Anderlecht en manque de créativité : les Mauves n’ont joué qu’une bonne demi-heure depuis le début des playoffs
En l’absence de plusieurs cadres, Anderlecht n’arrive pas à jouer au football. Mais qui peut résoudre le souci de créativité ?
- Publié le 30-04-2024 à 08h24
- Mis à jour le 30-04-2024 à 08h30
Anderlecht a manqué plus de passes face au Cercle que contre n’importe que club de Pro League cette saison. Il a également joué le plus de duels aériens de sa saison ce dimanche. Deux chiffres pour un constat : Anderlecht n’a pas réussi à faire le jeu.
Une constante depuis le début de playoffs où seule une bonne demi-heure face à l’Union nous revient en mémoire. La faute est partiellement à imputer à Brian Riemer qui peine à définir des contours clairs de son style de jeu. Dimanche soir face au Cercle, il a forcé une philosophie qui n’est pas la sienne. La verticalité est ancrée dans son ADN mais pas au point de balancer de longs ballons sans but.
La faute est aussi celle des joueurs. Ou plus précisément l’absence de certains. À commencer par Thorgan Hazard dont on sait qu’il ne reverra logiquement plus de pelouse avant 2025. Le Brainois est l’élément qui manque le plus au système anderlechtois. De par sa capacité à faire la différence seul sur un geste mais aussi par son intelligence tactique. Le Diable rouge n’aurait jamais accepté de laisser son équipe jouer de la sorte. Il aurait réclamé des ballons dans les pieds en trouvant l’espace où d’autres n’auraient vu qu’un double-rideau vert et noir.
En son absence, qui peut apporter ce surplus de football qui manque tant au Sporting ? Les profils sont là tout comme les bémols les accompagnant. Analyse.
Ne pas presser Verschaeren
En quoi peut-il aider ? “Yari Verschaeren nous manque. ” Meilleur joueur du RSCA de Riemer avant sa blessure il y a une grosse année, le numéro 10 s’est installé dans le costume du chouchou de son coach. Pour des raisons que le T1 danois nous a expliqué lors du retour de son jour en fin d’année 2023. “Il a tout pour jouer en Premier League”, a-t-il résumé pour illustrer ses qualités à la fois techniques et physiques. Une est plus importante que les autres aux yeux du coach : sa capacité à conserver le ballon sous pression. Il est l’élément technique le plus important aux yeux de son coach.
Quel est son souci ? Il s’est entraîné avec le groupe samedi. “Une session légère”, précise Brian Riemer. Le coach aurait voulu l’inclure dans son groupe mais Verschaeren ne se sentait pas prêt physiquement. “Je dois l’écouter”, concède l’entraîneur. Riemer est dans la réflexion suivante : doit-il prendre un risque avec Verschaeren ou oser ne plus l’utiliser jusqu’en fin de saison ?
Le raccourci Dreyer
En quoi peut-il aider ? Le jeu d’Anderlecht s’est souvent articulé autour d’exploits individuels. Anders Dreyer est la figure de proue de ce phénomène. Le Danois est le joueur le plus décisif du championnat (26, buts et assists confondus) et est capable de faire basculer un match sur une frappe ou une passe tranchante.
Quel est son souci ? Son impact dans le jeu reste trop faible pour en faire LA solution aux maux d’Anderlecht. Dreyer aime venir prendre l’espace entre les lignes mais n’est pas un joueur qui porte son équipe techniquement. Il est davantage un pansement qu’un vaccin. Son retour, espéré ce week-end, fera quand même beaucoup de bien.
La tentation Ashimeru
En quoi peut-il aider ? Majeed Ashimeru est le milieu de terrain le plus en forme des derniers matchs de playoffs. Face au Cercle, il a plusieurs fois réclamé de poser le ballon au sol, de calmer le jeu. Il en est pourtant le principal accélérateur du jeu bruxellois.
Riemer voit Ashimeru comme remplaçant mais ses performances pourrait changer son statut.
Il a le style le plus proche de ce que réclame Brian Riemer. Il court, presse, sait donner de bons ballons (comme sur le but annulé d’Amuzu) et recommence à offrir des courses en portant le cuir. “Il entre dans mes plans, dit Riemer. Il pourrait avoir un gros impact comme supersub. ” Au vu de ses montées au jeu, il pourrait rapidement réclamer un rôle plus important.
Quel est son souci ? “Il est très différent de jouer une heure quand tout le monde est frais que de monter en fin de match quand les autres joueurs tirent la langue.” Brian Riemer remet les performances de ses remplaçants en perspective avec cette déclaration. Ashimeru n’est peut-être pas prêt à répéter de telles performances en étant titularisé. “Il a eu une année terrible au niveau des blessures”, dit son entraîneur. Son manque de rythme laisse craindre une rechute. Il traîne aussi la réputation d’avoir du mal à enchaîner les prestations de haut niveau.
Pas dans l’ADN des autres
Les autres joueurs offensifs du noyau ne semblent pas pouvoir apporter ce surplus de qualité technique. Anderlecht a terminé la rencontre face au Cercle à coup de power-play et de projections verticales. Riemer a aligné Francis Amuzu, Nilson Angulo et Luis Vazquez ensemble durant les dernières minutes. Aucun des trois n’est capable de prendre le jeu à son compte. Amuzu est un pur joueur de profondeur. Quant aux deux autres, ils jouent à l’instinct dans un registre plus individualiste.
Mario Stroeykens doit également être cité mais il n’a pas cette capacité de prendre le ballon pour le distribuer. Il sait conserver un ballon mais son profil est tourné vers la conclusion plus que la construction. Théo Leoni a davantage cette capacité de leadership technique en lui. Il a toutefois besoin d’être bien entouré pour le faire. Son jeu est davantage tourné vers le travail et le tempo que sur la créativité pure.
Kasper Dolberg peut, lui, résoudre en partie le problème auquel Anderlecht fait face. Pas en étant directement l’élément qui fait tourner le jeu mais en aidant les joueurs d’impact. Il est un meilleur appui pour ses équipiers que Luis Vazquez. Mais pour qu’il puisse jouer dans son registre, il ne doit pas être exilé sur un côté.