25 juin 1994 : le jour où Preud'homme est devenu Michel Surhomme !
Il y a 25 ans, le 25 juin 1994 lors de la World Cup américaine, Michel Preud'homme sortait son chef-d’œuvre. Invincible, le gardien des Diables dégoûtait les attaquants hollandais, et la Belgique, grâce à un but de Philippe Albert, remportait ce 117e derby des plats pays à Orlando.
- Publié le 25-06-2019 à 12h06
- Mis à jour le 25-06-2019 à 12h13
Il y a 25 ans, le 25 juin 1994 lors de la World Cup américaine, Michel Preud'homme sortait son chef-d’œuvre. Invincible, le gardien des Diables dégoûtait les attaquants hollandais, et la Belgique, grâce à un but de Philippe Albert, remportait ce 117e derby des plats pays à Orlando.
Ce samedi 25 juin 1994, il ne l'oubliera sans doute jamais. Au Citrus Bowl d'Orlando, dans une chaleur torride, Michel Preud'homme sortit quelques ballons chauds, notamment sur un envoi à bout-portant de Bergkamp ou à la toute dernière minute en repoussant un tir d'Overmars sur la transversale, et réussit l'exploit de refroidir les ardeurs bataves. Le gardien des Diables livra une prestation magique lors du 117e derby des plats pays, au premier tour de ce Mondial américain.
“J’ai peut-être fait la différence sur ce match-là mais je pense avoir également livré de bons matches face au Maroc et à l’Allemagne, que nous n’aurions pas dû affronter si rapidement dans le tournoi”, résume Mph.
Mais en gardant ses filets inviolés, le portier alors encore malinois permit à Philippe Albert de revêtir l'autre costume de super-héros du match, lorsque le défenseur crucifia Ed De Goey après soixante-cinq minutes, offrant la victoire au peuple belge. Contre les Pays-Bas, Michel Preud’homme était devenu… surhomme !
Le gardien liégeois, qui quitta Malines pour Benfica après cette World Cup, allait connaître une riche année 1994, marquée par deux récompenses suprêmes pour un gardien de but : le prix Yachine récompensant le meilleur keeper de la World Cup et le titre de Gardien de l’Année…
25/06/1994 Belgique – Pays-Bas 1-0
- Orlando, Citrus Bowl
- Belgique : Preud’homme; Albert, Grun, Borkelmans (50e Smidts), De Wolf, Staelens, Van der Elst, Scifo, Degryse, Emmers (77e Medved), Weber.
- Le but : 65e Albert (1-0)
Le parcours des Diables à la World Cup 1994 en vidéo ICI.
“Nous étions partis pour aller loin”
La tragique soirée bolognaise de 1990, quatre ans auparavant, et le but anglais meurtrier de David Platt à la toute fin des prolongations d'un huitième de finale que la Belgique aurait dû remporter (le Seum, déjà...), est encore dans toutes les mémoires et plus particulièrement dans celle de Michel Preud’homme lorsque les Diables s’attellent à valider leur ticket pour les States.
La phase de qualification débute par une victoire aux allures de minimum syndical face aux Chypriotes (1-0) avant un envol pour une destination inédite : les Îles Féroé que la Fifa et l’Uefa viennent à peine d’intégrer dans leur giron.
Jusque-là contrainte de demander l’hospitalité à un pays voisin, en l’occurrence la Suède, pour recevoir ses adversaires, la fédération féroïenne est parvenue à faire sortir de terre, un terrain, une tribune et des vestiaires au confort sommaire pour accueillir la Belgique.
Michel Preud’homme se souvient parfaitement de cette expédition dans l’inconnu : “Nous avons atterri, logé et joué dans des îles à chaque fois différentes ! Il faisait jour toute la nuit et le rideau de notre chambre était trop peu épais que pour occulter la lumière. Quelle aventure !”
Un succès au petit trot (0-3) suivi de deux autres, beaucoup plus significatifs et importants face au Rassemblement des Tchèques et des Slovaques (appellation avant la scission définitive du pays) et contre la Roumanie laissent croire à une voie royale d’autant que les Gallois s’inclinent également à Bruxelles. Un 10/10 et même un 12/12 après une victoire à Nicosie qui ne garantissent encore rien du tout car des revers à Cardiff et à Bucarest vont obliger les Diables de Paul van Himst à resserrer les rangs pour grappiller dans la douleur le point nécessaire au Parc Astrid face au RTS. Un rendez-vous que Preud’homme a manqué en raison d’une blessure mais MPh est là et bien là au Citrus Bowl d’Orlando pour affronter le Maroc dans un premier temps : “Tu crevais de chaud (sic). Quarante degrés au soleil et cent pour cent d’humidité. En plus, pour ne pas me brûler aux coudes, j’étais obligé de me protéger en conséquence. Et je ne vous dis pas ce que je pouvais transpirer comme litres d’eau à l’entraînement ! Vous imaginez aussi ce que cela pouvait être pour les joueurs de champ.”
Un contexte torride qui incommode forcément moins les Lions de l’Atlas et après une tête astucieuse de Degryse sur un centre de Nilis, le Miche sort le grand jeu devant Chaouch pour préserver les trois points.
Dans leur retraite à Daytona, les Diables Rouges ne songent pas seulement à entretenir leur condition et leur cohésion. À l’initiative de Roger Vanden Stock, ils sont même conviés à découvrir les joies du golf, le temps d’une après-midi ludique : “Une initiation à un sport qui m’était totalement inconnu jusque-là. J’ai trouvé ça super amusant et depuis lors, je suis devenu un habitué des greens.”
Bref, un séjour apprécié de Mph qui partageait une chambre familiale avec Wilmots et Albert : “Comme j’étais l’aîné, il était logique de m’adjuger le grand lit. Marc et Philippe ont dormi dans la pièce d’à côté (rires).”
Six jours après avoir maté tant bien que mal le Maroc, la Belgique est de retour à Orlando pour y défier cette fois l’ancestral rival batave dans une atmosphère breughelienne fleurant bon la Bud et la Coors.
“Si j’avais eu deux arrêts réellement déterminants à effectuer lors du premier match, contre les Pays-Bas, j’en ai dénombré une dizaine après coup”, se souvient Michel. Avant et après le but de Philippe Albert, Rijkaard, Bergkamp et Overmars notamment vont en effet se heurter à un Preud’homme en état de grâce et servi par un peu de réussite, comme très souvent dans ces cas-là.
Six sur six, qualification en poche. Le sans-faute et donc la première place du groupe sont dès lors envisageables, mais c'était avant l’incroyable cavale du Saoudien Saïd Al-Owairan qui obligea les Diables à se farcir l'Allemagne et, surtout, l’arbitre suisse, Kurt Röthlisberger, en huitièmes de finale. Mais cela, c'est une autre histoire. Avec du Seum, une nouvelle fois…
En partance pour Benfica à la fin de cette World Cup, Michel Preud’homme se consola en collectionnant les distinctions individuelles. Celle récompensant le meilleur gardien du Mondial et celle le consacrant meilleur gardien Fifa. Ce dernier trophée lui fut remis à Lisbonne, des mains de la veuve de Lev Yachine.
Sa formidable prestation du 25 juin 1994 à Orlando, face aux Néerlandais, avait marqué les esprits...