Bixente Lizarazu: "Les planètes sont alignées pour la Belgique"
Bixente Lizarazu, champion du monde 1998, se méfie de notre force offensive.
- Publié le 09-07-2018 à 21h03
- Mis à jour le 09-07-2018 à 22h15
Bixente Lizarazu, champion du monde 1998, se méfie de notre force offensive.
Entre une pige chez nos confrères de L’Équipe, RTL radio ou encore la télévision, sans oublier les déplacements entre les matches, Bixente Lizarazu ne sait plus où donner de la tête. C’est (presque) plus physique que lorsqu’il arpentait le flanc gauche des Bleus. Il a néanmoins déniché le temps de préfacer cette demi-finale entre voisins, ce rendez-vous un brin inattendu mais qui le passionne. Lui qui sera aux commentaires de la rencontre sur TF1.
En préambule de ce Mondial, vous nous aviez parlé des Diables Rouges comme d’une start-up avec un haut potentiel mais qui ne s’était pas (encore) exprimé. Êtes-vous surpris de les retrouver dans le dernier carré ?
"J’ai toujours dit que la Belgique possédait beaucoup de talents mais n’était pas encore parvenue à les muer en force collective. Le talent était déjà là en 2014 et 2016 mais cela a coincé pour des raisons que je ne m’explique pas. Argentine et pays de Galles, ce furent deux échecs. Ils n’ont pas réussi lors de ces occasions à se transcender, à se rendre plus grands. Cette fois, ils sont là. Avec un moment clé."
Le match contre le Japon ?
"Oui. Surtout la réaction alors qu’ils étaient mal embarqués. Cela soude encore plus un groupe et leur amène de la confiance. Face au Brésil, ce fut un grand moment de foot. Avec une tactique qui a déstabilisé Neymar et les siens et, ensuite, un esprit de corps pour résister à la furia. Éliminer ce qui était le grand favori de l’épreuve et de quelle manière, il faut le faire."
De quoi faire peur à la France ?
"Peur non mais c’est un match très équilibré. Plus que prévu. Offensivement, les deux équipes possèdent ce qui se fait de mieux. Les Bleus vont devoir être très forts défensivement pour contrer le trio Hazard-De Bruyne-Lukaku. Dans l’autre sens, les Diables vont devoir se farcir Giroud-Griezmann-Mbappé. Paradoxalement, alors que nous avons en présence deux belles attaques, dont la plus prolifique du tournoi, je ne m’attends pas à des buts à la pelle. Les deux entraîneurs sont des malins et je ne vois aucun des deux faire n’importe quoi, n’importe comment. L’équipe de France monte en puissance. Avec un match référence également contre l’Argentine. À mes yeux, cela reste la plus belle rencontre de ce Mondial jusqu’à présent. Des leaders que nous ne soupçonnions pas se sont révélés. Tactiquement, c’est du costaud."
Comment voyez-vous le scénario de cette demi finale ?
"Je n’ai pas de boule de cristal. C’est totalement imprévisible car cela peut partir dans tous les sens tellement il y a de qualités sur la pelouse. Et même sur le banc. Celui de la Belgique est d’ailleurs pas mal non plus. Je pense sincèrement que les deux équipes vont se méfier. Autant j’ai rapidement compris contre l’Uruguay en quarts de finale que cela allait passer car la force offensive adverse n’y était pas, autant, ici, je ne m’aventurerai pas à un vrai pronostic. Le 50/50 est réellement de mise."
La Belgique championne du monde ?
"C’est possible. J’ai dit avant la Coupe du Monde qu’il s’agissait peut-être de la dernière chance de la Belgique de décrocher le titre mondial car les Hazard, De Bruyne and co sont à leur apogée. Or, vous avez de nouveaux talents mais peut-être pas pour être ultra performant tout de suite. Actuellement, l’alignement des planètes est parfait pour la Belgique. Quand un tel phénomène se présente, il faut saisir l’occasion. Nous, équipe de France, avions connu la même chose en 1998…"
Lors du huitième de finale contre l’Argentine, vous aviez mis sous l’éteignoir Lionel Messi. Est-ce jouable de faire la même chose avec Eden Hazard, virevoltant contre le Brésil ?
"Face à des joueurs exceptionnels, il faut une tactique spéciale. Arrêter un Hazard ou un Mbappé pour la France, cela ne peut pas se faire en un contre un. Il faut être deux, voire trois…"
Malgré deux attaques costaudes, nous risquons donc d’avoir un match fermé.
"Nous sommes en présence de deux équipes qui sont passées maîtres dans l’art du contre très rapide. Comme vous l’avez prouvé lors de cette merveille de troisième but contre le Japon qui part du gardien de but. Si vous laissez de l’espace aux Belges ou à un Mbappé, c’est suicidaire."