Patrik Hrosovsky, à Genk, croit toujours au titre avant de recevoir Anderlecht : “Et pourquoi pas nous ?”
Le métronome Patrik Hrosovsky, invaincu avec Genk cette saison en Champions playoffs (7/9), garde la foi avant la réception d’Anderlecht, le nouveau leader, samedi (20 h 45).
- Publié le 18-04-2024 à 14h25
Mardi 16 avril, 13 h 30. Premier étage de la Cegeka Arena. Quelques journalistes patientent dans l’une des grandes salles de réception du stade limbourgeois.
À quelques mètres de là, dans un espace séparé par un grand rideau, les joueurs de Wouter Vrancken mangent après l’entraînement matinal. Des cris, des rires, de la musique, des blagues : la bonne humeur, puisée dans un sept sur neuf inattendu et revigorant en Champions playoffs, s’entend de loin.
Le ton est donné pour une demi-heure d’entretien décontracté avec le métronome du Racing Genk, le Slovaque Patrik Hrosovsky (32 ans la semaine prochaine).
L’ambiance est toujours aussi festive lors de vos repas de midi ?
”Bilal (El Khannous) a tenu son pari – si on battait l’Union – et nous a concocté un repas marocain. Délicieux. On a mangé tous ensemble, ce qui n’est pas toujours le cas. Parfois, certains restent aux soins plus longtemps et arrivent quand d’autres ont déjà fini.”
Ce n’est donc pas dû à votre 7 sur 9 qui relance la dynamique d’équipe ?
”Peut-être aussi, même si le dernier résultat contre le Cercle (1-1) nous a déçus.”
Notre saison ne sera réussie que si on décroche un ticket européen.
Votre saison est-elle déjà réussie avec cette participation aux Champions playoffs ?
”Non, on ne peut pas s’en satisfaire. Selon moi, elle le sera si on décroche un ticket européen.”
Vous avez moins de pression que l’Union ou Anderlecht…
”Certainement. Surtout l’Union qui a mené la phase classique pratiquement de bout en bout, avec une impressionnante série d’invincibilité. Tout le monde les voyait déjà champions. Mais avec cette division des points par deux – principe que je trouve injuste même si je suis partisan du système des playoffs – et les confrontations directes, tout peut très vite changer. Certains disent qu’Anderlecht est maintenant favori, d’autres prédisent que Bruges va remonter en force…”
C'est justement cette imprévisibilité qui rend le football si beau, si passionnant.
Et Genk ?
(Il réfléchit). “Ce sera très difficile d’être champion mais, sept matchs, c’est énorme. Ça part dans tous les sens, les matchs sont intenses dans des stades pleins… Alors, pourquoi pas nous ? On a vu la saison passée que tout pouvait arriver jusqu’à la dernière seconde… (grimace)”.
Contrairement à Anderlecht et Genk, l’Union et Bruges ont vécu une longue campagne européenne. Ça peut influencer le sprint final ?
”Ça dépend. Si l’équipe qui va loin en Coupe d’Europe déplore des blessés ou une surcharge, cela peut jouer, oui. D’un autre côté, une belle campagne européenne peut bonifier un collectif et donner de la confiance bien utile dans la lutte pour le titre.”
Beaucoup d’observateurs estiment que Genk propose un meilleur football qu’Anderlecht, pourtant leader. N’est-ce pas frustrant que le beau jeu ne rapporte pas toujours ?
”C’est justement cette imprévisibilité qui rend le football si beau, si passionnant. Bon, il y a Manchester City qui allie les deux, le résultat et la manière mais c’est une exception. Peu importe comment tu gagnes, la confiance née de la victoire décuple ta conviction et tes efforts pour le match suivant. Mais je ne suis pas sûr que ce soit efficace sur le plus long terme. En tout cas, j’espère qu’on pourra montrer samedi qu’on peut être meilleur qu’Anderlecht (sourire).”
On s’ennuie rarement en regardant jouer Genk. Cet ADN d’un football positif, vous le ressentez au quotidien ?
”Bien sûr. Je trouve que c’est encore plus ancré ces deux dernières années. La philosophie de jeu et le type de joueurs recrutés sont assez marqués. C’est plaisant de participer à ça, au développement d’une méthode, de joueurs… On en revient à ce qu’on disait : on n’est pas toujours récompensé dans les résultats mais, sur le long terme, je pense que c’est la bonne méthode.”
Êtes-vous étonné d’être toujours ici après cinq ans ?
”En 2019, j’avais signé pour 4 ans + 1 (NdlR : en 2023, son contrat a été prolongé jusqu’en 2025) mais je ne m’étais pas projeté dans l’idée de rester un, deux ou cinq ans. L’aspect familial compte énormément. Je me sens vraiment très bien au club, ma femme et mon fils sont heureux à Hasselt (NdlR : où vit la famille Hrosovsky). On sera d’ailleurs quatre l’été prochain (clin d’œil).”
On vous sait discret, réservé, bien éduqué… Est-ce difficile de rester soi-même dans le monde du football ?
”Non, je ne pense pas. La personnalité d’un homme ne l’empêche pas de devenir joueur professionnel. Dans mon cas, je montre peu mes émotions et je ne suis pas du genre à sauter dans tous les sens dans le vestiaire mais je sais m’imposer tout en restant moi-même.”
J'aime contrôler le jeu, trouver des angles de passes ou couper celles de l'adversaire.
Partagez-vous l’idée que votre personnalité se reflète sur votre jeu ? Discret mais précieux, qui fait briller les autres…
”Oui, c’est un peu l’histoire de ma carrière mais ça ne me dérange pas. C’était déjà le cas au Viktoria Plzen (2014-2019). Mais l’important reste le succès collectif. Je pars du principe que je suis un élément parmi d’autres, au sein d’une équipe. Probablement celui qui va faire briller les autres mais il en faut. Les supporters préfèrent toujours aduler ceux qui marquent, donnent des assists ou dribblent trois adversaires mais, selon moi, il y a des joueurs brillants d’une autre manière.”
Brillant dans l’ombre, en quelque sorte ?
”Oui voilà. J’aime contrôler le jeu, trouver des angles de passes ou couper celles de l’adversaire, être bien placé pour intercepter…”
Étant gamin, j'étais fasciné par toutes les choses magnifiques que Zidane était capable de faire.
Quel est votre idole, votre référence, dans l’entrejeu ?
”Zidane. Probablement parce que mes parents m’avaient offert son maillot quand j’étais gamin. J’étais fasciné par toutes les choses magnifiques qu’il était capable de faire. Plus tard, je me suis plutôt inspiré de Modric et Kroos.”
À Genk, vous avez connu pas mal de bons milieux de terrain. Sander Berge, Kristian Thorstvedt, Bryan Heynen… Qui choisiriez-vous pour former un triangle médian idéal à vos côtés ?
”C’est avec Bryan que j’ai joué le plus de matchs, donc notre connexion est vraiment bonne et efficace. Après… pff, c’est difficile. Je dirais El Khannouss. Un talent incroyable. Je pense qu’il aura une très belle carrière. Mais j’ai peut-être été influencé par son repas marocain de ce midi (rire).”