Du caractère et du jusqu’au-boutisme pour prendre un point à Westerlo : ce Standard retrouve (un peu) ses valeurs
Les Liégeois n’ont jamais baissé les bras malgré des conditions extérieures compliquées. Un point positif au milieu de la grogne des supporters.
- Publié le 21-04-2024 à 11h07
- Mis à jour le 21-04-2024 à 13h11
Trois cents secondes d’une rencontre peuvent parfois synthétiser la saison d’un club. Entre les cinquante-neuvième et soixante-quatrième minutes, le Standard a mis en exergue les maux qui le rongent depuis de nombreux mois et font de lui “un grand club, mais pas une grande équipe”, comme le résumait parfaitement Ivan Leko.
Juste avant l’heure de jeu, un cadre de l’équipe signait une deuxième erreur individuelle grotesque. Pas aidé par la relance d’Arnaud Bodart sur le but de Lucas Stassin, Kostas Laifis a ensuite mal jugé la trajectoire d’un ballon aérien sur l’action qui a amené le penalty de Griffin Yow. Ces approximations sont encore nombreuses dans le jeu liégeois, avec des marquages trop larges sur les phases arrêtées défensives et des replis collectifs douteux. Les six buts encaissés lors des deux dernières rencontres attestent d’une passivité défensive inquiétante. “Nous accordons beaucoup d’attention sur ce point avec parfois dix joueurs derrière le ballon mais ça ne suffit pas, apparemment”, soupirait le coach.
Ce comportement a définitivement lassé les supporters. Quelques minutes plus tard, la moitié de la tribune réservée aux fervents liégeois s’est vidée de moitié, sous les quolibets du public campinois. Les fans principautaires ont rangé leurs drapeaux et rejoint l’espace réservé aux cars pour marquer leur désaccord face au comportement de leurs joueurs et au travail de la direction. Silencieux durant les douze premières minutes du match, ils ont également brandi un message explicite huit minutes après le coup d’envoi : “La pire saison de notre histoire, une honte pour notre blason. Battez-vous ou cassez-vous !”
Particulièrement en voix, ils ont notamment réclamé la “démission” de 777 Partners et chanté à la gloire de Sinan Bolat, qui portait le brassard de capitaine de Westerlo. La rupture semble totale, même si certains supporters ont regagné leur place dans les derniers instants de la rencontre. “Les voir quitter le stade fait mal mais on les comprend”, expliquait Cihan Canak, rejoint par Lucas Noubi : “Leur banderole dit que nous sommes la pire équipe de l’histoire. C’est honteux, nous en sommes conscients. Nous devons continuer à nous battre car personne ne se réjouit de la situation.”
Je comprends les fans. A leur place, j'aurais également quitté le stade.
Le geste des fans est puissant, trois jours avant le retour du public de Sclessin pour le match contre Malines. “Je les comprends et à leur place, j’aurais… également quitté mon siège. C’est l’identité du club et j’aime ça ! Notre prestation était décevante jusqu’au troisième but adverse. Les supporters veulent voir de la puissance, de la discipline, du pressing, de la concentration. Nous devons leur donner de l’espoir et leur Standard”, appuyait Ivan Leko.
Sans verser dans une trop grande euphorie, il est tout de même utile de noter que les joueurs n’ont jamais baissé les bras. Ils ont affiché un caractère et un jusqu’au-boutisme propres au Standard. Beaucoup d’équipes auraient totalement lâché en accusant un retard de deux buts lors d’un match d’Europe Playoffs sans enjeu, sous une pluie diluvienne et la bronca de ses propres fans. “On joue pour l’honneur, la fierté et pour le club, comme le coach nous l’a dit dans le vestiaire. On n’a rien lâché”, reprenait Canak.
Pour le moment, c’est tout ce que ce Standard peut offrir. “Mes joueurs ont tout donné. Physiquement et mentalement, ils étaient vidés à la fin du match”, terminait Ivan Leko. Ce caractère est la marque de fabrique du Matricule 16. Savoir se contenter de ce que l’on a, c’est être riche.