L'édito du lundi: Leko et sa gueule de bois
Par Christophe Franken
- Publié le 26-11-2018 à 11h00
Ivan Leko avait fait du Club Bruges une machine. Une machine à gagner. Une machine à enchaîner les matchs solides. Il maîtrisait parfaitement un noyau large avec quelques sacrés égos. On avait même l’impression de revoir parfois le Bruges de Sollied : un système bien huilé et une impression de force tranquille qui écrase tout sur son passage.
Puis il y a eu le 10 octobre. Leko a passé une nuit en prison avant d’être relâché. Un mois et demi plus tard, Bruges n’a gagné qu’un seul de ses six matchs de championnat. Il y a bien eu le 0-4 à Monaco en Ligue des Champions mais c’était un succès en trompe-l’œil face à un club à l’agonie. En championnat, le Club a le même bilan qu’Eupen depuis l’explosion du Footgate.
Waasland Beveren (malgré le changement de coach) et Malines ne souffrent pas autant. Pourtant, les menaces qui pèsent au-dessus de ces deux clubs sont bien plus graves (jusqu’à preuve du contraire). Comment l’expliquer ? Parce qu’à Bruges, le coach a été arrêté. À Lokeren aussi mais Peter Maes a vite été mis dehors ensuite.
Depuis le 10 octobre, l’image de Leko a terriblement souffert. Aux yeux du monde extérieur mais aussi dans son vestiaire. Pour tous les joueurs brugeois, c’est subitement la figure d’autorité qui vacillait. Et forcément, les questions ont dû se bousculer dans leur tête. Sera-t-il encore mon coach longtemps ? A-t-il fait des choses qui ont nui à l’équipe ? Ma propre réputation pourrait-elle être touchée à cause de lui ? Pourquoi l’avocat de mon coach est-il aussi fâché qu’on accorde le statut de repenti à l’agent de mon coach ?
Des interrogations légitimes. Et personne n’est là pour apporter de réponse pour l’instant. Les joueurs ne peuvent même pas compter sur un discours rassurant de leur président. Ces dernières semaines, le silence de Bart Verhaeghe est assourdissant. En tant que patron du Club, il aimerait probablement défendre son coach. Mais en tant que big boss de l’Union belge (qui s’est constituée partie civile dans le Footgate), il doit faire attention à ce qu’il dit. Le déballage annoncé de Veljkovic-le-repenti fait peur.
En attendant, Bruges affronte Dortmund et le Standard cette semaine. Deux matchs où il n’y a pas vraiment besoin de coach pour motiver les joueurs. Et après ? Les adversaires moins prestigieux s’enchaîneront. Leko sera-t-il enfin capable de digérer sa terrible gueule de bois du 10 octobre ? Ceux qui ont vu le match contre Zulte Waregem vendredi commencent à en douter.