Tactique, utilisation du staff, vie du vestiaire: la méthode inédite de Vince The Coach décryptée
Tactique, utilisation du staff, vie du vestiaire : Vincent Kompany n’est clairement pas un entraîneur comme les autres.
- Publié le 01-07-2019 à 07h53
- Mis à jour le 01-07-2019 à 09h49
Tactique, utilisation du staff, vie du vestiaire : Vincent Kompany n’est clairement pas un entraîneur comme les autres. Soudain, les gens se lèvent, crient et applaudissent. Vincent Kompany vient de sortir du tunnel du petit stade d’Audenarde pour rejoindre le banc. Sans crampons mais avec sa casquette de coach vissée sur la tête. Dix photographes et cameramen sont là pour immortaliser l’instant en ce samedi après-midi. Kompany patiente avant d’aller saluer Stijn Meert, son ex-équipier et adversaire du jour. En revenant vers son banc, il réconforte la famille de Yanis, un supporter de treize ans emporté par la maladie. Le match peut commencer.
Même s’il avait eu le même rôle la veille face à Oleksandria dans un match totalement à huis clos, le 29 juin 2019 restera la date du début de la carrière d’entraîneur de Kompany aux yeux du public. Oui, on a bien écrit "entraîneur" et pas "manager". Samedi, c’est lui qui a coaché l’équipe pendant que le T1 Simon Davies restait dans l’ombre. Souvent debout devant son banc, parfois assis sur une glacière façon Bielsa, Kompany est resté calme la plupart du temps. Le ton n’est monté qu’une fois, en direction d’un joueur non-identifié : "Mais il n’écoute rien de ce qu’on lui dit celui-là !"
Si la préparation ne fait que débuter avec un groupe qui va encore beaucoup bouger par le mercato et les retours de congé, ça n’empêche pas la griffe Kompany d’être déjà bien visible. En six points, voici à quoi ressemble sa méthode, parfois inédite.
1. Tactique à la Guardiola : pas de place pour l’impro
C’est évidemment ce qui se voit le plus : Kompany veut mettre en place un système de jeu ambitieux. Son Sporting doit avoir le ballon et se montrer patient pour trouver la faille. "Tout part de l’arrière où on doit bien construire, jamais balancer", explique Hannes Delcroix, le gaucher qui a joué back droit samedi. "On fonctionne par zone. Toutes les positions doivent toujours être occupées. Le but est de trouver l’homme libre au milieu."
Au milieu, Anderlecht joue avec un 6 et deux 10. "Mon rôle est de libérer de l’espace pour les deux 10 qui viennent dans l’intervalle, détaille Edo Kayembe, le 6 samedi. Ensuite, je reprends un rôle sur le deuxième ballon en étant face au jeu."
Pep Guardiola avait un jour dit ceci : "La tactique, c’est dire à chaque joueur exactement ce qu’il doit faire à chaque moment et dans chaque position qu’il occupera pendant la rencontre." C’est précisément ce que Kompany veut faire au Sporting. Pour l’instant, les joueurs tentent d’assimiler toutes les consignes. Ce n’est pas encore parfait mais on sent de l’application.
2. Entraînement avec débrief et progression par palier
Pour bien faire comprendre son système, Kompany et son staff progressent par palier à l’entraînement. "Jusqu’à présent, on a uniquement étudié les phases offensives, révèle Kayembe. On commencera à apprendre les phases défensives pendant le stage (NdlR, qui débute ce lundi aux Pays-Bas). Ce n’est pas un système facile. On bosse petit à petit sur les points clefs."
Après chaque séance d’entraînement, Kompany organise un débriefing. "Il explique ce qu’on a fait et c’est important pour bien comprendre le système, reprend Delcroix. On peut lui poser toutes nos questions. Il est très accessible. Il dit qu’il accepte nos erreurs mais qu’on doit toujours continuer notre jeu, sans balancer des longs ballons."
Les arrivées tardives des internationaux et des transferts compliquent la vie de Kompany. Certains devront apprendre en accéléré. "Ce système demande de la cohésion. Ça prendra du temps avec le mercato qui fera encore bouger le groupe", reconnaît Kayembe.
3. Des assistants partout pour quadriller la pelouse
Samedi à Audenarde, le staff du RSCA était partout. Au sens propre. Kompany devant son banc sur l’un des côtés du terrain, Ngalula en face, Zetterberg près du banc adverse et De Roeck de l’autre côté. De Jong, l’entraîneur des gardiens, était même près de Boeckx, à côté de la cage. La pelouse était parfaitement quadrillée. "Le but est de coacher au plus près, explique Zetterberg. Moi, je m’occupais des attaquants en donnant des petites consignes. Vincent utilise beaucoup ses adjoints." Avoir des yeux partout pour faire assimiler le système au mieux.
4. Un culte du secret, même pour le photographe accrédité
Ce lundi, les Anderlechtois partent en stage à Venlo. La presse n’aura le droit de suivre qu’une seule séance, celle du jeudi. C’était déjà ainsi sous Hein Vanhaezebrouck. Kompany pousse quand même un peu plus loin le culte du secret : le photographe qui suit tous les entraînements via un contrat avec le club n’aura accès qu’aux vingt premières minutes de chaque séance. Kompany tient à un credo cher à la Premier League : pour bosser heureux, bossons cachés.
5. L’esprit de groupe avant tout, même à Audenarde
Le match était terminé depuis quelques minutes samedi à Audenarde après un succès aisé (0-6) contre cette équipe de D2 amateur. Kompany rentre vers le vestiaire et élève la voix : "Tout le monde dans le vestiaire. Staff, joueurs, tout le monde." Kayembe et Delcroix doivent interrompre leur interview pour courir vers le petit vestiaire du stade. Le coach tenait à rassembler tout le monde pour saluer cette victoire. L’esprit de groupe avant tout.
6. Un système d’amende plus clément mais il voit tout
Kompany veille à la cohésion de son groupe. Mais ce n’est pas un tyran, loin de là. Le système d’amende du club est, par exemple, plus clément. "Même si ce n’est pas encore arrivé, celui qui arrivera en retard à un rendez-vous ne recevra pas directement une amende, dévoile Delcroix. C’est ce qu’il a expliqué aux joueurs en précisant quand même qu’il voyait tout (sourire) . S’il se rend compte que quelque chose de négatif se reproduit, il interviendra."
Le but est de responsabiliser les joueurs, même si le groupe est très jeune. Kompany n’est pas dans la répression mais dans le dialogue. Il n’est pas le gendarme du vestiaire mais le coach et l’équipier. D’ailleurs, comment les joueurs l’appellent-ils ? "C’est soit Vincent, soit coach. Moi, je dis coach car c’est notre coach, non ?" conclut Kayembe, dans un sourire.