Les confessions de Saief: "Rutten m’avait promis une chance, il ne me l’a pas donnée"
Kenny Saief (FC Cincinnati) espère revenir à Anderlecht cet été et y percer.
- Publié le 19-04-2019 à 06h48
- Mis à jour le 07-06-2019 à 17h37
Kenny Saief (FC Cincinnati) espère revenir à Anderlecht cet été et y percer. Ils sont deux ex-Mauves à Cincinnati. Kenny Saief y évolue aux côtés de Roland Lamah. "C’est un bon gars", lance l’international américain au sujet de celui qui a porté la vareuse de l’équipe nationale belge par le passé.
Saief continue de regarder les matchs d’Anderlecht autant qu’il le peut avant d’en débattre avec son équipier. "Parfois, on est à l’entraînement durant le match et on se tient au courant du score ou de ce qui se passe", sourit Saief.
Et il y a de quoi discuter entre la colère des fans, le renvoi de Fred Rutten et le niveau de jeu.
Fred Rutten n’est plus le coach d’Anderlecht. C’est un soulagement pour vous car depuis le premier jour, il était dur avec vous…
"Rutten ne me criait pas dessus mais il m’a pénalisé en match amical. Lors du stage, je suis le joueur à avoir le moins joué. C’est là qu’on doit se montrer et je n’ai pas eu ma chance. Je me demandais pourquoi, je ne comprenais pas."
Vous a-t-il donné des explications ?
"Il ne m’a rien dit. Je lui ai demandé ce qui se passait avec moi. Il m’a dit que je bossais bien et qu’il me donnerait ma chance mais je n’ai jamais eu l’occasion de jouer alors qu’il me l’avait promis."
Que pensez-vous de son travail ?
"Il est difficile de le juger car je n’ai pas eu l’opportunité de lui montrer que j’étais capable de jouer. Je pense qu’il est un bon coach mais Anderlecht est un club particulier."
À quel niveau ?
"Le club est en pleine réorganisation et ces choses prennent du temps."
Vous ne blâmez donc pas Marc Coucke ?
"Coucke fait au mieux. Il faut lui laisser du temps. Il ne faut pas commencer à pointer certains du doigt. La situation est frustrante pour tout le monde. Les gens à Anderlecht doivent sortir de la crise tous ensemble. Un club pareil qui n’est pas au niveau, ce n’est pas bon pour le football belge dans son ensemble. Même les autres clubs doivent espérer qu’Anderlecht revienne au sommet."
Comprenez-vous le mécontentement des fans ?
"Bien entendu. Mais il faut aussi se mettre à la place des joueurs. Ils ne font pas exprès de jouer de la sorte. Ça ne tourne juste pas comme prévu. Et pour les joueurs c’est une vraie galère. Tous ont du talent et l’envie de gagner mais ça ne fonctionne pas. J’espère que c’est juste une petite période. J’ai aussi l’impression qu’on aime bien être contre Anderlecht. S’il gagne, c’est un peu passé sous silence, alors qu’on s’étale dès qu’il y a une défaite. On est dur avec ce club."
Vous semblez avoir un grand attachement au RSCA. Espérez-vous y revenir ?
"Mon prêt court jusqu’en juin. Je suis venu aux États-Unis pour prouver que j’avais le niveau et que j’étais à nouveau le vrai Saief. Si le nouveau coach me dit qu’il veut que je revienne, je serai de retour. Mon but est de revenir et de réussir à Anderlecht. Le nouveau coach aura envie de voir tout le monde, d’avoir un maximum d’options avant de choisir. Après, s’il dit qu’il ne compte pas sur moi, je partirai. Si je continue comme pour l’instant, j’aurai des options."
Suivez-vous encore ce qui se passe à La Gantoise ? Ils ont aussi très mal débuté les playoffs…
"Je regarde encore ce qu’ils font. Ils ont aussi une certaine pression mais ce n’est pas grave pour eux d’être un peu moins bien. Cela peut arriver. À Anderlecht, de par l’histoire du club, un creux n’est pas autorisé. Quand Gand est en crise, la solution peut être rapidement trouvée et atténuée. Pas à Anderlecht."
“Pas les Lakers mais un peu quand même”
Kenny Saief espère prendre un maximum de temps de jeu à Cincinnati.
“J’étais dans un État proche de l’Ohio.” Cette phrase prononcée après une soirée bien arrosée ou une journée éreintante fait partie du langage commun. Et peut-être encore plus pour Kenny Saief qui vit désormais dans cet État plus célèbre par la chanson de Gainsbourg et Adjani que par son attrait touristique. L’ancien Anderlechtois s’y sent bien. Il faut dire qu’il n’y cherchait pas spécialement le dépaysement. “Je suis juste là pour prendre du temps de jeu.”
Cela fonctionne bien pour le moment vu que vous jouez beaucoup…
“Je suis important pour l’équipe. C’est ce que j’espérais. J’ai aussi évolué à différents postes, ce qui est intéressant. J’ai bien débuté et j’espère maintenir mon niveau.”
Seul bémol, vous n’avez gagné qu’une seule fois depuis votre arrivée mais vous marquez et vous donnez un assist dans ce match !
“Ça veut dire que je dois le faire à chaque match alors. (rires) En fait, ce dont on ne se rend pas compte depuis l’Europe, c’est la difficulté à gagner à l’extérieur.”
Comment ça ?
“Les trajets sont longs et on doit gérer le décalage horaire. Si on doit aller à Los Angeles, il y a cinq heures de vol et trois heures de décalage. On part souvent le jeudi mais on arrive crevés. On s’entraîne le vendredi, puis il y a match samedi avant de reprendre l’avion. C’est franchement compliqué. Heureusement, le staff nous laisse beaucoup de temps libre pour récupérer.”
Donc vous pouvez visiter les différentes villes…
“Je ne suis pas trop là pour ça.” (rires)
Quelles différences remarquez-vous avec le football belge ?
“Nous jouons plus à l’anglaise. Le ballon va d’un côté à l’autre sans trop de contrôle. Tu peux être à deux doigts de marquer puis te prendre rapidement un but. Pour le public, c’est génial car spectaculaire. Très américain.”
Sentez-vous une véritable hype autour de la MLS ?
“Je sens qu’elle grandit très vite. On dirait un championnat européen. Dans quelques années, ce sera une des meilleures ligues au monde. Avant, seuls les anciens Européens venaient, maintenant même les jeunes sont tentés par l’aventure.”
Les joueurs sont-ils considérés comme des stars ?
“Nous sommes l’équipe la plus connue de la ville. Les Lakers locaux ? Pas à ce point-là mais un peu quand même. (rires) La ville n’est pas aussi remplie de stars que LA. À chaque match, le stade compte plus de 32 000 fans en tribune. C’est plus que n’importe quelle assistance en Belgique.”