Philippe Clément: "Je ne devais rien prouver à personne"
L’entraîneur de Genk n’est pas l’homme lisse que certains voient en lui.
- Publié le 21-05-2019 à 20h33
L’entraîneur de Genk n’est pas l’homme lisse que certains voient en lui. Philippe Clement a largement démontré ses qualités de people manager. Il a également confirmé, tout au long de cette saison, qu’il ne manquait pas de compétences dans le domaine technique...
Votre principale qualité réside-t-elle dans la gestion des joueurs ou devant le tableau noir ?
"Je pense que j’allie ces deux qualités. Je veux être bon dans tous les aspects de mon métier. Je suis loin d’être parfait mais j’aspire à l’être le plus possible. Je suis perfectionniste, même si je sais que la perfection n’existe pas. J’exige beaucoup de moi-même dans tous les domaines. Je le faisais déjà quand je jouais. J’ai toujours cherché à aider mon club, mon entraîneur, mes équipiers. Pour ces raisons, j’ai pu passer pour quelqu’un de lisse. Je suis toujours positif, toujours disposé à défendre mon entourage professionnel, même quand je professais d’autres idées que mon coach par exemple. Aujourd’hui que je suis devenu entraîneur, j’ai pu exposer et faire appliquer mes conceptions du métier, ce qui a fait dire à certains que ma personnalité était plus affirmée qu’ils l’avaient pensé."
Qui de Preud’homme, Leko ou vous est le plus obsédé par votre métier ?
"J’ignore ce que Michel et Ivan font de leur temps libre. Nous sommes trois fous de foot , très engagés dans notre vocation. Nous sommes des vainqueurs. Nous nous imposons tous les trois une énorme pression interne. Nous nous efforçons de valoriser chacun de nos joueurs pour que le rendement du collectif se bonifie. Michel et Ivan sont peut-être plus expressifs que moi mais mes joueurs connaissent un aspect de ma personnalité que je cache aux supporters et aux journalistes."
Que ne supportez-vous absolument pas de la part d’un joueur ?
"Quand il ne daigne pas donner chaque jour le maximum de lui-même. Quand il pense que les entraînements sont des récréations. Un entraînement vise toujours à bonifier l’individu et le collectif. Cette implication maximale commence par l’échauffement. Quand tu t’y adonnes sérieusement, tu te bonifies sensiblement. Il en va de même dans le soin à apporter à l’alimentation ou au repos par exemple. J’évoque souve nt ce sujet avec mes joueurs."
Vous êtes-vous vraiment fâché une fois cette saison ?
"À l’Antwerp, à la mi-temps. Mon équipe n’avait pas respecté les consignes et avait commis des erreurs stupides. J’étais en rage. Au coup de sifflet final, j’étais heureux car nous avions renversé le score à notre avantage. Mon coup de gueule avait généré une bonne réaction de mes joueurs."
Qu’avez-vous appris sur vous cette saison ?
"Pas grand-chose de nouveau. Je ne pense pas être un entraîneur différent de celui que j’incarnais il y a deux ans à Waasland-Beveren. Simplement, j’ai été confronté à des problèmes plus importants. L’hystérie suscitée par la volonté de Pozuelo de quitter le club s’est révélée particulièrement difficile à gérer. Je suis heureux d’avoir pu rester calme et d’avoir consacré mon énergie à trouver une solution plutôt qu’à m’appesantir sur le problème."
Votre principale victoire personnelle n’est-elle pas d’avoir démontré aux dirigeants brugeois que vous pouviez mener une équipe au titre ?
"Non. Je n’ai jamais cultivé le sentiment que je devais prouver quelque chose. J’étais ambitieux pour moi, pas pour démontrer ma valeur à d’autres personnes. Je suis fier de ce qu’on a accompli tous ensemble. Comment ce groupe sans grande expérience a évolué, comment les joueurs ont grandi, comme footballeurs et comme individus. Ils étaient des ‘petits mecs’, ils sont devenus des grands hommes. Notre rôle, au staff, a consisté à leur parler beaucoup et à leur montrer la route à suivre. Mais c’est eux qui ont mené l’aventure à bien."
Reverra-t-on le même Philippe Clement la saison prochaine ?
"Je n’ai pas le sentiment de changer, comme personne. Johan Van Rumst, mon adjoint, qui m’a connu à Beveren il y a deux ans, ne décèle aucune différence en moi. Domenico Olivieri, qui fut mon équipier à Genk, m’a retrouvé exactement comme j’étais à l’époque. Sauf qu’aujourd’hui je jouis d’une plus grande expérience."
Vous êtes un mauvais perdant ?
"Oh oui ! Même quand je joue avec mon fils de deux ans, je refuse de le laisser gagner. J’ai toujours voulu être le meilleur, que ce soit pendant les études ou dans le sport. Quand je jouais et que l’entraîneur imposait un exercice à répéter dix fois, je le faisais douze fois, même s’il ne me regardait pas. Parce que je voulais être le meilleur. Je m’efforce de transmettre cette ambition à mes joueurs. Je veux des gagnants sur le terrain. Heureusement pour mon équilibre que ma femme me force à penser qu’il n’y a pas que le football dans la vie..."