôt en tant que fan. Comme on ne s’entraîne pas au club, on n’a pas tellement de contact. Et donc on ne vit pas cela de l’intérieur. On ne se sent pas impliqué."
On sent un peu de frustration…
Yana : "Nous nous entraînons dans un autre complexe. Il n’y a pas beaucoup de place pour nous et c’est bien dommage. Nous ne nous sentons pas tellement impliquées dans le club. On s’entraîne dans un complexe qui n’a rien à voir avec Liverpool. Pour l’avenir, nous pourrions peut-être nous entraîner à l’académie avec les jeunes. Ce serait pour nous un pas vers le professionnalisme de s’entraîner dans les mêmes conditions que les hommes."
Tessa : "Liverpool a une manière totalement différente de travailler que la nôtre. Manchester City est un des seuls clubs en Europe où les femmes ont une place importante à côté des hommes. Au niveau des médias sociaux par exemple, on nous met en avant. J’ai aussi reçu une lettre d’une jeune fan qui voulait me rencontrer. Et Manchester City a tout réglé pour qu’on aille la surprendre à l’école. Notre photo est à côté de celle des hommes dans le stade. À l’académie, les jeunes filles et les garçons sont ensemble. Donc tout est bien."
Yana : "Chez nous, allez voir les matchs des hommes n’est pas toujours possible. Nous devons acheter nos tickets et c’est assez cher…" ;