Pär Zetterberg: "Ils doivent comprendre que gagner 3-0 ne suffit pas"
Pär Zetterberg est le symbole de l’ADN du club et il compte faire passer un message clair : à Anderlecht, on doit ajouter le style aux résultats.
- Publié le 19-01-2019 à 08h27
- Mis à jour le 25-01-2019 à 19h03
Pär Zetterberg est le symbole de l’ADN du club et il compte faire passer un message clair : à Anderlecht, on doit ajouter le style aux résultats. "Ce qui me fait plaisir, c’est d’être de retour dans le club. Beaucoup de choses ont changé mais c’est toujours mon club. Revenir sur un terrain avec des joueurs de qualité, c’est gai. Je suis passé de l’autre côté de la barrière en restant sur le terrain. C’est passionnant mais je reviens super fatigué le soir. J’enregistre tellement d’infos que je suis K.-O. en rentrant chez moi."
Le plus enthousiaste du stage ? Certainement Pär Zetterberg. Le Suédois a 48 ans mais est comme un gamin dans le groupe mauve. Motivé comme jamais, il est déjà la tête à 100 % dans son nouveau job qu’on galère encore à qualifier.
Bras droit de la direction ? Lien entre le staff et la direction ? Une chose est certaine, il est le garant de l’ADN de la maison anderlechtoise. Une institution qui n’est plus la même qu’à l’époque du génial Suédois mais qu’il compte bien faire revivre.
Sa mission : qu’on prenne plus de selfies avec les joueurs du noyau qu’avec lui. Car, pour l’instant, la vraie star du noyau, c’est Pär Zetterberg.
Le retour de Zett, c’est le retour du football champagne anderlechtois. Vous nous faisiez remarquer après la rencontre face à Hoffenheim que le jeu proposé par Fred Rutten colle bien à celui de la maison…
"J’ai vu des moments de jeu très positifs. Il faut les comparer à ce que le Sporting a montré il y a un mois. Contre Hoffenheim, cela pouvait être 3-0 pour nous à la 30e minute. Ce début de match ressemble au niveau qu’on doit atteindre toutes les semaines."
Pouvez-vous décrire ce que vous avez vu ?
"Un jeu simple : passe, mouvement, recherche des ouvertures. Fred Rutten prône un jeu rapide, vers l’avant à la néerlandaise. Tu donnes le ballon et tu bouges. Le jeu d’Anderlecht consiste à trouver l’homme libre et à mettre les joueurs de qualité dans des situations de un contre un où ils peuvent faire la différence. Nous avons de la vitesse, il faut juste créer le mouvement pour mettre les gars dans les meilleures conditions. En début de saison, c’était trop statique. La possession de balle était là mais elle était stérile et latérale."
On a l’impression que les joueurs se font plaisir sur le terrain car ils sont plus libres…
"Tout le monde touche le ballon et est impliqué. J’aurais bien aimé jouer dans une équipe comme ça avec beaucoup de jeu et de mouvements. On voit des appels en profondeur qui n’existaient que rarement en début de saison."
Comment retrouver la confiance après quatre mois difficiles ?
"Le premier match contre Gand est important. Si tu le perds, ça peut faire mal. Si tu gagnes, le train peut être relancé. Il faudra prester même si le résultat n’est pas positif, le match doit l’être."
La concurrence est aussi de retour dans le noyau.
"Tout le monde veut se montrer. Tout le monde qui se bat. Au plus ils rendront la sélection finale difficile, au mieux c’est pour nous. L’ambiance est vraiment positive. Elle pourrait changer quand il y aura des choix qui devront se faire. Il y aura des déçus. C’est la loi du sport. C’est là qu’il faudra maintenir la bonne entente. Et avec un grand groupe, il y aura beaucoup de déçus."
Il faut donc élaguer le noyau, selon vous ?
"Nous n’avons pas défini un nombre. Nous étions 30 en stage. Ça fait trois équipes complètes. On utilise logiquement une vingtaine de joueurs par an. Nous sommes donc trop nombreux. Il n’y a que 11 joueurs sur le terrain. Les autres sont déçus, voire très déçus. Un groupe de 22 ou 23 joueurs de qualité me semble suffisant. Avec un banc presque aussi bon que les gars sur le terrain."
Le programme n’est-il pas trop lourd vu le niveau actuel du club ?
"Le premier match est toujours difficile. Alors autant commencer par Gand et être direct concerné. Le programme n’est pas facile, c’est parfois mieux comme ça. Si les résultats suivent, on pourra redevenir une équipe qu’on redoute."
Des équipes qui viennent à Anderlecht pour gagner. Cela vous inspire quoi ?
"Cela ne peut pas arriver. Cela a existé par le passé mais c’est bizarre. Avant, la plupart des équipes doutaient en arrivant au Sporting. Elles n’avaient pas peur mais le respect envers nous était énorme. Elles arrivaient en craignant de prendre 3 ou 5-0. C'est comme si on menait déjà 1-0 avant de monter au jeu. On doit réinstaurer ça."
Il faut aussi faire comprendre qu’une fois que les résultats seront de retour, il faudra y ajouter la manière…
"Le public du Sporting est exigeant. Il veut du beau football et du spectacle. C’est typique du club. Dans le temps, on pouvait gagner 3-0 et tout le monde était déçu car le niveau n’était pas suffisant. ‘Ce n’était pas bon’ , entendait-on alors qu’on avait marché sur l’adversaire. C’est le Sporting. On n’est jamais content avec ce qu’on a. Et c’est génial (rires) . On en demande toujours plus."
Devez-vous discuter de cette particularité du club avec les joueurs ?
"Il faut savoir l’accepter. Et j’espère faire passer ce message. C’est Anderlecht, les joueurs doivent le comprendre. Ils doivent accepter qu’on leur demande beaucoup. L’histoire et le public exigeant qui a connu du grand football sont inhérents au RSCA. Si on ne sait pas le faire, tant pis. On sera critiqué. Et si un joueur a du mal avec ça, peut-être qu’Anderlecht n’est pas le club pour lui."
C’est aussi pour cela que vos conseils seront importants pour les transferts !
"Je dis aux réunions qu’il faut amener de la qualité. Le noyau doit être amélioré, pas élargi. Deux joueurs d’un niveau presque similaire à chaque poste, cela maintient un équilibre. Ce qu’il nous faut vraiment dans le groupe, ce sont des leaders. Un ou deux patrons, ce n’est pas assez. À l’époque, on était 4 ou 5. J’espère que certains patrons vont aussi se révéler."
"Je suis un dinosaure qui marche comme un canard"
Pär Zetterberg veut faire comprendre aux jeunes ce qu’est l’amour du club.
Il cherche encore un peu sa place mais la trouvera sans aucun doute. Pär Zetterberg a profité du stage pour prendre ses marques dans un nouveau staff où il assure un rôle hybride. Il conseille, discute et observe beaucoup les faits et gestes du staff et des joueurs au quotidien pour en rapporter à la direction.
N’est-ce pas difficile de ne pas passer pour celui qui va cafter aux chefs ?
" (Il se marre) Je ne suis pas comme ça. J’observe, je supervise, je fais des remarques et je donne des consignes. Je ne vais pas être dans les pieds des autres. Je parle avec les joueurs, le coach, les assistants et la direction. Je suis entre la direction et le staff. Je ne donne pas les entraînements."
Vous devez remettre des rapports à Frank Arnesen et Michael Verschueren ?
"Non, mais nous discutons beaucoup avec le coach et eux. Je dis ce que je pense. Je ne décide pas mais je peux fortement influencer."
Ne pensez-vous pas que certains membres du staff vous verront comme un chaperon ?
"Je ne suis pas là pour les juger ou les détruire. Je veux faire progresser tout le monde. On est là pour que le Sporting arrive à un certain niveau. Tout le monde le comprend et j’ai de bons rapports avec le staff. Ils savent que je suis droit et honnête. Je dis tout en face. Je travaille comme ça."
Quels conseils avez-vous déjà donné aux joueurs ?
"J’essaie de travailler sur leur manière de penser. Qu’ils sachent quoi faire dans les différentes situations. Je donne des petits conseils vécus sur le terrain. Pour les aider à analyser la situation et à s’en sortir. Prenez le manque de confiance, je sais comment gérer ça et comment en parler aux joueurs. Jean Dockx faisait ça pour nous à l’époque. Il savait nous calmer et nous donner confiance. Les joueurs qui veulent progresser prendront en compte ces petites choses. Pour les autres, ça entre par une oreille et ça sort par l’autre."
Les jeunes vous connaissent un peu ?
"Je suis un dinosaure pour eux. Un dinosaure qui marche comme un canard à cause de mes maux de genou. J’ai quand même été opéré 19 fois ! Quand il fait froid, ça fait mal."
Vous devez leur montrer des images de l’époque !
"Ils ont certainement déjà trouvé ça sur YouTube mais je comprends que quand ils me voient marcher, ils se demandent si j’ai joué chez les pros (rires) ."
Voyez-vous de grandes différences entre les joueurs de votre époque et ceux avec qui vous travaillez ?
"La vie de footballeur n’est plus la même. J’ai vécu des moments fous avec une grande équipe d’Anderlecht. Je n’échangerais ces souvenirs contre rien au monde même si on gagne plus d’argent à l’heure actuelle."
Vous tentez de leur enseigner ce qu’est l’amour du club ?
"J’aurais pu partir et gagner plus d’argent mais je ne l’ai fait qu’à 30 ans. Et je suis revenu. J’aime Anderlecht et regardez, ça paie après la carrière. Si tu changes de club tous les deux ans, as-tu vraiment un club de cœur ? J’ai toujours été le bienvenu à Anderlecht. Ce respect du club et des fans n’a pas de prix. Il vaut plus que l’argent."