Onur Kaya, privé d'Europe avec Malines: “On en rêvait… c’est juste rageant”
Onur Kaya, capitaine de Malines, est dégoûté par la décision de la CBAS.
- Publié le 17-07-2019 à 18h54
- Mis à jour le 17-07-2019 à 18h55
Onur Kaya, capitaine de Malines, est dégoûté par la décision de la CBAS.
“Le seul truc positif, c’est qu’on démarre en D1A et sans point de pénalité.” Onur Kaya, capitaine de Malines, souffle, cherche les mots justes mais ne peut cacher sa déception de ne pas pouvoir évoluer en Europe ni en Coupe de Belgique. En quelques jours, Malines est passé de tout à presque rien.
Nous avons été informés de la décision de la CBAS juste avant notre entretien avec le meneur de jeu de l’équipe. Ce qui devait être une interview sur la difficulté de travailler dans de bonnes conditions avant la Supercoupe de ce samedi s’est transformée en discussion au sujet d’une décision qui a cassé la tête des Malinwas depuis des mois.
“Au moins, le match de samedi est programmé et ne bougera pas”, sourit-il. Il en profitera pour croiser son ancien coach, Felice Mazzù. “Il mérite d’être à Genk. Humainement et tactiquement, c’est un bon coach à qui je souhaite le meilleur. Il va réussir son défi.”
Ce sera tout sur le match face à Genk. Comme depuis des mois, chaque résultat sportif de Malines est couvert de son lot de nuages. Des doutes.
Nous avons d’ailleurs coupé au milieu de cette interview pour lire le communiqué officiel de la fédé et être certains de la décision. Une lecture conclue par une décision qui fait mal et par un long soupir du joueur.
Que pouvez-vous tirer de positif de cette décision ?
“Au moins on ne démarre pas avec des points en moins.”
C’est vrai qu’il en était peut-être question…
“Si ça avait été le cas, on aurait mieux fait de rester en D1B. Imagine combien de points il aurait fallu pour remonter. La remontada à côté, c’est facile. On aurait fait le boulot mais pour quel résultat.”
Gagner la Supercoupe pourrait vous remonter un peu le moral ?
“Cela peut être un coup de boost pour nous. Pour nous faire oublier les montagnes russes d’émotions. Un jour on est condamné, l’autre on ne l’est pas. Il y a quelques jours, on nous a dit qu’on pouvait monter, qu’on pouvait jouer l’Europe et maintenant on nous dit qu’on ne peut pas s’aligner en Coupe et sur la scène européenne. C’est énervant.”
L’Europe était vraiment dans vos têtes ?
“Quand on a gagné la Coupe, on se réjouissait du trophée mais aussi de la place en Europe. On en rêvait et on en est finalement privé. C’est rageant. On a réalisé une saison historique avec un titre et la Coupe et on n’est pas récompensé. J’ai déjà joué l’Europe mais ce n’est pas le cas de tout le groupe et plein de joueurs aspiraient à y goûter pour la première fois.”
Vous le dites, Malines a écrit l’histoire cette année et pourtant…
“On n’en parle presque pas. Nous avons bossé dur et tout ce qu’on entend est en lien à l’affaire de matches truqués dans laquelle personne du groupe actuel n’est impliqué.” Ne pas jouer l’Europe signifie un trou dans le budget et un mercato plus sobre ! “Clairement. Ici, on va jouer 30 matches pour se sauver et c’est tout. Avec l’Europe, tu dois avoir un groupe plus large pour enchaîner. Au moins le mercato peut débuter car il était impossible pour la direction de lancer le travail sans savoir de quoi serait fait notre avenir. Mais quoi qu’il en soit, on ne pourra pas autant se renforcer que prévu.”
C’est ça le souci, le club ne pouvait pas regarder vers l’avenir…
“Quand on a commencé les tests physiques on ne savait absolument pas quelle décision allait être prise ni dans quelle division nous allions jouer. On ne savait pas non plus quel joueur allait accepter de rester. On vient d’être fixé… le 17 juillet.”
Avez-vous douté de votre avenir à Malines ?
“Non je serais resté. Même en D1B. Je suis bien ici donc je ne vois pas pourquoi partir. Mais je savais qu’en D1B, la moitié des titulaires serait partie. On a des jeunes qui étaient là pour se lancer et monter au plus vite. Je comprends leur envie de jouer parmi l’élite.”
En tant que capitaine, avez-vous dû prendre certains joueurs à part pour leur expliquer la situation ?
“Pas spécialement mais en tant qu’ancien tu dois aider. C’est plus facile à vivre pour nous qui sommes à la fin que pour un jeune. Imagine commencer ta carrière et tomber dans une situation pareille. C’est difficile à gérer.”
Comment faites-vous pour rester mobilisés dans la préparation de la saison ?
“On traîne cette affaire depuis octobre et on continue de faire le boulot. On est une bonne équipe, une bande de copains sur la même longueur d’onde. Puis, c’est notre job d’être prêts. Le président a continué de nous payer. Cela nous a rassurés vu tout ce qui se passait. De là, il ne nous reste qu’à travailler et accepter la situation.”
N’étiez-vous pas trop à l’affût de votre smartphone pour être certain d’avoir toutes les informations vous concernant ?
“Non, mais regardez ce qui est arrivé en stage. On a fêté le fait que nous étions autorisés à tout jouer et le lendemain, on entend qu’il y a eu des appels et que tout peut encore changer.” C’est un peu l’histoire de votre début d’été… “L’affaire a été trop médiatisée. Il faut que ça s’arrête. On n’arrête pas d’envenimer le bazar. Il y a un club anversois (NdlR : il ne cite pas le Beerschot) qui en rajoute à chaque fois une couche. Je veux bien comprendre que ça énerve si un club est soupçonné d’avoir triché mais si tu n’as pas fait le boulot sportivement, il ne faut pas en vouloir aux autres.”
Vous voulez parler du Beerschot qui rêvait de jouer en D1A…
“Je suis sûr qu’ils ont mis la pression aux médias néerlandophones pour les pousser à beaucoup écrire sur l’affaire. J’aurais voulu que tout se fasse plus directement et honnêtement. Franchement, on lit tous les jours des choses différentes. Je n’y comprends plus rien.”
Cela aurait-il été éthique que Malines ne soit pas puni ?
“Je ne sais pas. Mais il n’y a toujours pas de preuve d’un match truqué face à Waasland-Beveren. On aurait pu se poser des questions à 6-0 mais les gars d’en face ont joué le jeu.”
Cela fait neuf ans que vous êtes de retour en Belgique, n’êtes-vous pas choqué de l’image de notre championnat ?
“Cette affaire… je ne sais pas la décrire. C’est grave ce qui se passe mais je préfère rester philosophe et dire : on verra bien.”