Jérémy Perbet revient sur son départ en toute fin de mercato : "J’ai dû prendre ma décision en moins de trente minutes"
- Publié le 16-10-2019 à 07h47
- Mis à jour le 16-10-2019 à 19h01
Jérémy Perbet revient sur son départ du Sporting Charleroi vers OHL qui s’est déroulé en toute fin de mercato. Il est près de 23 h 45 le lundi 2 septembre quand l’information tombe. Alors que le mercato estival en Pro League va fermer ses portes quelques minutes plus tard, Jérémy Perbet est prêté par le Sporting Charleroi à Oud-Heverlee Louvain. Le Français, qui ne sera monté au jeu qu’à trois reprises en début de saison avec le maillot zébré, ne s’attendait pourtant pas à quitter le Pays noir cet été. Mais le départ avorté d’Adama Niane conjugué aux arrivées de plusieurs attaquants au Sporting a changé la donne et a provoqué une soirée mouvementée, le lundi 2 septembre, chez les Perbet…
Jérémy, comment s’est déroulée la journée du lundi 2 septembre, dernier jour du mercato estival, pour vous ?
"Le matin, j’ai rencontré Mehdi Bayat pour un projet que j’avais avec ma femme, pas du tout pour parler d’un départ. Et en rigolant, il m’a dit : ‘D’ici ce soir, peut-être que tu seras trans féré…’ Mais c’était vraiment en rigolant qu’il m’a dit cela… Tout le monde sait qu’Adama Niane devait signer à OHL après avoir visité les installations du club. Mais finalement, il s’est retracté et a décidé de rester au Sporting…"
Quand avez-vous été prévenu de l’intérêt d’OHL à votre égard ?
"Mehdi Bayat et Mogi Bayat (NdlR : l’agent du Français) m’ont appelé à plusieurs reprises aux alentours de 21 h 30 mais je n’ai pas vu les appels tout de suite. J’étais en train de coucher ma fille et de lui raconter une histoire. Ma femme est alors venue me dire que mon téléphone ne faisait que sonner. À ce moment, je sentais que c’était au sujet d’un départ… Quand je les ai rappelés, on m’a dit : ‘Il est 22 h, tu dois prendre ta décision en 30 minutes car nous devons ensuite aller à Louvain faire les papiers.’"
Quel était votre premier sentiment au sujet d’un possible départ de Charleroi ?
"Sur le moment, j’ai clairement dit non car je n’étais pas préparé à un départ. Charleroi m’a laissé le choix et je ne me voyais pas quitter le club. J’ai ensuite eu une discussion avec ma femme et j’avoue que c’était difficile de prendre une décision aussi importante en seulement 30 minutes… Puis la raison me disait que rester sur le banc ou en tribunes au Sporting à bientôt 35 ans, ce n’était pas optimal pour ma fin de carrière. Je ne cache pas que j’ai d’abord ressenti un sentiment bizarre puis le défi m’a emballé. Je préfère être en vitrine dans un club du haut de tableau de D1B plutôt que de ne pas jouer en D1A."
Vous aviez reçu d’autres propositions durant l’été ?
"Oui mais des propositions qui ne me semblaient pas intéressantes car je ne voyais mon futur qu’à Charleroi. Je ne me faisais vraiment pas à l’idée de partir."
Si Adama Niane était parti, vous seriez toujours Zèbre à l’heure actuelle ?
"Bien sûr que si Adama était parti, je serais resté. Mais il n’a finalement pas quitté le club… Je ne suis pas novice dans le football : j’ai vu les attaquants arriver (NdlR : Shamar Nicholson, Kaveh Rezaei et Frank Tsadjout) et j’ai vu que le coach ne jouait qu’avec un seul attaquant. Finalement, c’est surtout le timing qui a été difficile à accepter. Mais une fois la déception passée, le défi a clairement pris le dessus."
Quel rôle auriez-vous eu si vous étiez resté à Charleroi ?
"Durant l’été, j’ai eu une discussion avec Mehdi Bayat qui m’a dit que le club comptait sur moi et sur ma faculté à faire pencher la balance dans les 20 dernières minutes. J’aurais donc pu rester et avoir ce rôle de joker de luxe présent en fin de match quand l‘équipe avait besoin de moi, comme face à l’Antwerp (NdlR : le 11 août, Perbet monte au jeu face aux Anversois et donne la victoire aux Zèbres dans les arrêts de jeu de la partie) . C’est ce que je comptais faire tout le reste de la saison. Si Adama avait été très fort au début de la saison, la direction aurait peut-être moins recruté d’attaquants… Mon rôle était clair et à terme, il y avait l’idée de rester à Charleroi dans un autre poste que joueur. J’aurais très bien pu finir ma carrière comme cela. Mais ce n’est pas dans mon caractère. Je me sens encore physiquement bien pour jouer deux ou trois ans."
"Je suis tombé sur un phénomène"
La saison passée, Perbet a dû s’incliner face à Victor Osimhen.
Revenu durant l’été 2018 à Charleroi, en provenance du Club Bruges, Jérémy Perbet aura souvent aidé son équipe mais rarement dans un rôle de titulaire (10 titularisations sur l’ensemble de la saison). La faute à des choix tactiques mais aussi à l’éclosion de Victor Osimhen. Le Nigérian, arrivé au Sporting lors du même mercato que Perbet, aura complètement explosé sur le front de l’attaque zébrée, ne laissant que des miettes à ses concurrents. "Quand tu as meilleur que toi, tu dois simplement te taire et te battre pour avoir du temps de jeu", explique Jérémy Perbet. "Il y a un an, avant qu’il n’explose, je disais déjà qu’il avait toutes les qualités de l’attaquant moderne. Sa réussite ne m’étonne pas du tout. Personnellement, je me contentais de montées au jeu mais tu n’as rien à dire dans ces cas-là."
Même s’il est tombé sur plus fort que lui, le Français sait que sa fin de carrière aurait pu être été différente sans l’arrivée d’Osimhen à Charleroi… "Oui, ma fin de carrière aurait pu se dérouler au Sporting s’il n’avait pas éclaté", avance Perbet. "Quand je suis revenu, c’était pour jouer. Mais je suis tombé sur un phénomène. Et tant mieux pour Charleroi qui a pu réaliser un très beau transfert sortant, permettant de pérenniser le club sur plusieurs années."
Cette saison, c’étaient Shamar Nicholson et Kaveh Rezaei avec qui l’attaquant de 35 ans entrait en concurrence. "J’aurais pu avoir du temps de jeu malgré la concurrence mais cela dépend toujours du style de jeu que le coach veut mettre en place", explique Perbet. "Shamar et Kaveh sont deux très bons attaquants. Ils n’ont peut-être pas encore la réussite que la direction aurait souhaitée mais cela va venir car ils ont beaucoup de qualités."
Depuis Louvain, Jérémy Perbet suit toujours les résultats des hommes de Karim Belhocine. Et il retrouve un gros problème qui suit l’équipe depuis plusieurs saisons… "Le coach a réussi à mettre en place sa philosophie avec une idée de jeu bien claire", analyse le joueur passé par Villareal, La Gantoise ou encore Courtrai. "Mais Charleroi n’arrive cependant pas à être régulier ; c’est cela son problème. Les Carolos battent Genk puis perdent 0-3 contre Saint-Trond… Cette irrégularité nous a coûté les PO1 la saison dernière. Pour viser haut, il faut être régulier. Malgré cela, les joueurs ont assez de qualités pour accrocher les playoffs 1."
"Pas facile de descendre en D1B"
Perbet a déjà inscrit deux buts pour le compte d’OHL, une équipe qui vise la montée en D1A.
Jérémy Perbet n’a pas raté ses débuts avec OHL. Lors de sa deuxième montée au jeu, le Français a inscrit son premier but pour ses nouvelles couleurs, offrant au passage la victoire aux Louvanistes face à Lommel. Quelques jours plus tard, pour sa première titularisation, il s’offre une nouvelle réalisation face à Lokeren. "Il a d’abord fallu que je me fasse à l’idée de ne plus jouer en D1A", avance Perbet. "J’ai connu des moments compliqués car ce n’est pas facile de descendre en D1B. Mais quand je suis arrivé ici, j’ai vu les installations, le niveau des joueurs et des entraînements. Cela m’a tout de suite rassuré. L’objectif assumé du club est de monter en D1A ; j’aime les défis."
S’il est redescendu d’un étage, Jérémy Perbet n’est pas arrivé dans une équipe au sein de laquelle il est assuré d’être titulaire tous les week-ends, Aguemon et surtout Henry (5 buts et 3 assists depuis le début de la saison) créant une vraie concurrence. "Quand je suis arrivé, l’équipe était bien en place et jouait bien", explique l’attaquant. "À terme, je sens que je peux être titulaire dans cette équipe et ne plus avoir ce rôle de joker de luxe. À bientôt 35 ans, j’ai toujours l’envie d’être titulaire, de marquer des buts et d’aider OHL à monter en D1A."
Pour cela, les Louvanistes devront se montrer plus forts que des équipes comme Virton ou l’Union saint-gilloise. "Notre effectif peut faire la différence", prévient Jérémy Perbet. "Quand nous avons quelques blessés, le niveau de l’équipe n’est pas tant affecté que cela. Cela pourrait faire la différence sur toute une saison. Je veux aider cette équipe à atteindre son objectif et ensuite seulement je verrai ce que le futur me réservera. Deux heures avant la fin du mercato, je pensais rester à Charleroi durant deux saisons… Je ne me projette plus trop loin. Je ne suis que prêté à Louvain. Toutes les portes restent donc ouvertes !"