Johan Walem: "Je suis plus considéré en Italie qu’en Belgique"
Dans la Botte, Johan Walem se sent comme chez lui. Retour sur sa relation avec sa deuxième patrie.
- Publié le 15-06-2019 à 04h13
- Mis à jour le 15-06-2019 à 10h57
Dans la Botte, Johan Walem se sent comme chez lui. Retour sur sa relation avec sa deuxième patrie. Johan Walem nous l’avait promis avant de partir pour l’Italie : "Vous verrez, on va être très bien accueilli." Le sélectionneur, revenu depuis une semaine dans sa deuxième patrie, n’a pas menti.
À Catane, lorsqu’il nous a servi de guide pour un tour du propriétaire improvisé, il avait un mot pour chacune des personnes croisées dans le complexe du club où il a terminé sa carrière de joueur. Diffusant l’impression d’être en quelque sorte chez lui. Dans ce pays où il se sent particulièrement bien et avec lequel il entretient une relation faite d’estime, de respect. D’amour presque. Qu’il a pris le soin de longuement nous conter.
Johan, est-ce que vous vous souvenez des premiers contacts avec Udinese ?
"Udinese m’a suivi longtemps mais l’intérêt concret date de novembre ou décembre 1996. Ou peut-être un peu avant. Mais j’avais signé en janvier, j’avais aussi été en négociations avec Anderlecht pour renouveler mon contrat car j’arrivais libre."
Vous n’aviez pas hésité à vous engager alors qu’à l’époque, le club pouvait descendre en Serie B…
"Cela faisait partie du challenge. Je suis quelqu’un qui fonctionne beaucoup aux sensations. Quand ils m’ont contacté, je suis allé sur place, j’ai vu l’ambiance qu’il y avait et je me suis dit qu’effectivement, c’était pour moi. C’est un truc que tu sens."
C’était la première fois que vous alliez en Italie ?
"Oui. À l’époque, c’était la compétition la plus difficile. Quand un club te porte de l’intérêt, évidemment, c’est bien. En Belgique, tu connais le top avec Anderlecht, tu gagnes tout, on te demande toujours le maximum. Tu as un club qui veut te garder et toi, tu as un déclic pour te prouver à toi-même et peut-être à certaines personnes d’autres choses. Quand j’ai eu l’opportunité d’aller en Italie, il n’y avait pas qu’Udinese, il y avait la Fiorentina aussi avant. Tu choisis. Je ne me suis jamais trop posé de questions ; j’étais vraiment convaincu que cela allait marcher."
La Serie A, à l’époque, était le championnat dominant que tout le monde regardait…
"Oui, c’était le championnat référence. Se trouver là-bas, c’était le rêve. Quand tu vois ton nom apparaître dans la Gazzetta, même si tu joues en Belgique, à Anderlecht… C’est chouette. Et puis, il n’y avait pas beaucoup de Belges à l’étranger non plus… C’était un challenge à tous les niveaux : privé, professionnel. Je voulais goûter à cela. C’est un truc que tu sens."
Est-ce que vous appréhendiez la préparation à l’italienne ?
"Le plus dur, quand tu pars en Italie, c’est que tu as deux stages de quinze jours. En Belgique, tu fais cinq jours de stage et c’est déjà long. Sept, c’est très long. Là-bas, tu fais deux fois quinze jours. Tu apprends vraiment à travailler (sourire). Et tu te dis : ‘ok, tu y es’ ; c’est un challenge que tu te lances, un fameux défi."
Vous aviez pris des cours de langue avant de partir ?
"Quelques. Mais pas excessif. Mais il y a toujours eu ce feeling. Déjà, tu es francophone, donc c’est beaucoup plus simple pour toi. Une fois là-bas, ce qui m’a charmé, c’est l’accueil par rapport aux joueurs que tu es susceptible de remplacer. Mais lors du premier rendez-vous avec l’entraîneur, on était quand même 8 ou 9 étrangers, on te dit : ‘Ici, on parle italien, donc vous apprenez la langue. Sinon, vous ne suivez pas.’ Tu es directement dedans. Tu es obligé au niveau de la télévision, des journaux, de tes coéquipiers à table, de l’entraîneur. J’ai très vite maîtrisé. Tu es obligé de le parler."
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris là-bas ?
"La notion de groupe et de respect entre joueurs. C’était choquant par rapport à ce que j’avais vécu. Le respect entre joueurs dans un vestiaire en Italie était complètement différent de ce que j’avais connu à Anderlecht. Complètement. Ce n’était pas le même niveau. Anderlecht, c’était le top en Belgique et Udinese, un club moyen en Italie. Mais ce qui m’a choqué en Italie, c’est le respect entre adversaires. Les matchs étaient super durs, c’était dingue. Mais le respect après… Cela m’a choqué, oui."
Vous avez souvent répété que l’Italie était la plus grande réussite de votre carrière…
"Oui. Parce que quand tu as connu Anderlecht et le Standard en Belgique, en étant francophone, je ne pouvais pas rêver mieux. Quand tu peux jouer en Italie, te prouver à toi que tu peux évoluer à un certain niveau, c’est ma plus grande réussite. C’est là où j’ai eu le plus de reconnaissance, je trouve."
Au point d’être plus considéré qu’en Belgique ?
"C’est la réalité. Je suis plus considéré en Italie qu’en Belgique. C’est comme cela. C’est beaucoup plus dur pour moi en Belgique. Cela l’a été en tant que joueur et maintenant entraîneur. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être que je travaille plus facilement à l’étranger, qu’on m’y comprend mieux."
Peut-être parce qu’il n’y a pas d’a priori sur vous…
"Aussi. Oui. Mais je vois encore aujourd’hui la manière dont je suis accueilli en Italie quand j’y retourne, c’est unique."