Dieumerci Ndongala se confie avant Genk-Standard: "Dans un championnat régulier, on parlerait du titre"
L’ancien Rouche Dieumerci Ndongala ne fait pas, encore, de Genk le favori pour les lauriers. "Évidemment qu’on a envie de réaliser l’exploit."
- Publié le 08-02-2019 à 06h22
- Mis à jour le 08-02-2019 à 10h33
L’ancien Rouche Dieumerci Ndongala ne fait pas, encore, de Genk le favori pour les lauriers. "Évidemment qu’on a envie de réaliser l’exploit." Six buts, huit assists en trente-quatre matchs, dont vingt-huit en tant que titulaire. Dieumerci Ndongala a atteint une autre dimension cette saison à Genk. Son club survole actuellement la compétition au moment de recevoir l’autre équipe en forme du moment, son ancien employeur, le Standard. L’occasion de faire le point sur la carrière du Congolais. Entretien.
Dieumerci, à quoi attribueriez-vous la réussite actuelle de Genk ?
"C’est celle de tout un club, de toute une organisation. Les idées de Genk sont claires et, au-delà du sportif, le club est serein et cette sérénité se diffuse à tous les étages du club, ce qui fait que nous, joueurs, n’avons pas de pression. Sportivement, le staff fait de l’excellent boulot et parvient à nous motiver. Nous avons également du talent dans l’effectif. On est dans la continuité de notre belle année 2018. Mais aujourd’hui on sent qu’on est attendus partout. C’est à nous d’élever notre niveau et ce qui est bien dans cette équipe, c’est que lorsqu’un joueur n’est pas au top, le collectif prend le dessus."
Ce qui explique que vous arrivez à vous extirper de situations compliquées comme à Saint-Trond et à Waasland-Beveren.
"On a un jeu basé sur la possession, on fait courir l’adversaire et on sait qu’il va finir par se fatiguer. C’est à ce moment-là qu’on sait trouver le décalage pour faire la différence."
Avec neuf points d’avance sur le duo Bruges-Antwerp et onze sur le Standard, vous comprenez qu’on vous attribue l’étiquette de favori ?
"C’est normal car cela fait de longues semaines qu’on est en tête. Mais nous, dans le groupe, et je sais que ce n’est pas très sexy de dire ça, on n’en parle pas et on prend match après match. Oui, ce serait bien de réaliser cet exploit d’être champion mais nous n’en avons pas l’obligation. À quoi bon se projeter dans notre championnat ? C’est le meilleur moyen de se casser la figure. Le discours du coach va d’ailleurs dans ce sens. On sait bien qu’en PO1 un nouveau championnat commence."
À partir de quand pourrez-vous parler du titre ?
"Je ne sais pas (rires) . Pour le moment, c’est vraiment trop tôt. Bien entendu qu’avec cette génération on a envie de réaliser quelque chose. Mais, encore une fois, on n’est pas focalisés sur ça."
Sans les playoffs, votre discours serait différent ?
"Dans un championnat régulier, à ce stade-ci, bien sûr que tu dis que tu veux être champion. Mais dans la mouture actuelle de notre compétition, c’est comme si les compteurs étaient remis à zéro en PO1. Regardez le Standard la saison dernière ! À pareille époque, il était hors du top 6 et, à l’arrivée, le club a failli réaliser le doublé."
Il ne faut donc enterrer personne, pas même Anderlecht ?
"Comme au Standard, Anderlecht est dans une période de transition avec un changement de direction. Cela prend du temps et aujourd’hui on voit que le Standard fonctionne bien. Ce sera la même chose pour le club bruxellois. Parfois, tu es obligé de passer par là pour grandir mais Anderlecht, c’est le club le plus titré et cela prend directement plus d’ampleur quand ils ne sont pas dans le top 6. Mais il suffirait de deux victoires pour relancer la machine. En Belgique, il ne faut jamais enterrer une équipe trop rapidement."
En cas de victoire ce vendredi, le Standard pointerait à quatorze points. Serait-ce suffisant pour écarter le club liégeois ?
"En PO1, cela ne fait que sept points (rires) . Comme je l’ai déjà dit, il ne faut jamais tirer de conclusions hâtives. C’est pareil pour nous, si on perd ce match, cela ne veut pas dire qu’on va tout perdre. C’est vrai que cette rencontre est importante mais elle ne sera pas décisive."
Les deux meilleures équipes du pays vont-elles s’affronter ?
"Je pense. Genk et le Standard sont les formations en forme du moment et, en termes de jeu, le Standard est également très fort. C’était déjà le cas la saison dernière en PO1 mais, avec l’arrivée de Michel Preud’homme, footballistiquement, c’est autre chose et ce n’est pas le départ de Luyindama qui va changer quelque chose."
À quel genre de match vous attendez-vous ?
"Je ne sais pas parce qu’ils se connaissent bien ces deux-là (Preud’homme et Clément) . J’espère qu’on assistera à un beau match, et je suis sûr que ce sera le cas. Le Standard, comme nous, aime jouer au ballon. J’espère qu’il y aura du jeu, pas comme en finale de Coupe, qui n’était pas belle à voir. Le match aller était d’ailleurs déjà de bonne facture."
Mais votre bourreau du match aller n’est plus là (Luyindama qui avait égalisé en fin de match).
"Je ne suis pas surpris de son départ car, avec ses prestations, c’était certain qu’il allait partir. Le club l’a laissé s’en aller car il savait bien qu’il y avait un joueur prêt à prendre le relais en la personne de Bope Bokadi. Je le connais très bien et Merveille va remplacer Luyindama tranquillement. Il est plus technique que lui, plus calme. Même s’il est moins impressionnant physiquement, il est solide dans les duels et j’ajouterais qu’il est plus intelligent dans son jeu que Christian."
Vous annoncez donc un match compliqué pour Samatta ?
"Ils se connaissent bien puisqu’ils ont évolué ensemble au TP Mazembe. À l’aller, il s’en était bien tiré contre Christian. Samatta est un joueur intelligent qui sait se défaire d’un marquage; je ne m’en fais pas pour lui."
Vous avez quitté le Standard il y a un an, quel regard portez-vous sur la direction liégeoise ?
"Vous ne m’entendrez jamais dire du mal d’Olivier Renard et Bruno Venanzi. Parfois, tu es dans une période délicate au cours de laquelle rien ne va comme tu l’aurais souhaité. Il faut l’accepter. Je n’étais pas au top au Standard et, quand mon agent à demander qu’on trouve une solution, Olivier et Bruno n’ont pas hésité. Olivier m’a dit qu’il était certain que j’allais réussir à Genk. On sentait même des regrets chez Bruno et lui, ils étaient convaincus de ma réussite. On va dire que c’est un rendez-vous manqué et cela fait partie de l’apprentissage. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est aussi grâce à mon passage au Standard."
Ndongala revient sur le mercato de janvier: "Ça ne servait à rien d’aller au clash"
Dieumerci Ndongala aurait pu quitter Genk pour le Fenerbahce cet hiver.
Courtisé par plusieurs clubs turcs cet hiver (Fenerbahce étant le plus concret), Dieumerci Ndongala aurait pu quitter le Limbourg, mais il s’est heurté au refus catégorique de son employeur.
Dieumerci, comment avez-vous vécu ce mercato ?
"Bien car la communication avec la direction a été bonne et saine. Le club n’a pas souhaité me laisser partir, il fallait donc tourner le bouton et passer à autre chose, et se reconcentrer sur l’essentiel."
Le Fenerbahce était très concret, vous n’avez pas de regrets ?
"Au moment même, tu y penses un peu, tu te dis pourquoi pas, et ce même si le club n’est pas forcément meilleur que le Genk actuel. On se dit qu’on pourrait franchir le cap. Mais Genk a refusé vu les objectifs du club et la spirale positive actuelle du groupe."
Vous étiez donc prêt à partir ?
"Oui. J’ai toujours aimé les challenges dans ma carrière. Je n’ai pas eu peur de quitter Gand ou encore le Standard."
À chaque fois au mercato hivernal.
"Je suis l’homme de l’hiver (rires) . Je suis aussi arrivé à Charleroi en cours de saison. Mais, à partir du moment où c’était clair qu’un départ était proscrit, j’ai agi en professionnel. Cela ne servait à rien d’aller au clash. Vu la situation actuelle du club, il aurait été stupide de ramener des ondes négatives dans ce groupe. Je n’oublie pas non plus tout ce que Genk a fait pour moi en m’aidant à retrouver mon niveau et à être celui que je suis aujourd’hui."
La direction sera-t-elle plus ouverte au dialogue l’été prochain ?
"Oui. On s’est dit qu’on referait le bilan en juin et, si une offre arrive et qu’elle arrange tout le monde, le club voudra bien discuter."
Voir plusieurs clubs manifester leur intérêt pour vous, c’était gratifiant ?
"Bien sûr. Malgré tous les mauvais moments, j’ai su retrouver mon meilleur niveau et, notamment via l’Europa League, j’ai pu me rendre attractif aux yeux de différents clubs. C’est important et cela me donne envie de continuer à travailler et à progresser."
Clément vous a parlé pour vous convaincre de rester ?
"Oui, il m’a dit que c’était des situations qu’il avait déjà rencontrées durant sa carrière de joueur. Il m’a dit, dans l’intérêt du groupe mais surtout pour moi, que c’était important que je reste. Le coach est satisfait de ma progression et il m’a dit qu’il voulait encore me rendre plus fort. On ne finit jamais de progresser. J’ai confiance en ce staff qui est proche des joueurs."
Ce que Ndongala pense de...
La réussite de Mpoku: "Polo est bon car la méthodologie est bonne aussi"
Ce vendredi, Ndongala recroisera la route de plusieurs amis, dont Mpoku. Le rendement du Liégeois ne le surprend pas. "Sa réussite est due au fait qu’il y a un vrai système de jeu en place. Les bases et la méthodologie sont bonnes. Polo, c’est un joueur qui aime intellectualiser son jeu. La saison dernière, sans vouloir critiquer Sa Pinto, tout le monde jouait à sa guise et on attendait que Polo ou Mehdi et Junior fassent la différence. Mais aujourd’hui, si Polo n’y parvient pas, il peut se reposer sur le collectif. Cette année, il y a un vrai plan de jeu collectif et ça le rend meilleur."
Les critiques sur Carcela: "Les polémiques autour de Mehdi ? Inutiles"
Ndongala vole au secours de son pote Carcela, souvent ciblé par la critique. "Mehdi est comme il est et ceux qui le connaissent savent qu’il n’est pas méchant. Ses retards ? Ce n’est pas pour défier l’autorité ; il a toujours été ainsi. C’est vrai que ce genre de manquement peut faire tâche. Je comprends que cela fasse réagir un staff mais ce n’est pas voulu. Sur le terrain, il apporte tellement. Même s’il a été annulé, son but inscrit contre Anderlecht, c’est du Mehdi ! Il est capable de te sortir un truc de fou à n’importe quel moment. C’est pourquoi je trouve ce genre polémique inutile."
L’éclosion de Léandro Trossard: "Il incarne le futur des Diables rouges"
Auteur de 17 buts et 8 assists en 29 matchs, Leandro Trossard marche sur l’eau cette saison. "Ses statistiques sont impressionnantes et son impact dans le jeu est important. Il en va de même pour Bryan Heynen, qui a un volume de jeu impressionnant et qui est défensivement très costaud."
Et Ndongala d’aller plus loin dans son analyse : "Leandro et Bryan incarnent l’avenir de l’équipe nationale. Je pense que ces deux-là finiront par s’installer dans le groupe des Diables."