Les belles promesses de la Major League Soccer (VIDEOS)
Efrain Alvarez, Gianluca Busio et Griffin Yow: les jeunes pointent le bout de leur nez dans la ligue américaine de football.
- Publié le 20-06-2019 à 12h21
Quand on parle de Major League Soccer, il est inévitable de penser aux visages connus sur le Vieux Continent et qui sont en fin de carrière. Ibrahimovic, Rooney, Nani ou encore Schweinsteiger: ils ont fait les beaux jours des clubs européens et sont partis tenter leur chance au pays de l'Oncle Sam.
S’ils performent encore sur les terrains, ils offrent une meilleure visibilité au championnat. Mais la Ligue nord-américaine voit grand, très grand même, et ne compte pas continuer à distribuer les dollars pour attirer les stars. Elle veut former les prochains grands noms du ballon rond afin de, pourquoi pas ?, les voir traverser l’Atlantique et montrer aux Européens ce dont elle est capable. "Nous devons plus devenir un championnat qui vend ses meilleurs éléments", souhaite Don Garber, le grand patron de la Major League Soccer jusqu’en 2023, au minimum. "En tant que personne qui promeut cette ligue depuis près de 20 ans, j'ai toujours pensé qu'on avait besoin de joueurs dont les noms sont connus sur la scène internationale et qui soient des sources d’inspiration pour les jeunes enfants qui regardent à travers la clôture afin de les voir s'entraîner. Nous devons tous nous habituer au fait que dans le monde du football mondial, les joueurs soient vendus. Nous achetons depuis si longtemps. Quand on analyse bien la situation, il est difficile de justifier cet investissement et celui que nous devons consentir dans le développement des joueurs. Nous devons avoir quelque chose qui change ce modèle sinon il sera insoutenable."
En bon gestionnaire, Don Garber n’en peut plus de voir les meilleurs jeunes quitter les académies des clubs pour rien et parfaire leur formation en Europe. L’on pense notamment à Weston McKennie (FC Dallas puis Schalke 04) ou encore Alex Mendez (LA Galaxy puis Fribourg). "C’est un gros problème pour notre Ligue", reconnait Garber. "Nous devons y réfléchir et trouver une manière intelligente de justifier l’investissement des propriétaires (+/- 100 millions de dollars par an). Chez nous, il n’y a pas d’indemnité de formation. Cela doit changer. Nous devons trouver un moyen pour que, si un joueur part, il y ait une indemnité."
Avant de penser à justifier l’investissement, il faut encore trouver la petite pépite à polir afin qu’elle prenne de la valeur, sportive et marchande. Dans un pays aussi grand, qui revendique plus de 4 millions de joueurs officiellement enregistrés, certaines se dégagent inévitablement, à un âge précoce. Mais les jeunes arriveront-ils à prendre exemple sur le milieu offensif Christian Pulisic (Dortmund et Chelsea), le milieu de terrain Tyler Adams (RB Leipzig), l’attaquant Alphonso Davies (Bayern Munich) ou encore le gardien Zack Steffen (Manchester City mais en route vers un prêt en Bundesliga) ? L’avenir semble en tout cas prometteur pour les jeunes pousses de la MLS, avec en tête Gianluca Busio, Efrain Alvarez et Griffin Yow, mais à condition de ne pas se brûler les ailes...
Gianluca Busio
(17 ans, attaquant, Sporting Kansas City)
(17 ans, attaquant, Sporting Kansas City)
Il n’a eu 17 ans que le 28 mai dernier. Mais l’Américain d’origine italienne, qu'on voit en action en vidéo dans le début de l'article, a défrayé la chronique en 2017 en devenant, à 15 ans et 89 jours, le joueur le plus jeune à signer un contrat avec un club de MLS (Sporting Kansas City) depuis un certain Freddy Adu en 2004. Busio est même devenu le deuxième plus jeune à inscrire un but en MLS, à 16 ans et 142 jours, derrière le même Adu. "Il a un véritable esprit offensif", souligne son coach, Peter Vermes. "Il se positionne bien entre les lignes, il sait où il veut aller avec le ballon, il est calme dans les situations difficiles. Il a juste un esprit que d’autres joueurs n’ont pas. La plupart ne pensent pas, ne tentent pas ou ne voient pas cela ; maintenant, il arrive au premier plan. C’est bien à voir."
Busio peut compter sur les conseils de l’ancien Malinois Yohan Croizet pour ne pas s’enflammer malgré ses statistiques jusqu’ici intéressantes pour un teenager pareil : 4 goals (dont trois en trois rencontres) et 1 assist, en 16 rencontres. "Au début, je n’aimais pas être ici, loin de ma famille", souligne celui qui est né à Greensboro, en Caroline du Nord, à plus de 1600 kilomètres du Sporting Kansas City. "Mais ma mère m’a dit de prendre jour après jour et qu’on se parlerait quotidiennement. C’est ce que j’ai fait."
Busio s’intalle dans une famille d’accueil, histoire de pouvoir déconnecter du football après les entraînements. Mais il n’est pas tout seul. Le staff du Sporting le soutient. "Je vais être honnête : quand il a signé chez nous, nous savions qu’il était bon mais que cela prendrait du temps", avoue Vermes. “Mais plus il s’entrainait avec nous, plus on remarquait à quel point cet enfant pouvait nous aider."
Contacté notamment par Manchester United, Gianluca semble avoir la tête aussi bien faite qu’un sens aiguisé du but. Il veut grandir avec le Sporting Kansas avant toute autre chose. "Après tout, le fait d’être parti si jeune et si loin de chez moi, cela ne semble pas dingue à présent", sourit le jeune garçon.
Efrain Alvarez
(16 ans, milieu de terrain, LA Galaxy)
Jeune, créatif, belle vision du jeu et gaucher : Efrain Alvarez (17 ans le 19 juin) a l’avenir pour lui. Il le démontre en tout cas depuis le début de la saison avec quatre matchs disputés mais surtout un assist tout en finesse pour son premier match chez les pros, adressé à Daniel Steres. "Vous pouvez remarquer qu’il a du talent", se réjouit le président des Galaxy, Chris Klein. "En plus, Guillermo Barros Schelotto, notre entraîneur, voulait lui donner sa chance. Peu lui importe que le joueur ait 16 ans ou 38 ans."
La chance d’Alvarez, timide devant les caméras et les journalistes ("Je suis content d’avoir aidé l’équipe à gagner", s’est-il contenté de dire après le match face à Chicago), c’est d’avoir à ses côtés un monstre sacré comme Ibrahimovic, qui n’hésite pas à le chambrer, le recadrer mais surtout le conseiller. Lui qui n’a jamais que 21 ans de plus que ce gamin né en Californie mais qui devrait défendre les couleurs du Mexique. "Je lui mets une baffe s’il n’écoute pas ce que je lui dis", rigolait le géant suédois avant de devenir plus sérieux. "Efrain est un bon garçon. Il travaille dur, il écoute et il a envie de progresser. N’oubliez pas son âge : il a seulement 16 ans. Le club, l’équipe, le coach doivent faire attention à lui. Il doit travailler dur, rester concentré. Il est le plus grand talent de MLS de très loin."
Et si Zlatan le dit, c’est quasiment parole d’Evangile...
Griffin Yow
(16 ans, attaquant, DC United)
(16 ans, attaquant, DC United)
C’est la dernière petite merveille de MLS. Attaquant, pouvant jouer en pointe ou sur les ailes, Griffin Yow, gaucher, n’aura 17 ans qu’en septembre et suit un programme scolaire en ligne, histoire de se donner les meilleurs chances pour arriver au plus haut niveau. "Si je m’attendais à devenir pro si vite ? Oh que non", s’exprime le natif de Clifton, en Virginie, dont la maman jouait au football. "Il y a un an, je m’entraînais avec l’équipe première de temps en temps et j’étais déjà content. Mon but était de devenir pro mais je ne me doutais pas que cela arriverait si vite."
Cela fait deux ans que Yow est arrivé à DC United, qui protège bien son joueur et ne l’utilise qu’avec parcimonie en équipe première. Il est ainsi prêté pour les matchs à Loudoun (dont il a marqué le premier but en compétition) mais s’entraine régulièrement en semaine avec les pros. Ce qui lui permet d’apprendre beaucoup de choses de Wayne Rooney, qu’il admire, même s’il avoue être plutôt fan de Chelsea. "J'ai hâte de travailler avec lui, de l'intégrer pleinement au groupe et de voir quel est son plafond", s’enthousiasme Ben Olsen, coach de DC United. "Il y a beaucoup à aimer chez lui ; il a un avenir radieux. J'aime participer à ce processus."
Et Yow justifie la confiance placée en lui : le 22 mai, il a marqué son premier but avec DC United en amical face au Betis Séville. "Je ne pense pas que je suis déjà arrivé", tempère Yow. "Parfois, je dois m’écarter de ce tapage médiatique disant à quel point je suis bon, me parlant de la belle opportunité dont je dispose. Ce n’est que le début. Je dois travailler et rester simple. De belles choses vont encore arriver..."
La jurisprudence Freddy Adu
Difficile pourtant de ne pas s’enflammer quand on côtoie le monde des pros et que les commentaires dithyrambiques affluent. Mais il y a la jurisprudence Freddy Adu. Le plus jeune à signer un contrat en MLS ou à marquer un but, à 14 ans et 320 jours, un surnom flatteur de nouveau Pelé : Freddy Adu semblait avoir tout pour lui. Mais après des débuts tonitruants en 2004 avec DC United (11 goals et 17 assists en trois saisons), il n’a jamais justifié les espoirs placés en lui, lui qui évolue au poste de milieu offensif mais qui peut (pouvait ?...) aussi jouer attaquant.
Adu a parcouru le monde avec 14 équipes de 8 pays à son CV. Un énorme gâchis pour ce joueur qui, à 30 ans...seulement, se cherche un nouveau port d’attache depuis son départ des Las Vegas Lights, militant en USL, sorte de D2 américaine (sans passerelle pour la MLS). "J'aurais vraiment aimé être mis moins en avant, pouvoir voler sous le radar, et je me suis probablement trompé en pensant de cette manière", reconnaissait-il lors d’un entretien accordé à goal.com. "Beaucoup de gens ont cessé de croire en moi. Je l'ai compris. Les gens fixent des attentes et quand vous ne les rencontrez pas, ils disent que vous êtes nul, vous n'êtes pas très bon, vous êtes surclassé."
Joueurs, familles, staff, dirigeants de club et de Major League Soccer semblent avoir retenu la leçon. L’avenir du ballon rond aux Etats-Unis s'annonce plus radieux que jamais. To be continued...