Marin, l'indispensable au Standard: "Razvan ne lâchera jamais rien, c’est dans son ADN"
Sam Nistor, meilleur ami de Razvan, dresse le bilan de l’évolution du Roumain.
- Publié le 18-10-2018 à 07h55
- Mis à jour le 18-10-2018 à 10h10
Sam Nistor, meilleur ami de Razvan, dresse le bilan de l’évolution du Roumain. Le Canonnier, un soir du 20 octobre ou comme une impression de déjà-vu pour Razvan Marin. Samedi, cela fera un an, jour pour jour, que le Roumain distribuait son premier assist de la saison (pour Orlando Sa). Cette passe décisive en appellera 11 autres tout au long d’une saison qui mènera le Standard sur la deuxième marche du podium.
Un an plus tard, et après avoir traversé un passage à vide en ce début de saison, Razvan Marin retrouvera Mouscron. L’occasion de dresser le bilan de l’évolution du Roumain avec son meilleur ami depuis son arrivée à Liège, Sam Nistor.
Pas à son affaire au début de saison, Razvan Marin n’a rien laissé transparaître.
"Il est resté le même et, honnêtement, il n’était pas inquiet. Il savait bien que l’assimilation du schéma de Monsieur Preud’homme prendrait du temps. À vrai dire, on n’a jamais parlé de sa mauvaise passe car nous étions conscients que cela allait finir par tourner."
Inquiet, Marin ne l’était pas non plus après la gifle reçue en Europa League à Séville où, avec Cimirot, il avait sombré dans le milieu du jeu.
"Il a reconnu, après le match, que Séville, c’était un cran au-dessus pour lui. Quelques jours plus tard, cette équipe se payait le Real Madrid… Cette défaite lui a fait mal mais il l’a prise comme un apprentissage. L’Europa League est très importante à ses yeux car c’est une plus-value pour le club mais aussi pour lui."
Le temps où Marin rongeait son frein sur le banc sous Ricardo Sa Pinto semble très loin. Aujourd’hui, l’international roumain a acquis un nouveau statut : celui de cadre.
"Michel Preud’homme voulait entamer son projet autour de plusieurs cadres et Razvan en fait partie. Ce n’est pas pour autant qu’il se sent supérieur car il a du crédit. Ce crédit, il l’a gagné à force de travail et d’abnégation. C’est dans son ADN, il ne lâchera jamais rien et ne se contentera pas de ce qu’il a, il en voudra toujours plus."
Depuis quelques semaines, Marin retrouve ses sensations avec, notamment, une excellente prestation face à Bruges.
"Il m’a dit, juste après le match, qu’il avait été transcendé par l’ambiance qui régnait dans le stade", précise son ami. "Cela lui a donné un supplément d’âme qui lui a permis, comme les autres d’ailleurs, de se sublimer. Quand le Standard joue comme ça, il est un des meilleurs clubs du pays. Mais Razvan n’oublie pas que, plusieurs jours auparavant, ils se faisaient humilier par Knokke en Coupe."
Arrivé sur la pointe des pieds en janvier 2017, Razvan Marin s’est fait une place, tant dans le groupe liégeois que dans la Cité ardente.
"Il y a désormais ses petites habitudes. Au début, je l’assistais pour tout et n’importe quoi. Maintenant, il parle très bien français et se débrouille parfaitement. La saison dernière, il suivait des leçons de français mais, à force de se retrouver plusieurs fois seul au cours, il ne s’y est plus présenté (rires). Il a alors appris avec nous, ses proches. Aujourd’hui, il est comme un poisson dans l’eau à Liège. J’ai été le chercher à l’aéroport cette semaine à son retour de sélection et il m’a directement dit qu’il était heureux de revenir chez lui, à Liège."
Marin se sent tellement bien au Standard qu’il n’a jamais semblé malheureux de ne pouvoir le quitter cet été alors que l’AS Rome, entre autres, avait marqué son intérêt.
"Pas du tout. Il n’a jamais été déstabilisé ou même énervé. La preuve, il a même prolongé son contrat. Il sait que le Standard l’a aidé à grandir dans sa carrière mais aussi dans sa vie. C’est pourquoi il n’ira jamais au clash."
Depuis le début de saison, Razvan Marin ne cesse de clamer son intention de décrocher un nouveau trophée avec le Standard. "Il ne lui reste donc plus que le titre (rires). Mais évidemment qu’il souhaite le remporter. La saison de son arrivée en provenance de Viitorul, le club a été champion et il n’a pu participer à la fête. Il a envie de goûter à cela ici. La saison dernière, cela a été compliqué pour lui de ne pas pouvoir aider ses équipiers dans le dernier sprint final (NdlR : il a loupé les quatre derniers matches). Mais dès son premier jour de vacances, il s’est attaché les services du meilleur kiné italien pour revenir le plus vite possible."
"Marin a progressé dans tous les domaines"
Alex Teklak analyse le début de saison compliqué ainsi que le retour au premier plan du médian.
"Je n’étais pas moi-même depuis le début de la saison." Après sa prestation cinq étoiles face à Bruges (un but et un assist), Razvan Marin reconnaissait avoir rencontré des ratés à l’allumage cette saison.
Pour notre consultant, Alex Teklak, cette période de flottement dans le chef du Roumain est peut-être à expliquer par les nombreux changements opérés au sein de l’équipe.
"Tout d’abord, il a effectivement dû assimiler l’approche du nouveau staff qui est diamétralement opposée à celle du précédent", entame Alex Teklak. "Ensuite, il faut dire qu’il a longtemps cherché sa position sur le terrain ainsi que ses partenaires. Il y avait beaucoup trop de déchets dans ses passes et il n’était pas affûté physiquement. Cela peut s’expliquer par le fait qu’il était ballotté d’une position à l’autre mais aussi d’un équipier à l’autre. Les joueurs alignés autour de lui ont souvent changé. Son niveau a ainsi été fluctuant à l’image de celui de l’équipe."
Mais dans quel registre le Roumain peut-il offrir toute la quintessence de son talent ?
"C’est un joueur qui a besoin de courir beaucoup et qui ne doit surtout pas être assigné à une seule tâche spécifique. Il comprend bien le jeu, il sait s’intercaler entre les lignes pour récupérer le ballon et, surtout, il ose jouer vers l’avant sous pression sans compter ses qualités d’infiltration. Sa gamme est donc assez large. C’est un véritable numéro huit qui, comme la saison dernière avec Agbo, a besoin d’un point d’ancrage derrière lui. Face à Bruges, il n’en a pas eu besoin car, avec Cimirot, il avait reçu une consigne limpide qui était de marquer Vanaken et Vormer à la culotte."
À l’image de sa récupération dans les pieds de Wesley sur le premier but de Carcela contre Bruges, Marin a énormément progressé en agressivité dans les duels.
"Il s’est acclimaté au rythme et à l’impact physique imposés par notre compétition. Mais plus que tout, aujourd’hui, il se sent en confiance. Je me souviens de ses débuts sous Sa Pinto durant lesquels on avait le sentiment qu’il passait un examen final à chaque touche de balle. Mais une fois les matches enchaînés et la confiance du coach accordée, il n’a cessé de monter en puissance. Je dirais donc qu’il s’est amélioré dans tous les domaines. Se sentant considéré comme un titulaire indiscutable, il a de suite été plus entreprenant. On l’a déjà dit, mais la blessure de l’infortuné Bope Bokadi aura constitué, plus que jamais, un tournant dans l’histoire de Marin au Standard."
"Il est vital pour la Roumanie"
Journaliste sportif à Bucarest, Emanuel Rosu nous explique comment Marin est perçu chez lui.
Titulaire lors des trois dernières rencontres de Nation League avec la Roumanie, Razvan Marin compte désormais 14 sélections (pour un but et deux assists). Dans son pays natal, l’évolution de Marin depuis son arrivée au Standard a également été constatée.
"Ses progrès sont remarquables", précise Emanuel Rosu, journaliste sportif à Bucarest. "Il joue aujourd’hui avec bien plus d’autorité qu’à ses débuts. Il est plus posé et ses prises de décision sont meilleures. Marin, c’est la fourmi travailleuse de cette sélection."
En quelques mois, le statut de Marin a changé au sein de la Tricolorii. "C’est un joueur clé", assure Emanuel Rosu. "Le problème, en ce moment, est que l’équipe ne pratique pas un beau football et il est donc difficile de sortir du lot. Mais Marin est vital pour la Roumanie. Je pense qu’il disputera l’Euro U21 en 2019. Cette équipe déborde de talents."
Alors que sa valeur marchande n’a cessé de croître ces derniers mois et que de grosses écuries du calibre de l’AS Rome se sont intéressées à lui, Razvan Marin n’a pas fait les gros titres des médias de son pays.
"Il n’est pas considéré à sa juste valeur", regrette notre interlocuteur. "Cela est sans doute dû à sa personnalité introvertie. Marin ne sort jamais du rang, c’est un joueur gentil et honnête. C’est sans doute pour ça qu’on ne le remarque pas car, ici, en Roumanie, les supporters tendent à préférer les joueurs au cœur des controverses. Marin est important pour le pays, plus que ce que les gens ne peuvent l’imaginer."
Emanuel Rosu met également en avant la loyauté du Standardman qui aurait très bien pu avoir des envies d’ailleurs l’été dernier.
"Il était courtisé par de grands clubs mais cela n’a, en rien, affecté son jeu. Il n’est pas du genre à mettre la pression sur son employeur ou encore à aller au clash, il ne le fera d’ailleurs jamais. Il est extrêmement reconnaissant envers le Standard pour ce qu’il lui a apporté. Même s’il a connu un début de saison délicat, qu’il n’était pas à son meilleur niveau, il a tout de même tout fait pour aider son club au mieux. Mentalement, il travaille avec deux coaches spécifiques qui l’aident énormément. Cela lui a sans doute permis de surmonter ce début de campagne mitigé."